Alors Conseiller spécial puis Directeur de Cabinet de Dominique de Villepin, « il » avait hérité du surnom de « Oui-Oui ».
Probablement l’aisance et la fréquence de ses courbettes avaient-elles évoqué pour ses collègues ce petit pantin à la tête articulée coiffée d’un bonnet à grelot et qui la balançait toujours d’avant en arrière comme pour dire oui. Depuis Oui-Oui a raidi son cou et redressé le buste avec autant d’autosatisfaction que de suffisance.
Il est vrai qu’il a pris des cours de théâtre, peut-être avec Alain Sachs comme une comédienne l’avait incité à le faire en marge du festival d’Avignon. Mais que ce soit avec Alain Sachs ou un autre il ne suffit pas de prendre des cours avec un professeur de talent pour être soi-même capable d’habiter la scène ou de crever l’écran. Et notre Oui-Oui, même privé de son bonnet à grelot , soit n’a guère appris soit n’a pas tout compris.
« L’énarque défroqué » a pourtant choisi de quitter la veste, s’est libéré de la cravate, a retroussé ses manches , oublié les codes élémentaires de la politesse comme du respect et poussé la modernité jusqu’à arborer un bracelet en tissu noir pour promouvoir clairement sa cuvée du « Grand cru du Renouveau » le jour même du Congrès fondateur des Républicains.
Ce n’était pas du meilleur goût et Oui-Oui avait ainsi affiché non seulement une certaine désinvolture mais encore un souverain mépris pour ces milliers de militants dont la plupart avaient traversé la France pour être là , qui tous étaient « habillés » et très loin de cette approche plutôt cavalière et totalement inappropriée pour fêter l’évènement qu’ils étaient venus partager avec autant d’enthousiasme que de solennité.
Seul à avoir osé ainsi se distinguer Oui-Oui aurait-il confondu des applaudissements de courtoisie avec autant de signes d’approbation et d’encouragements ? Toujours est-il que depuis, en meeting ou dans les médias, on le retrouve régulièrement aussi familier que décalé dans son approche des militants comme de tous les Français. La chemise trempée de sueur et les manches retroussées, un pied posé sur une chaise dans un meeting ou carrément les deux pieds sur un bureau pour une photographie , Oui-Oui veut afficher à l’évidence une belle stature d’homme très mal élevé, incapable de saisir la différence entre jeunesse et vulgarité, entre spontanéité et stratagème, entre naturel et calcul .
Très mal élevé donc mais aussi très méprisant vis à vis de ceux auxquels il s’adresse car à l’évidence ce négligé, cette désinvolture, ce dédain et ces mauvaises manières publiques sont ce qu’il croit être en harmonie avec ceux dont il sollicite les suffrages : des manants, des bouseux, des culs-terreux , des imbéciles tout juste bons à l’applaudir avant de voter pour lui parce que « Le Renouveau c’est Bruno » ou « La primaire c’est Le Maire »…
Sur la base de slogans d’un aussi haut niveau intellectuel ou grâce au « Brubru-Tour » inventé par une groupie étudiante en école de commerce et malgré une campagne débutée de fait en 2013 il est vrai que la force de séduction comme de persuasion sont limitées.
Alors Oui-Oui surjoue au quotidien un rôle qui n’est pas pour lui. Malgré les cours de diction la voix reste appliquée, le phrasé scolaire, le ton monocorde et pour tout dire ennuyeux. Essaie-t-il d’enjoliver ses propos de grossièretés ou de propos grivois pour faire plus « peuple » … et c’est faire injure au peuple que de vouloir prétendre l’imiter ainsi. Quand il emploie le terme de « couilles » devant Bourdin cela sonne faux car il n’y a pas d’accord entre les mots, le rôle et le personnage. Et que dire de la formule « il faut être détendu du gland » sinon qu’avec de tels propos Oui-Oui risque un jour de voir sa chemise blanche décorée de quelques tomates et oeufs pourris à force de prendre les électeurs pour des imbéciles capables de porter à la tête de l’état un « détendu du gland » ?
Au cours de l’été 2014 dans une île des Cyclades (Amorgos) Oui-Oui se promenait en veste alors que tout le monde était en tongs et rencontrait ainsi une certaine gloire sur Twitter grâce à un internaute sensible au ridicule. Cette anecdote aurait dû le faire réfléchir à la nécessité de toujours et en toutes circonstances s’assumer soi-même si on veut être et demeurer crédible comme ne trahir personne. Il y a sans doute un long chemin devant soi quand , se piquant d’être un homme de lettres, on a choisi comme nom d’auteur « Duc Williams » alors qu’on s’appelle Bruno Le Maire .
Source : http://24heuresactu.com/