Ces leaders syndicaux qui se gobergent aux frais des autres… (par Marie Delarue) (samedi, 06 décembre 2014)

 

Publié par Guy Jovelin

J’hésite : « Lepaon se déplume », ou « Qui vole dans les plumes de Thierry Lepaon ? », ou encore « Pan Pan sur Lepaon ! »… Je sais, c’est facile, mais que voulez-vous, cet homme appelle sur lui les quolibets comme le miel attire les mouches. Avec, en plus, la malveillance systématique et viscérale de ses collègues. Car il y en a qui balancent, à la CGT, ça, c’est sûr. Et qui n’ont pas balancé sur son prédécesseur. Tenez, un exemple : qui a dit que Bernard Thibault se faisait faire des mèches, un petit balayage sur sa coupe au bol qui ne m’avait pas échappé ? Personne.

Henri Saint-Amand, mon voisin dans ces pages, rappelait avant-hier les déboires de ce pauvre Lepaon, un homme obligé de quitter sa province pour Paris afin de satisfaire aux injonctions d’un patronat exigeant. Et, comme tout provincial exilé, incapable de se loger dans Paris intra-muros et contraint de s’exiler en banlieue, là où l’on risque toujours de prendre un mauvais coup. Dans le 9-4, d’accord, mais tout de même…

Mon ami Henri a repris les chiffres du Canard enchaîné : 130.000 euros de travaux pour les 120 m2 de son pied-à-terre. Lepaon les dément : c’est 105.000 euros pour 79 m2. Ça valait le coup de corriger, en effet : ce n’est plus 1.083 euros au mètre carré mais 1329. C’est d’ailleurs à peu près ce qui a été dépensé pour rénover également son bureau à la centrale de Montreuil : 62.179 euros pour 50 m2, soit 1.243 euros du bout. On se souvient de la défense du patron de la CGT : « Pendant 15 ans, il n’y avait pas eu de travaux dans ce bureau. » Et pire que cela : il avait « vécu pendant un an dans les meubles de Bernard Thibault ». Et quoi : ça sentait la clope ? L’eau de toilette bon marché ? La teinture à cheveux ? Il a dû faire appel aux architectes des Monuments de France ou quoi ? Quant aux indemnités perçues pour avoir quitté la CGT de Basse-Normandie pour le siège de Montreuil, Lepaon en a oublié le montant…

Elle est bien intéressante, la défense de Thierry Lepaon. Depuis que son cadre de vie tient le devant de la scène, il n’est pas gêné par les faits, ce garçon, mais par leur révélation. Vraiment, il ne voit pas où est le problème. Après tout, Marc Blondel, feu le patron de FO, avait bien table ouverte à la Cagouille (l’un des restaurants parisiens les plus chics) où il se tapait la cloche en tirant sur ses bretelles et fumait des Cohiba à 30 euros l’unité.

Lepaon est l’homme d’une nouvelle génération : celle qui, faisant fi de ce et ceux qu’elle représente, se goberge aux frais des autres. Patron du CAC 40 ou patron de centrale syndicale, journaliste d’un grand média ou vedette de la télé-réalité, ministre ou « partenaire social », au fond, quelle différence ? Aucune. Mêmes tailleurs, mêmes chausseurs, mêmes limousines, mêmes chauffeurs, mêmes restaurants, mêmes appartements de fonction, mêmes rémunérations, mêmes notes de frais… et souvent mêmes amants/maîtresses. Mêmes idées, alors ? Oui, sans doute, car il y a chez tous ceux-là bien moins d’idées que d’arrangements.

La similitude crée la connivence, qui crée la confusion, qui crée la concussion. Et l’on se prend à regretter des figures comme Arlette Laguiller – « Travailleurs, travailleuses ! » – dont on pouvait certes ne pas partager les idées mais dont on peut toujours saluer la probité. Mais ça, c’était avant…

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