Foot : le ballon percé de la mondialisation (par Joris Karl) (dimanche, 14 décembre 2014)

 

Publié par Guy Jovelin

Mercredi soir sur Canal+, le Qatar Airways Football Club a battu le Fly Emirates Saint-Germain sur le score de 3 à 1. Jadis, ces équipes représentaient Barcelone et Paris. On raconte que, de nos jours, quelques supporters les appellent encore comme ça.

Pour les « vieux » passionnés de ballon rond comme moi, il faut désormais une motivation extrême pour suivre la grand-messe de la Ligue des champions, une fois tous les 15 jours. Entre ces équipes « cosmopofric » aux soutiens financiers exotiques, la compétition ne veut plus dire grand-chose. On a l’impression de voir deux carnets de cheikhs se battre en duel. Le foot appartient sans doute au passé. Heureusement, il reste YouTube, et tous les réacs du jeu à onze peuvent se régaler des Saint-Étienne-Kiev ou des Bordeaux-Juve d’autrefois….

Parce que, mon bon monsieur, voyez-vous, le suspense a pris deux balles dans la tronche, comme Bérégovoy : il y a belle lurette – depuis le funeste arrêt Bosman (1995) qui libéralise le sport – que ce sont toujours les mêmes équipes qui remportent in fine le trophée. Impossible, de nos jours, de revoir l’équipe commando de Bastia jouer une finale de Coupe d’Europe comme en 1978 ! Inimaginable, ce Bucarest 100 % roumain vainqueur du Barça en 86 !

En 2014-2015, équipes qataries, émiraties, kazahkies et j’en passe disputent un show millimétré sous vide. Oui, le foot d’aujourd’hui a la saveur du jambon sous vide. Fade, gluant et commercial. Le PSG a perdu mercredi, OK, mais cette défaite ne m’a pas effleuré une seconde. Cerise sur le corner, le fameux « Zlatan », auteur du premier but, symbolise tout ce je-m’en-footisme globalisé : au bout de deux ans en France, le « Suédois » n’est pas footu de répondre aux interviews en français. Il n’en a rien à battre. Lui, il prend le pèze, toi, tu cries « Allez Zlatan » !

Alors moi aussi, au final, je n’en ai plus rien à battre. Je préfère encore regarder un match de NBA au début de la nuit. Là, au moins, c’est clair, les franchises sont purement commerciales, et on joue un championnat sans risque pour le fun. Et en plus, une majorité d’Américains composent encore les équipes, et en plus pas de pub sur les maillots. On s’en contentera. Et si pas de match, je me replonge dans mon bouquin de chevet : Les Nuits de Paris de Rétif.

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