Luzenac, petit village de moins de 600 habitants dans l’Ariège, haut lieu de l’extraction du talc, industrie qui fait vivre une grande partie des habitants. Dans cette petite ville, une équipe de foot amateur méritante (mais le mérite, aujourd’hui…) pleine d’entrain et de valeurs sportives. Un exemple, quoi.
Cette équipe, dont le président n’est pas moins que Fabien Barthez, ancien champion du monde et Ariègeois de surcroît, a eu le mauvais goût de réaliser un superbe championnat en national. En juin, après le dernier match, le club de Luzenac s’est vu qualifié pour monter en Ligue 2 professionnelle. Énorme joie mais début de la galère pour ces jeunes sportifs amateurs. Le club s’est organisé pour cette montée, il a trouvé de nouveaux sponsors, il a recruté pour « être dans le coup » du championnat professionnel.
C’était sans compter avec les oligarques de la Ligue de football professionnel (LFP), voyant d’un très mauvais œil que des sportifs, à force de qualités sportives, viennent jouer dans « la cour des grands » et, surtout, jeter la zizanie avec leurs valeurs saines. Ils ne savaient pas que, dans le football, seul le fric compte. Nous le savions bien pour les joueurs internationaux, nous le savions pour la Ligue 1 achetée par le Qatar. Beaucoup avaient encore des illusions sur la Ligue 2, pensant que le sport était encore, à ce niveau, un élément déterminant.
Le feuilleton a duré tout l’été, la Ligue professionnelle prétextait des comptes fragiles dans ce club, refusait de voir les comptes consolidés après l’arrivée des nouveaux sponsors. Aucun argument ne trouvait grâce et le couperet était tombé : Luzenac ne jouerait pas en Ligue 2. C’était sans compter sur l’opiniâtreté de cette équipe qui a multiplié les recours pour en arriver, la semaine dernière, au tribunal administratif de Toulouse. Ce tribunal a validé leurs comptes et a exigé qu’ils soient rétablis dans leur droit, à savoir jouer la Ligue 2.
Cette semaine les instances du football ont bien été obligées d’entériner ce jugement et Luzenac a appris, le 7 août, qu’ils allaient enfin obtenir gain de cause, jouer dans ce championnat professionnel qui était déjà commencé sans eux. La Ligue professionnelle avait dit non, son président dictateur ne reviendrait pas sur sa décision et c’est ce qu’il a fait. Vendredi 8 août, le verdict est tombé à 13 heures : refus pour « stade non conforme ». Étonnant, non ?
Sachant que Luzenac doit jouer ses matchs à Toulouse pour des raisons évidentes de nombre de spectateurs, sachant que plusieurs stades – et les plus grands – leur avaient proposé un arrangement, on voit tout de suite la bonne foi de la Ligue de football professionnel. Résultat de cette affaire navrante à la fois humainement et sportivement : le club va disparaître, les nombreuses personnes qui y travaillaient vont aller pointer à Pôle emploi. Fin d’une belle histoire.
Je crains bien que les journalistes sportifs, tous si bien disposés pour le football, ne disent mot de cette affaire honteuse pour le sport en France. Heureusement, le sport, ce n’est pas que le football, loin de là.
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