L’Angleterre, comme la France et le reste du Vieux continent, connaît actuellement quelques problèmes de repères et d’identité, tel que constaté lors des dernières élections européennes. Les résultats « historiques » – pour une fois que ce vocable si dévoyé a un sens – du Front national en nos contrées, mais également ceux du mouvement souverainiste UKIP de l’autre côté de la Manche.
Devenue première force politique du pays, le mouvement mené par Nigel Farage vient de bousculer le traditionnel bipartisme – ou tripartisme en comptant large, pour peu qu’on y ajoute les libéraux-démocrates. Bref, là-bas aussi, il s’agit d’un tremblement de terre politique. Mais, au contraire d’ici, une personne continue d’incarner l’unité du royaume éponyme : la reine Elizabeth.
Certes, l’époque est au progressisme béat, au grand bouleversement permanent ; il n’empêche qu’une autre permanence demeure, celle de la monarchie britannique. Mieux, alors que sa cousine espagnole donne de sérieux signes de faiblesse avec l’abdication précipitée du roi Juan Carlos, sur fonds de maladresses répétées et de scandales dus à un gendre indélicat, la couronne d’Angleterre persiste à se tenir droit debout.La personnalité de cette reine n’y est pas pour rien.
Déjà, sa mère, la fameuse « Queen Mom », força l’admiration du peuple durant la Seconde guerre mondiale, refusant d’aller se réfugier à la campagne en plein Blitz londonien : « La place du roi est auprès de son peuple ; celle de la reine auprès de son époux et celle de nos enfants auprès de leur mère. »
Une certaine classe anglaise. D’ailleurs, lorsqu’elle venait soulager les souffrances des bombardés de la nuit, « Queen Mom » refusait, à la consternation des services de sécurité, de porter un casque. « Eh puis quoi encore ? Une reine casquée ? Ça signifierait que la reine a peur… Inconcevable ! Sans compter que ça ruinerait ma mise en plis… » Au passage, l’actuelle reine s’engageait discrètement dans les rangs des infirmières militaires. La classe, on vous dit.
Classe dont la reine Elizabeth fit encore preuve lors de la mort de la princesse Diana, refusant de donner le chagrin familial en pâture aux tabloïds ; ce qui donna d’ailleurs lieu à un film magnifique, The Queen, avec une Helen Mirren hallucinante de vérité, ode à la monarchie pourtant signée par le très républicain Stephen Frears qui avoua publiquement avoir été littéralement bluffé par cette reine qu’il entendait à l’origine brocarder.
En France, rien de tout cela. En décapitant Louis XVI, la France s’est aussi un peu coupé la tête. Et malgré les tentatives de restauration monarcho-républicaine de la Cinquième république, la tentative d’incarner notre vieille nation en une Marianne de circonstance ; une certaine forme de vide se fait toujours sentir.
Heureusement qu’en guise de lot de consolation, à défaut de roi, nous reste au moins le bouffon d’icelui : Triboulet 1er, plus connu sous le nom de François Hollande.
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