Le second tour des élections présidentielles au Brésil se déroule dimanche 28 octobre. Jair Bolsonaro est ultra-favori face à Fernando Haddad. Un candidat blâmé par les médias mais soutenu par le fils de Claude Nougaro.
« On a besoin de quelqu’un comme ça. » C’est le cri du cœur de Pablo Toledo Nougaro, le fils de Claude Nougaro, qui a choisi le candidat du parti social libéral, Jair Bolsonaro. Avec 46,03% des voix, le candidat classé à l’extrême droite par l’ensemble des médias a largement devancé au premier tour, son principal concurrent, Fernando Haddad, du parti des Travailleurs, ne recueillant que 29,28%.
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Dans un entretien accordé à la Dépêche du Midi, le fils du chanteur toulousain, âgé de 42 ans, brésilien par sa mère Marcia, vivant à Maceio, ville côtière de l’état de l’Alagoas, fait part de son intention de voter pour Jair Bolsonaro. Face aux scandales de corruption qui a entaché le parti des Travailleurs et mené son fondateur et l’ancien président du Brésil Lula en prison, Pablo Nougaro dresse un constat sanglant sur le bilan du parti classé à gauche. « Je leur reproche d’avoir mis des personnes de confiance dans le groupe pétrolier Petrobras pour détourner des milliards de réals pour financer des pays comme le Venezuela, la Bolivie ou l’Angola. Le PT, c’est un parti communiste déguisé en parti socialiste. Beaucoup de pauvres votent pour Haddad parce qu’ils ont peur de perdre leurs droits sociaux et le peu d’argent qu’il reçoivent tous les mois. »
« On a besoin de quelqu’un comme ça »
En face, Jair Bolsonaro « n’a jamais eu de problème de corruption et on a besoin de quelqu’un comme ça », a t-il déclaré au quotidien. Le candidat du parti social libéral est pourtant la cible des médias. Ainsi, France Info n’hésite pas à qualifier son projet de « fasciste ». Principaux sujets de discorde entre Jair Bolsonaro et la bien-pensance : la libéralisation de l’accès aux armes à feu pour la protection et la légitime défense des personnes et de leur propriété. Une mesure que ne partage pas entièrement le fils du chanteur, même s’il reconnaît « qu’avec toute la violence qu’il y a dans le pays, ce n’est pas juste qu’un père de famille ne puisse pas se défendre chez lui. »
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Dans un pays où 63 880 homicides ont été dénombrés en 2017, soit sept par heures, selon une ONG, il souhaite renforcer les effectifs de police, leur octroyant une protection juridique d’État en cas de litige. Autre mesure, l’abaissement de la majorité pénale de 18 à 16 ans et la fin des aménagements de peine, la nomination de militaires dans plusieurs ministères, la lutte contre la corruption en luttant pour davantage de transparence dans les dépenses publiques, ainsi que la « le grand nettoyage du pays des marginaux rouges et des hors-la-loi gauchistes », comme il l’a lui-même annoncé.
Jair Bolsonaro, un candidat libéral
Économiquement, le brésilien est un libéral affiché, après avoir été longtemps partisan d’un système plus étatiste. Il compte lancer un vaste programme de privatisations des entreprises publiques et de ventes des propriétés foncières de l’État afin de rembourser la dette brésilienne et réduire le déficit. Pour régler le problème du chômage, qui touche près de 13 millions de brésiliens, le candidat souhaite revoir les droits des travailleurs : « Ce que me disent les entrepreneurs, et je suis d’accord avec eux, c’est que le travailleur va devoir choisir : moins de droits et plus d’emplois ou plus de droits et du chômage. » Appelé le Donald Trump des tropiques, il propose, à l’inverse de son homologue des États-Unis, « la réduction de nombreux taux d’importation et de barrières non tarifaires, parallèlement à l’établissement de nouveaux accords bilatéraux ».
Une politique de rupture avec ses prédécesseurs
Victime d’une tentative d’assassinat le 6 septembre dernier, le favori n’est pas apte à participer au débat de l’entre-deux tours face à son rival Fernando Haddad. Mais sur internet, il continue sa campagne sur les réseaux sociaux et sur Youtube. « Qu’il n’y ait pas de débat, ça gène seulement les menteurs du Parti des Travailleurs », dénonce Pablo Nougaro.
Face à des prédécesseurs mouillés dans des affaires de corruption, un taux de chômage élevé, une précarité enracinée dans le pays, un vivre-ensemble en échec et une criminalité record, Jair Bolsonaro est le candidat de la rupture, après 14 ans de gouvernance du parti des Travailleurs.
« Nous proposons un gouvernement décent, pas comme les autres qui nous ont plongés dans une crise éthique, morale et fiscale. Un gouvernement qui ne pratique pas le donnant-donnant et ne passe pas d’accords fallacieux. (…) Un gouvernement qui rende le pays à ses vrais propriétaires : les Brésiliens. » – Jair Bolsonaro.
Étienne Lafage.
Source : infos-toulouse