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mercredi, 19 février 2014

« Harlem Shake », hystérie collective et prémisse d’une fin de cycle

 Harlem ShakeOn se croyait naïvement arrivés au bout avec le « Gangnam Style » du sud coréen obèse, qui manqua de peu de nous réconcilier avec les parades chamarrées de Pyongyang ! Au bout ? Au bout de quoi au fait ? De l’insignifiance artistique, de l’abrutissement généralisé, de l’involution culturelle peut-être.. Enfin, ce qui est certain c’est qu’on se croyait benoitement « au bout » : Tout vu, tout entendu, « touché le fond » qu’on disait !

Voilà qu’on commençait à grand peine à reprendre notre souffle que la seconde vague, « Harlem Shake » venait s’échouer à son tour sur nos rivages navrés.

Ha ! Que notre malheureux complexe visio-auditif n’eut été achevé par le bridé ! Comme la terrible affliction semble n’avoir jamais eu d’égale ! Le grotesque a fait place au malin.

Le bruit absurde qui porte le mouvement n’est de loin que la face émergée du phénomène et qui se trouve être en fait, relativement au reste, parfaitement innocente. Un son convenu à en mourir, même pour sa famille musicale dégénérée, au point qu’il soit franchement difficile d’en dire quoi que ce soit. « Baauer », le merdeux à casquette de Philadelphie, tandis qu’il devait débiter, débile, son énième étron sonore n’a de toute façon à aucun moment imaginé avec quelle ampleur il allait gratifier le monde de sa triste production.

Tout terne qu’il était, pour connaître sa gloire, fallait-il encore que le « morceau » s’accouple de la bonne idée : suffisamment insipide pour plaire aux plus crétins et suffisamment malsaine pour rencontrer l’approbation unanime des masses désabusées. De cette gigantesque marée de consciences abruties on n’aurait pourtant pas parié gros qu’il puisse émerger quoi que ce soit d’encore assez fertile pour féconder avec les honneurs la « chose » en suspens. C’était bien mal connaître les potentialités de cette vieille putain d’humanité post-moderne quand il s’agit de déchéance organisée.

Car le phénomène « Harlem Shake » c’est la chorégraphie. « Harlem Shake » c’est les innombrables chorégraphies – l’instant grégaire toujours à l’œuvre, plus puissant que jamais, à nous faire douter que le vieux Zarathoustra en soit finalement sorti, ce jour-là, de sa caverne.

Nous ne pouvons plus en cette matière faire l’économie d’un rappel  : Toute danse a toujours été communion. Dans la danse les individualités se questionnent et se répondent. Des farandoles populaires aux ballets sophistiqués du XVIIe siècle, en remontant jusqu’aux magnifiques danses antiques, toutes fondent l’être esseulé et insignifiant dans une union virtuose, exaltant tantôt la joie, tantôt le tragique, souvent l’énergie et tout simplement la vie.

« Harlem Shake » en est lui l’antithèse absolue. Le morbide règne en maître. Bien loin de s’unir les « danseurs » s’enferment dans leur espace attitré. Le regard est vide, le visage ne recèle plus la moindre émotion, l’âme a déserté. Les corps ainsi privés de leur substance s’agitent frénétiquement sur eux-mêmes sans prêter une seule attention à ceux qui les entourent et qui pourtant, sont affligés du même mal. Ces marionnettes désaxées semblent pathologiquement partagées entre une horrible crise d’épilepsie, un autisme des plus sourds et un authentique accès de possession. Des postures inquiétantes dignes de l’aliéné le plus parfait et des faciès bestiaux étrangement figés parfont le plus souvent l’atmosphère suffocante et tourmentée des vidéos qui se multiplient sur la toile.

Pour les quelques esprits sains qui ressentent encore autre chose qu’un espèce d’enthousiasme mi-béat, mi-fasciné au contact du « phénomène », tous les stigmates de l’esprit fétide d’une fin de cycle semblent s’y retrouver, étrangement ordonnés dans le chaos des décors.

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, on ne compte plus depuis longtemps les millions de parfaits anonymes, de grands magasins, de prestigieuses écoles ou facultés, de clubs sportifs mais aussi de prisons, de régiments militaires voire même de maisons de retraite à avoir déjà repris fiévreusement le mouvement. L’ampleur planétaire de la chose, malgré sa symbolique satanique évidente, est claire : l’inconscient des foules s’y reconnaît désormais immédiatement. Elle y voit, comme dans un miroir, une masse informe d’individus déconnectés, reclus dans un état de conscience minimal, soudainement arrachés de leurs occupations stériles pour se désarticuler bestialement à l’unisson dans une démence automotrice et dont l’aboutissement ultime ne fait désormais plus partie du tableau.

Le Pape a quitté Rome. Les hommes sont mûrs pour l’Apocalypse.

 S. C.

 

Quelques échantillons à titre scientifique :

 

 

Source : E&R Lorraine

 

 

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