Dérapage de la semaine : Emmanuel Petit a « reiché » dans son froc (par Joris Karl) (jeudi, 04 décembre 2014)

Publié par Guy Jovelin

Une bonne guerre, ça nous f’rait pas d’mal, non mais ! La plupart des footeux sont ennuyeux à mourir, mais au moins, certains dérapent joyeusement sur le verglas du politiquement correct. Après Willy Sagnol qui, récemment, trouvait qu’il y avait un peu trop de joueurs noirs en France, voilà Emmanuel Petit, auteur du troisième but en finale de la Coupe du monde 1998, regrettant que la France ne fût point envahie par l’Allemagne.

Mardi, l’ancien défenseur a donc fait la une de tous les médias. À L’Équipe, c’était presque ambiance Watergate. En salle de rédac’, tout le monde frétillait devant l’incroyable scandale. La République était une fois de plus menacée. Emmanuel Petit a parlé du Reich. Enfin, des nazis. Enfin, des Allemands. De l’invasion, quoi. De 1940. Presque. Point Godwin. Il prend soudain la tête du championnat, devant Sagnol !

Tout est banalement parti du site Sport.fr qui l’interrogeait sur son ancien collègue Thierry Henry, lequel pourrait être sélectionné l’an prochain contre le Brésil pour un jubilé (mérité). Petit a « reiché dans son froc », énervé par ceux qui osent critiquer Titi : « Que peut-on reprocher à Thierry Henry ? Sa main contre l’Irlande ? Il a aidé à la qualification en Coupe du monde ! L’Afrique du Sud ? Il n’a rien fait. La France est hypocrite et lâche. Parfois, je me dis qu’en ayant été envahis par les Allemands, on serait mieux dirigés aujourd’hui. »

La chanteuse Zaz avait il y a peu évallemandsoqué « la légèreté de la vie sous l’Occupation ». Là, Emmanuel prône carrément une bonne giclée de panzers sur nos fils et nos compagnes, une saucée de Stukas pour nous remettre les idées en place !

L’obersturmführer du tacle assassin en rajoute dans la chambre de torture : « J’ai beaucoup de mal avec les Français, je n’ai jamais vu un peuple aussi arrogant, suffisant, menteur et hypocrite. »

À la limite, si Manu n’insultait que les Français, ça irait. Mais la caste politique en prend aussi pour son grade : « Les politiciens sont omniprésents pour tout contrôler, mais n’ont aucune crédibilité, encore moins des compétences. Quand Brandão prend un mois de prison pour un coup de tête, Cahuzac est encore en liberté, Thévenoud siège toujours à l’Assemblée nationale. Et on ne parle que de ceux qui ont été pris la main dans le sac. Ils ont le pouvoir et veulent surtout l’argent. »

Les heures qui ont suivi ont été longues pour le footballeur : son portable en fusion, les oreilles en compote, la peine de mort médiatique au fond du couloir, Manu a dû, comme le veut la sainte tradition post-moderne, se prosterner en excuses. « Cette référence historique a été stupide de ma part, a-t-il expliqué. Je m’excuse auprès du peuple juif mais aussi auprès de tous ceux qui ont connu la guerre. Ma référence est déplacée. » Ouf, il voulait simplement parler « de l’Allemagne d’aujourd’hui ». Comprendre : celle de la diversité, celle des winners sympas. Manu n’est donc pas un SS. Il veut seulement qu’on ressemble un peu à ce pays de vieux où les jeunes immigrés affluent en nombre. On est soulagé. Vivement le prochain dérapage…

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