Le Blanc-Mesnil : des tags menaçaient de mort le policier et sa famille (vendredi, 11 novembre 2016)
Publié par Guy Jovelin le 11 novembre 2016
Le fonctionnaire avait participé à la saisie de 22 kg de drogue dans la cité des Blés d’Or. Et dans le quartier, plusieurs jeunes l’avaient prévenu que son nom « serait tagué », qu’il allait se passer « un truc qui allait le rendre fou »… « Les menaces envers les policiers ne sont pas rares, mais là, on a voulu s’en prendre à ce que cet homme a de plus précieux : sa famille », répète Me Frédéric Gabet l’avocat du policier, assis, ce jeudi au tribunal, à moins de deux mètres des prévenus, âgés de 18 à 24 ans au moment des faits.
Ils auraient dû être cinq à être jugés, mais Kevin manquait à l’appel et Sofiane — « retenu pour obligation professionnelle »— s’est fait représenter par son avocat. Restent Mounir, Adeline et Mohamed, le seul à comparaître détenu, condamné à 4 ans pour trafic de stupéfiants. Dans cette affaire, quatre d’entre-eux ont déjà fait de la détention (de 4 à 13 mois). Les deux jeunes garçons disent avoir agi pour un « commanditaire dangereux et mençant », contre rémunération. La procureure n’y croit pas. C’est Mounir qui s’est procuré l’adresse du policier par sa petite amie, Adeline, alors conseillère clientèle dans une banque. « J’ai hésité… puis j’ai cédé, explique la jeune femme à la barre, qui depuis a été licenciée pour faute grave. A la banque tous les collaborateurs regardent les comptes de tout le monde, je sais que c’est totalement immoral et contraire à l’éthique du métier, complètement stupide… »
« Mais vous n’êtes pas un ordinateur. Ecrire le prénom d’un enfant de 7 ans, ça ne vous fait rien ? », le reprend la juge. « J’avais 18 ans, je ne savais pas ce que c’était le respect d’autrui, je me rends compte aujourd’hui que c’est très grave, je suis vraiment désolé. » « Sincèrement désolé aussi », explique à son tour Mounir. « A l’époque, j’étais drogué. Je sais que c’est une très grosse connerie, mais ma vie à changé, vraiment. Je suis désolé et je ne dis pas ça pour faire plaisir », explique ce jeune père de famille désormais gérant d’une pizzeria.
Le policier serre les mâchoires, détourne la tête. « Je ne suis pas touché par ses regrets », lâche-t-il. Sa voiture avait été incendiée dans la cour du commissariat, mais les auteurs n’ont jamais été retrouvés. « Quel intérêt qu’il reparte en prison aujourd’hui ? Ça ferait plaisir au policier, au procureur mais ce serait ubuesque au regard de la situation qui est la sienne », a plaidé Me Amar Bouaou, dernier des quatre avocats de la défense. La procureure a réclamé « des peines sévères » de 12 à 30 mois de prison contre les prévenus, avec un mandat de dépôt pour trois d’entre-eux. La décision sera rendue le 1erdécembre.
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