Rodéos mortels en banlieue : qui sont ces jeunes qui roulent en Ferrari ? (par Marie Delarue) (mercredi, 04 juin 2014)

Publié par Guy Jovelin

Soit Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis (93), ville de banlieue sur un nœud ferroviaire, entre Romainville, Bobigny et Bondy. Le vendredi après-midi, les gens ordinaires sont au boulot. Je parle ici de ceux qui se lèvent tôt, ou même qui se lèvent tout court. Et puis il y a des gens pas ordinaires qui, ce jour-là, font la fête, et même qui se marient. Je lis d’ailleurs que ça devient très branché, dans les banlieues, de se marier le vendredi.

Bref, vendredi dernier, à Noisy-le-Sec, un père de famille ordinaire était à son boulot. Stationné avec sa camionnette de chantier, il y chargeait des gravats quand une Porsche, qui faisait la course avec un coupé Mercedes dans une rue à la vitesse limitée à 30 km/h, lui est grimpée dessus. Grimpée, c’est bien le mot juste puisque le malheureux a servi de tremplin au bolide pour atterrir dans le tas de gravats. On ne fait pas le poids contre une Porsche lancée à toute allure. Le malheureux n’a pas eu le temps de voir la mort venir.

L’assassin et son ami chauffard, des gens sans doute pas ordinaires, étaient de noce. On ne sait pas le nom des mariés, pas non plus le nom des chauffards – et pourquoi ne le sait-on pas d’ailleurs ? –, mais on a une idée du contenu de leur boîte crânienne : de la bouillie pour kéké, du bling-bling de bas étage, de la frime en veux-tu en voilà, des diams en verroterie, de la Rolex de bazar. Bref, c’était assurément deux c… de la pire espèce.

Comme la mode est aux mariages le vendredi, elle est aussi aux cortèges de frimeurs : des dizaines de voitures dont des bolides dont on fait ronfler les moteurs jusqu’à la limite de la rupture avant de se lâcher pour un rodéo dans la ville.

Excédé par cette surenchère de connerie criminelle, le maire Laurent Rivoire a bien tenté d’y mettre fin : « On a fait ce qu’on pouvait il y a deux ans en faisant signer une charte de bonne conduite à tous les mariés quand ils déposent leur dossier en mairie. Les époux l’avaient signée. Dans la charte, il est demandé de respecter les horaires et le Code de la route dans la ville », a-t-il dit au Parisien. Et après ? Pas de sanctions pour les contrevenants ?

Monsieur le Maire, franchement : pensez-vous vraiment qu’une « charte » soit susceptible de freiner ces abrutis pathologiques, des gens qui n’ont aucun respect d’autrui et ne connaissent sans doute même pas le sens du mot ? Et puis, surtout, dites-nous donc qui ils sont, ces jeunes capables de dépenser en un week-end ce que ne vous rapporte pas votre mandat en une année, simplement pour frimer dans une grosse cylindrée. Il y avait, paraît-il, ce jour-là dans la noce des Ferrari, Lamborghini, Porsche, etc. Renseignement pris, le prix moyen d’une location de ces bolides est autour de 3.000 euros pour le week-end, assorti d’une caution de 10.000 à 15.000 euros.

Qui s’offre cela ? Pas vous, pas moi. Pas non plus l’ouvrier qui chargeait sa camionnette et laisse trois orphelins. Qui alors ? Des jeunes des cités qui vivent du RSA ?

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