Le Front national dans le dernier wagon ? (par François-Xavier Rochette) (samedi, 20 septembre 2014)

 

Publié par Guy Jovelin

 

 

La chose politique ne se caractérise pas seulement par son bilan factuel ou son potentiel d’actions. Elle doit en effet être jugée non seulement pour ce qu’elle fait ou ce qu’elle veut faire, mais aussi, mais surtout pour ce qu’elle représente dans la conscience collective, pour ce qu’elle constitue sur les plans sociologique et mythologique indépendamment de sa réalité doctrinale, quelles que soient les intentions véritables des acteurs la composant, ou l’évolution de sa ligne programmatique.  En particulier dans notre société soumise au totalitarisme médiacratique où les masses sont étudiées comme des tas de criquets grouillant dans un insectarium, la plastique d’un mouvement, d’un parti politique importe davantage que les intentions profondes (pour ne pas dire enfouies) de leurs dirigeants. Grâce à l’analyse méticuleuse des populations continûment trépanées, la gestion de celles-ci est parfaitement opératoire ; à tel point qu’il est dorénavant possible de « nourrir » le pauvre peuple  d’images, de trompe l’œil politique, de mots doucereux provoquant chez l’auditeur les réflexes pavloviens attendus de ses maîtres. C’est ainsi qu’est vendu aux « citoyens » le totalitarisme mondialiste dont ils crèvent. Progrèstoléranceouverturelibertéamourrespectmodernité, tels sont les mots magiques qui sidèrent l’individu sous emprise propagandiste.  De toutes ces notions, une seule résume cependant le programme de l’engeance qui nous assaille, celle d’ouverture. L’ouverture par tous les moyens ! Le voyage névrotique, le nomadisme professionnel, amoureux, spontané, la bisexualité expérimentale, le commerce international sacralisé, l’immigration exotique adulée et considérée comme indispensable par les commentateurs, la persécution des tenants d’un racisme rationnel sont d’abord les conséquences d’une ouverture obligatoire, d’une nouvelle religion qui ne dit pas son nom. Aujourd’hui un parti politique se voulant « institutionnalisé » ne saurait se poser en ennemi de l’ouverture, en ennemi de l’Autre. Même si le discours sur la société ouverte n’est pas conforme à ses intérêts. Il suffit d’observer la chute du Parti communiste, devenu non seulement xénonophile mais carrément immigrationniste,  au cours des années 80 et 90 (jusqu’à sa quasi disparition) pour s’en convaincre.  Moins spectaculaires mais tout aussi réelles sont les mues idéologiques du Parti socialiste et du RPR/UMP qui ont complètement liquidé l’aile souverainiste et « patriote » dans leur formation. Après une longue pantomime « nationiste », les courants pasquaïen et chevènementiste se sont évaporés et l’on a laissé mourir leurs derniers représentants. Avec le recul nécessaire pour ce genre d’analyse, nous pouvons dire que les deux grandes formations historiques d’après-guerre sont aujourd’hui de plain-pied avec la modernité après avoir laissé tomber les Français authentiques et les principes, et les valeurs nationales.  PS, RPR/UMP, PC, tous se sont métamorphosés années après années  au cri de « ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous sépare » en Moloch gigantesque convertissant de fait à la modernité toute puissante les dernières générations qu’il cueille.

La conscience (politique) collective « travaillée »  

Une autre métaphore nous vient à l’esprit : La conscience collective, travaillée à bras le corps par le Système ressemble à un grand train en marche, la locomotive, et les wagons de tête symbolisant les organisations, les mouvements, les partis, les sectes et lespersonnages médiatiques « indépendants » qui sont « exemplaires », à la pointe de la modernité, bref les prodiges et les zélés œuvrant pour l’Engeance. Derrière, même si les derniers wagons, les voitures de queue se situent loin derrière la motrice, ils suivent bel et bien la même voie que les apatrides et autres « libéraux » tonitruants qui ouvrent la voie en chantant. A chaque kilomètre avalé, le mouvement représentatif historique perd l’une de ses caractéristiques politiques, épouse mieux encore la voie créé pour lui et ses semblables… Si le chemin est le même pour tous, tous ne se situent pas au même point d’avancement, tous ne sont encore entrés dans le nouveau monde du mélange et des progrès, d’un monde radieux irradiant les frontières mentales des passagers l’explorant enfin. De nouveaux paysages rendant obsolètes à l’aune des notions glorifiées citées ci-dessus (liberté, ouverture, tolérance…) les vieilles lunes de certains idéologues hier encore perçus comme des maîtres étincelants par des militants chauffés à blanc !  Certes, le voyage est parfois chaotique, sombre, les wagons à la traîne s’enfournant parfois  sous certains tunnels qui représentent autant de fourches caudines qui humilieront certains partisans, en feront fuir d’autres, mais le système s’est s’employé pour passer, sans dérailler, les petits écueils parsemant la voie ferrée.

Le Front national est-il le dernier wagon de la dernière rame ?

Après le PCF, le Front National sera-t-il le prochain parti normalisé, entièrement normalisé par le Système, pour s’en prémunir ou plutôt pour annihiler ou éteindre le feu cognitif qui nourrit encore quelque fraction de notre peuple ? Entendons-nous bien, le FN est déjà soumis aux autorités républicaines et notamment et en particulier à l’un de ses plus redoutables états confédérés. Il a, en outre, intégré dans l’allégresse le moule médiatique que des experts savants avaient concocté pour lui, comme ils préparent des émissions trash de téléréalité. Néanmoins aux yeux des masses, le FN reste encore et est d’abord le symbole d’un combat que lui seul est censé mener en France : Le parti de Marine Le Pen serait en guerre contre l’immigration. C’est ce qu’il symbolise encore, disons-nous, mais, déjà, dans une moindre mesure par rapport à ce qu’il représentait auparavant, au cours des dernières décennies. Et il semblerait que le parti de la dynastie Le Pen fasse désormais de son mieux pour faire passer au second plan cette lutte contre la substitution de population dans notre pays. Ainsi lors de la dernière campagne électorale précédant les Présidentielles, l’immigration fut un thème complètement délaissé par l’état major du FN. Pour quelle raison principale ? Le sujet est-il carrément interdit par la loi ? L’invasion du pays laisse-t-elle de marbre l’ensemble des patriotes français et des petites gens subissant de plein fouet ses conséquences mortifères ? Ou, et là nous évoquerions une hypothèse qui fait vivre d’espoir les partisans de tous les renoncements et de toutes les lâchetés, le silence au goût d’abandon de la thématique de l’immigration orchestré par les cadres ambitieux du Front constituerait-il un plan génial permettant d’attirer de nouveaux électeurs, manne décisive pour l’obtention prochaine du pouvoir ? Cela est, bien sûr, encore une fois, du bidon. La fonction systémique du FN étant désormais de rendre obsolète, jusqu’à l’idée même, le combat anti-immigrationniste. Hier, la fonction du parti consistait à canaliser la colère populaire engendrée par les premières vagues d’immigration extra-européenne, puis à servir de thermomètre, d’indicateur de l’intensité de la fièvre du peuple confronté à une population xénothèque de plus en plus nombreuse et de plus en plus envahissante. Il fallait, par tous les moyens, contrôler les réactions d’une masse que l’on dévitalisait et castrait dans le même temps par des injections puissantes et journalières d’antiracisme et de « tolérance » jusqu’à imbibition totale des esprits. Le « compteur » FN était alors en quelque sorte le récepteur des feedbacks populaires permettant aux dignitaires de notre Indigénat de mesurer le niveau de soumission et d’abrutissement de notre peuple enharnaché au joug mondialiste. A l’époque du combat anti-immigrationniste intégral, quand JMLP exigeait le retour de tous les étrangers extra-européens arrivés après 1970 chez nous, le thermomètre n’était pas foireux, il mesurait véritablement cette colère populaire, d’ampleur variable, découlant de la colonisation de notre terre. En définitive, une colère d’une fraction de Français très minoritaire seulement, la plupart de nos concitoyens ayant acté dès la fin des années 80 la présence massive d’Arabes et de Noirs dans leur pays… Sans bien sûr anticiper les conséquences futures mais proches du tsunami africain. Aujourd’hui, alors que ces conséquences deviennent toujours plus visibles et douloureuses, le parti institutionnalisé de Marine Le Pen abandonne le discours radicalement anti-immigration et ne défend plus l’idée même d’inverser les flux migratoires. L’immigration pérenne, de peuplement, semble bel et bien être actée par le dernier wagon du train mondialiste en marche.  Loin de défendre une politique nationale, indigéniste, blanche, Aymeric Chauprade entérine bien au contraire dans son papier du 11 août qui a fait tant de bruit (Hannibal a décortiqué son propos la semaine dernière dans RIVAROL) la position  (ou décomposition) nouvelle du Front National sur les plans démographiques et géopolitiques. Quels doivent être les amis et les ennemis prioritaires de la France à l’intérieur et à l’extérieur du pays ? Chauprade ne vise pas les 12 millions d’immigrés qui nous bousculent de plus en plus vivement mais les quelques centaines d’islamistes belliqueux qui vont faire la guerre à l’étranger. Et c’est au nom du combat contre une infime minorité d’étrangers qu’il faudrait épouser sans contrepartie la cause des Juifs et des sionistes… Mensonge néo-con’ par excellence ventilé par les vendus au Système. Chauprade a bon dos de stigmatiser l’alliance imaginaire entre quelques mouvances nationalistes et racailles des cités qui s’établirait au nom de l’antisionisme et de l’antimaçonnisme notamment, mais le géopoliticien (que l’on soupçonne d’être un enfant de la Veuve) élude le fait que ces nationalistes qu’il vitupère prônent, eux, l’expulsion à terme de tous les immigrés qui s’incrustent en France, mahométans ou non. Chauprade peut bien jouer au dur en préconisant la vitrification (l’ « élimination » des djihadistes peu ou prou antijuifs), il passe, comme sa cheftaine y est passée, sous les fourches caudines des mondialistes qui mènent le train.

Une conscience collective nécessairement contaminée par ces renoncements : L’immigration présentée comme irréversible par toutes les composantes du Système

La rentrée politique  de Marine Le Pen a eu lieu le 30 août à Brachay, minuscule hameau verdoyant et pittoresque, profondément rural, se situant au cœur des collines de Champagne, là où elle obtint 72% des suffrages lors des dernières élections présidentielles. Le lieu était idéal pour déclamer un discours plein de patriotisme charnel vilipendant le nomadisme, l’immigration source d’urbanisme anarchique et les diverses mafias politiques. Si Marine Le Pen s’est bien attaquée à la banque -et à Macron (qui, il faut bien le dire, est inratable dans la critique), elle n’en fait même plus sa cible prioritaire (il ne faudrait pas par inadvertance égratigner les Rothschild) préférant remplacer celle-ci par le Boche brutal et surpuissant qui imposerait sa politique économique. Tous les malheurs des Français proviendraient en définitive du voisin teuton et de ses banquiers affidés germanophiles ! L’ogre allemand est donc responsable du marasme français, directement… Quelle rhétorique ! Voilà le « joug allemand » qui remplace dans la démonologie lepéniste l’immigration-invasion, le petit peuple qui a tant souffert, et la gauche gaspilleuse et parasitoïde ! Et Christophe Forcari du journal Libération (qui appartient en grande partie aux… Rothschild)  d’apprécier l’inflexion doctrinale du FN avec Marine à sa tête qui fait la chasse aux antisémites (Forcari qui a participé à la fête rurale du Front pour le compte de son torchon a néanmoins aperçu dans l’assemblée un jeune homme portant autour du cou une croix de fer, et voilà le frêle et équivoque journaliste morfondu ; plus loin il écoute le petit discours d’un militant patriote qui n’est pas dans la ligne du nouveau Front puisqu’il pense que la solution serait de neutraliser le « petit peuple élu » qui se trouve constamment « au-dessus de nos têtes » ; Christophe Forcari est ébaubi : Cet homme rustre étant « visiblement resté bloqué à l’heure du FN, version Jean-Marie »). Parallèlement à cette évolution doctrinale observable depuis des années, le FN commence à subir les affres des scandales et des affaires vraies ou virtuelles (comme nous le prédisions juste avant l’été) qui vont de plus en plus pourrir l’image du parti officiellement patriote. Les mairies frontistes sont quasiment toutes sur le grill et certains édiles ont déjà été humiliés par la machine médiatique, comme le jeune Engelmann de Hayange ou le maire du Pontet, à l’instar d’un vulgaire Balkany. Mais, après tout, ces « outrages » journalistiques tranchant avec la douceur des papiers d’un Forcari lutinant le petit frontiste, ne participent-ils pas, eux aussi, à la normalisation politique d’un wagon proche de son terminus ?

Article publié dans l'hebdomadaire Rivarol du 11/09/14

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