Général Vincent Desportes : « dans nos armées, un avion sur deux ne peut pas décoller, un navire sur deux ne peut prendre la mer, et un char sur deux ne peut plus rouler » (vendredi, 13 novembre 2015)

 

Général Vincent Desportes : « dans nos armées, un avion sur deux ne peut pas décoller, un navire sur deux ne peut prendre la mer, et un char sur deux ne peut plus rouler »Sur son site internet, FranceTVinfos publie un entretien avec le général Vincent Desportes bien connu pour son franc-parler. L’interview fait suite à la publication du livre La Dernière Bataille de France (chez Gallimard) dans lequel le général Desportes fait s’envoler les illusions.  « Les Français croient être protégés, ils ne le sont plus…« 

En voici quelques extraits :

« Que ce soit sur mer, à terre ou dans le ciel, toutes nos armées sont en train de s’user. Je dirais même que la corde est sur le point de casser. »

« Au Mali, on peut rappeler que, pour l’opération Serval [2013-2014], les véhicules avaient deux fois l’âge de leurs conducteurs. Nos avions Rafale étaient ravitaillés par des avions qui avaient plus d’un demi-siècle, etc.

A côté de l’armée ultra-moderne, qui existe, on a une autre grande partie que je qualifierais de vintage. Elle possède des équipements « de collection ». Et le budget actuel ne permet pas suffisamment d’approvisionner le flux nécessaire des pièces de rechange. De sorte que, dans nos armées, un avion sur deux ne peut pas décoller, un navire sur deux ne peut prendre la mer, et un char sur deux ne peut plus rouler. Dans certains cas, c’est même pire, comme pour les hélicoptères Tigre, par exemple : quatre appareils sur cinq ne peuvent pas prendre l’air. »

« Les deux dernières lois de programmation militaire ont porté des coups terribles aux armées. Celle de 2008-2013, votée sous la présidence Sarkozy, a enlevé 25% des capacités opérationnelles françaises. Celle de 2014-2019, votée sous la présidence Hollande, a fait de même. Ces deux lois ont prévu une réduction de 80 000 postes dans nos effectifs entre 2008 et 2019, ce qui est le plus grand plan social subi par les administrations. Or, je le répète, cela se passe à un moment où les opérations se multiplient et deviennent de plus en plus complexes. »

« Le problème fondamental de notre défense est que ce n’est plus une question citoyenne. Le pouvoir politique peut, quelle que soit sa couleur, faire des coupes sombres dans le budget des armées sans perdre une seule voix aux élections.

Tant que les politiques pourront ainsi ne pas être comptables de la défense, cela continuera. Car l’institution militaire ne peut pas s’exprimer. Donc on lui prend ses moyens car on sait que personne ne pourra prendre la parole pour le déplorer en défilant dans les rues, par exemple. »

« (…) j’exprime ce que pensent 99% des militaires. Pour le reste, quelques « supplétifs » sont montés au créneau, mais je constate qu’aucune autorité n’a prétendu que je racontais n’importe quoi. Car ce que je dis est vrai. »

Source : http://www.medias-presse.info/

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