L’état d’urgence : solution miracle d’un pouvoir à l’agonie ? (dimanche, 09 décembre 2018)

Publié par Guy Jovelin le 09 décembre 2018

Rédigé par notre équipe le 09 décembre 2018

L’acte IV de la mobilisation des gilets jaunes s’est terminé en fin de soirée et l’exécutif pousse un grand ouf de soulagement. Le Palais de l’Elysée est resté intact et le dispositif de sécurité redonné aux forces de l’ordre a été si performant que Macron a pu passer une journée loin du bruit. Pourtant, malgré les forces mobilisées, de nombreuses scènes de casses et de pillages ont encore été recensées. Le chaos s’est même répandu dans plusieurs autres grandes villes montrant ainsi qu’à la désespérance des gilets jaunes à laquelle n’a pas répondu le pouvoir, viennent se greffer des milliers de racailles en manque de fric et de sensations fortes.

Trois jours durant, le pouvoir s’est prêté à un nouveau jeu dangereux. Il n’a cessé de prophétiser le pire et de sortir l’artillerie lourde (véhicules blindés notamment) en prévision d’un acte IV parisien qui devait être cinglant et peut-être même sanglant. 89 000 policiers, CRS et gendarmes ont été mobilisés sur l’ensemble du territoire dont 8 000 à Paris. De quoi encadrer beaucoup de manifestations et points de blocage, mais c’était sans compter sur la participation de plus en plus forte de groupuscules d’extrême gauche et plus encore de racailles venues se faire un peu de fric par des larcins faciles.

Du contentement dans le chaos

Près de 1 400 interpellations et 1 000 gardes à vue en ce samedi 8 décembre. C’est bien plus que le samedi précédent, mais c’est encore pas assez pour éviter les « scènes de chaos » dénoncées par l’inénarrable Anne Hidalgo. Si tout s’est bien passé en début de journée, la tension est vite montée à Paris, Toulouse ou encore Bordeaux dès le début d’après-midi. Les racailles (une espèce pas très matinale) n’ont pas voulu faire le déplacement pour rien et se sont donc mises à l’œuvre. Boutiques vandalisées et pillées, voitures brûlées, mobilier urbain détruit, des scènes identiques à celle du samedi 1er décembre, mais cette fois-ci aux quatre coins de Paris…

La contagion se répand parce qu’en faisant monter la sauce depuis des semaines, le pouvoir a réveillé une frange d’excitables et d’opportunistes qui ne cesseront leur sortie hebdomadaire dans les (beaux) quartiers de Paris que lorsqu’ils auront été sanctionnés à la hauteur de leur comportement. Dans une France où les juges ne trouvent pas grand-chose à redire sur la délinquance de rue, de nouvelles scènes de chaos sont malheureusement au programme. Ça sent le brûlé en ce dimanche matin, mais pour le pouvoir (et donc les médias), le samedi 8 décembre est à placer sous le signe de la réussite. Pourquoi ? Uniquement parce que la symbolique des images a été moins forte que la semaine précédente. Difficile de faire mieux que la prise de l’Arc de Triomphe et son saccage… Alors malgré tout le reste, la journée est réussie…

Macron a pu jouir de son Palais présidentiel en toute quiétude et peut remercier les forces de l’ordre qui ont donné une leçon à leur ministre déchargé de la stratégie. Il reste tout de même deux chantiers essentiels auxquels n’a pas répondu le pouvoir. Mater la vague montante de casseurs et répondre à la colère des gilets jaunes. Deux sujets très différents qui ont toutefois été mêlés consciemment par un pouvoir proche du point de rupture. Un pouvoir qui croyait qu’en lançant des cacahuètes empoisonnées au peuple, il obtiendrait son silence. Or, selon les chiffres officiels toujours aussi peu crédibles, la mobilisation a engagé dix milles personnes de moins que le samedi précédent. Autant dire que la levée pour un an de la hausse des taxes sur les carburants n’a convaincu personne.

Edouard Philippe et son futur ex-pote Macron veulent « l’unité nationale » pour sortir de la crise. Une bien grande expression pour après un tel échec. Ils n’auront que ce qu’ils ont semé. Les gilets jaunes restent mobilisés malgré les insultes, les manipulations et les casseurs. Ils restent mobilisés, car c’est leur vie qui est en jeu. Il n’y a pas grand-chose à attendre de la prochaine prise de parole du jeune blanc bec qui a pris l’Elysée et le rendez-vous est déjà pris pour l’acte V…

 

Source : 24heuresactu

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