Un policier des Ulis : «J’éprouve un gros sentiment de colère» (vendredi, 03 novembre 2017)

Publié par Guy Jovelin le 03 novembre 2017

Viry-Châtillon (Essonne), dimanche 8 octobre 2017.Un an après l’attaque aux cocktails Molotov de leurs collègues, et à l’appel de l’association « Mobilisation des policiers en colère », quelques policiers et badauds s’étaient rassemblés devant la mairie. Certains ont parlé face caméra. Ils sont aujourd’hui convoqués. LP/Guillaume Georges

Jean-Marie, policier aux Ulis, a pris la parole face caméra le 8 octobre dernier lors du rassemblement organisé à Viry-Châtillon en hommage aux quatre agents brûlés 1 an plutôt dans une attaque au cocktail Molotov. Aujourd’hui, il est convoqué devant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Propos recueillis

Ils sont quatre policiers, membres de l’association Mobilisation des policiers en colère (MPC), à être convoqués ce vendredi devant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le XIIe arrondissement. Guillaume, policier en bac (brigade anticriminalité) dans les Hauts-de-Seine, Maggy, également en bac dans les Yvelines, un autre fonctionnaire affecté à l’unité d’appui judiciaire du même département et Jean-Marie, policier en tenue aux Ulis vont devoir s’expliquer. Ils participaient le 8 octobre dernier à Viry-Châtillon à un hommage à leurs collègues grièvement blessés un an plus tôt dans une attaque au cocktail Molotov à l’entrée de la Grande Borne. Jean-Marie, 12 ans de carrière, nous a accordé une interview avant de passer sur le grill de la police des polices.

Que vous reproche-t-on exactement ?

On me reproche d’avoir pris la parole, face caméra, le 8 octobre dernier à Viry-Châtillon, sans avoir demandé l’autorisation à ma hiérarchie. Je suis passé sur BFM, TF1, France 3 et LCI pour expliquer pourquoi on avait organisé ce rassemblement devant la mairie de Viry-Châtillon. Les journalistes nous ont aussi demandés si on pensait que les choses avaient changé en un an dans nos conditions de travail. J’ai répondu qu’on devait gérer au quotidien avec le manque d’effectifs. Parfois, sur le secteur des Ulis, il n’y a qu’une seule patrouille pour trois communes et après les gens s’étonnent si nous mettons beaucoup de temps pour arriver sur des interventions.

Rien n’a changé ?

On a bien reçu des couvertures antifeu mais il n’y en a qu’une par véhicule. Puis, dans mon unité, nous demandons à avoir une formation taser (pistolet à impulsions électriques NDLR). Sur 18, seul un collègue est habilité. Quant aux véhicules, ils ne sont toujours pas adaptés au terrain.

Quelle est votre réaction à cette convocation devant l’IGPN ?

J’éprouve un gros sentiment de colère. C’était un jour particulier pour nous. Ce rassemblement devait rendre hommage à nos collègues et il avait été déclaré en préfecture. Quand, après l’attaque de Viry-Châtillon, nous avons organisé des manifestations de nuit dans l’Essonne puis dans Paris, l’administration nous a demandé de nous constituer en association pour nommer un porte-parole. Nous avons donc créé le MPC. Et maintenant, on va nous sanctionner parce que nous prenons la parole dans les médias. Nous ne parlons pas d’affaires en cours, nous parlons juste du malaise qui existe dans la police.

Pourquoi avez-vous choisi l’association plutôt que le syndicat ?

Je n’ai été syndiqué qu’une seule fois en début de carrière. Les représentants, on ne les voyait qu’au moment de renouveler l’adhésion ou quand ils mettaient des tracts sur les tables. Faire partie de cette association était pour moi un autre moyen de m’exprimer.

Que risquez-vous ?

Ça peut aller du simple rappel au code de déontologie à la révocation.

 

 Nicolas Goinard 02 novembre 2017
 
 
Source :  leparisien
 

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