Le Fol - Le cri de la grande muette (mercredi, 04 novembre 2015)
Publié par Guy Jovelin le 04 novembre 2015
La guerre est sortie des esprits occidentaux et les gouvernements ont allègrement coupé les crédits de la Défense. Un général sonne l'alarme.
SÉBASTIEN LE FOLVoilà une administration qui aurait des raisons de se révolter et de déchirer des chemises. Depuis vingt ans, les armées subissent diminutions de crédits et d'effectifs (divisés par deux entre 1990 et 2009 !). Même si François Hollande a décidé d'assouplir ce régime drastique, « la corde va casser », prévient le généralVincent Desportes dans un livre alarmant : La Dernière Bataille de France(Gallimard). « Les armées sont disciplinées, écrit-il, elles sont donc plus sévèrement frappées. » Les conditions de vie et d'exercice de leur métier se sont très fortement dégradées (« à la limite de l'acceptabilité sociale »). Et de mettre en garde : « Les armées françaises sont devenues incapables d'affronter une menace grave de déstabilisation, ou même d'apporter l'aide nécessaire à la population en cas de catastrophe majeure de type Fukushima. »
En réalité, les militaires sont les seuls Français à connaître l'austérité. Gauche et droite ont acté leur relégation. Quel besoin de soldats dans un siècle post-moderne, mondialisé et pacifié ? Dangereuse illusion. « Notre société, infantilisée, paralysée par son irréalisme, écrit Desportes, se découvre débellicisée, trop affaiblie pour survivre dans un univers belliqueux et belligène. Nous pensions l'Histoire achevée et nous en sommes sortis ; nous la croisons à nouveau, mais nous avons évolué à l'envers et ne sommes plus armés pour la réalité du monde qui, lui, a poursuivi sa course en avant ! »
« La première mission de l'État »
Le réveil est brutal. En 2015, nos troupes sont engagées sur un nombre croissant de théâtres d'opérations, de l'Afrique au Moyen-Orient. Le territoire national doit aussi être défendu contre le « terrorisme militarisé ». « Si la France ne se réengage pas, résolument, dans toutes les dimensions de l'action internationale, prévient Desportes, elle devra régulièrement jouer les pompiers. »
Au moment où le ministère de la Défense emménage à la périphérie de Paris, à Balard, dans un vaisseau de verre et de béton, la question militaire devient de nouveau vitale, au cœur de notre intégrité. « La défense, c'est la première mission de l'État, écrivait le général de Gaulle, il ne peut y manquer sans se détruire lui-même. »
Source : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/le...
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