La facture du dispositif s'élèvera à 744 millions d'euros en 2016, en hausse de 10 %. (mercredi, 28 octobre 2015)

Publié par Guy Jovelin le 28 octobre 2015

Il y a foule aux guichets de l'aide médicale d'Etat. Selon nos informations, 299.937 personnes ont bénéficié en mars de ce dispositif, qui permet à des étrangers pauvres et sans-papiers résidant en France depuis au moins trois mois de se faire soigner gratuitement ou presque. On peut donc raisonnablement estimer que le nombre de bénéficiaires a désormais dépassé les 300.000 à ce jour, soit 100.000 de plus en neuf ans. Les deux tiers d'entre eux se concentrent en région parisienne, dans les Bouches-du-Rhône et en Guyane. Mais ces derniers temps, la hausse du nombre de possesseurs du précieux sésame s'observe surtout dans les autres départements, là où ils étaient moins nombreux.

Le bénéficiaire type de l'aide médicale d'Etat est un homme jeune âgé de 30 à 34 ans. En moyenne, il coûte autour de 280 euros de soins chaque trimestre, un montant qui n'a augmenté que d'une vingtaine d'euros en quatre ans. Il a droit à des tarifs allant jusqu'à 100 % du plafond de la Sécurité sociale et à l'exonération de la participation forfaitaire de 1 euro. Un couple sans enfant doit justifier de revenus inférieurs à 1.080 euros par mois pour en bénéficier.

Croissance ininterrompue

En fin de compte, ce ne sont pas les dépenses individuelles qui gonflent la facture pour l'Etat, mais la croissance ininterrompue du nombre de bénéficiaires depuis la création de l'AME en 2000. Les députés viennent de voter 744,5 millions d'euros de crédits pour 2016, en hausse de 10 % sur un an. En 2015, l'AME devait déjà augmenter de 12 % à 676,4 millions. Dans ce contexte d'inflation des coûts, l'aide médicale d'Etat fait figure d'épouvantail pour la droite. Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand et François Fillon ont promis de la supprimer ; d'autres parlent d'en restreindre le champ aux urgences vitales. Mais la gauche est attachée à cette mesure sociale, qui est aussi un moyen d'éviter la propagation des épidémies dans la population. Le sujet est sensible politiquement. D'autant que les crédits budgétaires à allouer sont systématiquement sous-estimés.

« Hormis en 2012, les crédits consommés ont toujours été supérieurs aux crédits votés, souvent dans des proportions supérieures à 20 % », critiquait le député UMP Claude Goasguen dans une annexe de la loi de finances pour 2015. Le rapporteur spécial relevait aussi une hausse de 48 % des dépenses effectives entre 2008 et 2014. Pourtant, une partie des coûts a été masquée depuis 2014 par la réforme de la tarification de l'AME à l'hôpital, qui a permis d'afficher des prix en baisse. Pour Claude Goasguen, le dispositif est entièrement à revoir : « Cette aide connaît une croissance exponentielle bien supérieure à la progression spontanée moyenne de la dépense publique de 1,7 %. Elle ne fait, par ailleurs, l'objet d'aucune maîtrise en gestion, ni par l'Etat, ni par la Sécurité sociale, ni d'aucune réforme en faveur de sa rationalisation », accuse le député de l'opposition. 

S. G., Les Echos


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