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samedi, 19 août 2017

« Sans une presse alternative puissante, il n’y aura pas de victoire de nos idées »

Publié par Guy Jovelin le 19 août 2017 

chemin de la résisitance grand

Interview de Martial Bild

TV Libertés, la seule télévision libre de France, s’est déjà développée sur plusieurs canaux : un site internet, Eurolibertés, sur l’actualité européenne et une radio, Radio Libertés, qui va bientôt offrir une émission d’antenne libre à ses auditeurs (voir l’interview d’Arnaud Menu dans Présent du 19 juillet). Le directeur de la rédaction et des programmes, Martial Bild, nous explique les nouveautés de la rentrée.

— TV Libertés aborde sa troisième rentrée. Près de 3 000 émissions produites, des centaines d’invités avec parfois de gros scores d’audience (2, 5 millions de vues). Quel bilan tirez-vous de ces premières années « de jeunesse » ?

— De la jeunesse, nous possédons l’audace. Au départ, peu de personnes pariaient sur la réussite du projet de Philippe Millau : construire et pérenniser une chaîne de télévision généraliste alternative. Plus de trois ans ont passé et les premiers beaux succès sont au rendez-vous. En mai dernier, nous avons franchi le cap des 2,5 millions de vues, rien que sur Youtube. Nous avons dépassé le cap des 100 000 téléspectateurs qui nous suivent quotidiennement sur Youtube, notre site (tvlibertes.com http://tvlibertes.com) et sur les réseaux sociaux. C’est un grand motif de fierté. Mais les chiffres ne disent pas tout… Il y a notre joie de donner la parole à des milliers d’intellectuels, d’experts, de simples citoyens sans kaléidoscope et sans fard. Il y a le plaisir d’instaurer de vrais débats et des nouveaux espaces de confrontation des idées. Et puis, il y a la satisfaction d’avoir su créer une école vivante du journalisme en formant toute une nouvelle génération de journalistes, de présentateurs, de réalisateurs, de cadreurs et de monteurs. Grâce aux efforts de son président, TV Libertés est la plus belle aventure qu’il m’a été permis de voir et de vivre ces dernières années.

— Vous avez été la seule télé de France à combattre l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Quel sentiment vous ont laissé ces dernières élections et le hold-up médiatique réalisé par le nouveau président ?

— Le président de la chaîne a été parmi les premiers à attirer notre attention sur le candidat Macron et à envisager ouvertement sa victoire. Nous avons donc décidé de mener une campagne d’opposition frontale à celui qui niait la culture française, qui niait l’histoire de la France. Cela n’a pas été suffisant. Mais que peut faire un crapouillot face aux batteries de canons de la presse acquise au personnage et à sa politique. Et face aux forces de l’argent ! Comment aboutir quand les principaux candidats de l’opposition portent en eux-mêmes les germes de la défaite. De cette séquence électorale, je tire volontiers plusieurs leçons. N’évoquons que la principale : il n’y aura pas de victoire de nos idées sans l’existence d’une puissante presse alternative. Donald Trump ne s’y est pas trompé. Il faut donc que tous ceux qui se battent pour leur identité et leurs libertés, pour la nation française et la civilisation européenne comprennent qu’il est impérieux de donner la priorité aux vecteurs de la réinformation. Enfant, chez moi, on ne parlait pas d’argent. Tout d’abord, parce que nous n’en avions pas. Et parce qu’en parler était vulgaire. Alors quitte à être vulgaire, je n’ai pas peur d’affirmer que – quand on dispose des moyens de le faire – le soutien financier à la presse alternative est un préalable avant toute entreprise de reconstruction, de refondation, de renouveau ou d’alternance.

— Vous lancez un appel au don, il vous faut 500 nouveaux donateurs. Comment survit-on quand on ne vit que de dons et comment assurez-vous notamment chaque soir un journal télévisé qui, sur les autres chaînes, nécessiterait 200 journalistes et je ne sais combien de millions ?

— Nous avons fait le choix d’un modèle économique que l’on appelle le financement participatif et qui est tout simplement le don. C’est un modèle vertueux qui est garant et gérant de notre indépendance et de notre absolue liberté. En effet, il nous met à l’abri des annonceurs qui font la loi, des groupes de pression et des lobbies qui imposent leurs vues. Cependant, c’est un système qui reste évidemment fragile. Fort heureusement, nous avons déjà 13 000 donateurs qui forment la communauté dont je parlais à l’instant. Ils nous permettent d’avancer. A nous, en contrepartie, de faire preuve de débrouille et d’ingéniosité pour produire avec 10, 20, 50 fois moins de moyens qu’une chaîne de télévision classique, le même nombre d’heures d’enregistrement avec la même qualité technique. C’est un défi !

« Nous ne sommes qu’au début d’un processus de révolte contre des médias mainstream »

— De moins en moins de gens regardent la télévision et paradoxalement de plus en plus de monde regarde TV Libertés. Pourquoi, selon vous, les médias de réinformation connaissent-ils un tel succès ?

— Nous ne sommes qu’au début d’un processus de révolte contre des médias mainstream dont les deux mamelles sont la vente de soupe et la diffusion de propagande. Depuis les Illusions perdues de Balzac, les choses semblent ne pas avoir bougé. La presse de masse, ni libre, ni indépendante, ni pluraliste, manie le mensonge, se met à genoux devant la doxa conformiste et s’accommode de ses liens avec les grandes banques ou des oligarques. Internet a totalement changé la donne. Le téléspectateur passif, convoqué pour le journal de 20 heures, le film de 20 h 30, est devenu actif, cherchant par lui-même son information et ses programmes. Les médias classiques cherchent la parade (le replay etc.) mais les gens continuent doucement de se détacher, voire de s’enfuir. C’est le cas, tout particulièrement, des 13-24 ans. Notre rôle est donc d’attirer ces populations et ces classes d’âge vers la réinformation. Pour cela, les médias alternatifs doivent produire une information vérifiée et exemplaire. Il ne s’agit pas, à notre tour, de désinformer ou de transformer la réalité. Ce serait faire œuvre de propagande. Il s’agit de donner de nouvelles clés de compréhension du monde, sans travestir ou faire preuve de manichéisme ou d’uniformité.

J’ajouterai encore un point : je juge de l’efficacité et de l’impact de l’ensemble de la presse alternative à la réaction vive et manichéenne de certains médias classiques. Ils ont essayé de marquer notre démarche commune au fer rouge en inventant le terme de « fachosphère ». Un terme guerrier, militant mais éloigné de toute réalité. C’est un fake wordcomme il existe des fake news. Notre émission Imédia avec Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp est là pour les démasquer.

— En fonction de quoi choisissez-vous vos sujets et vos invités ?

— En fonction de leur capacité à ne pas s’enfermer dans le monde passé mais de construire, réinventer le monde d’après, le monde qui vient. Sans peur…

— Quels sont les projets de TVL pour 2017-2018 ?

— Dès la rentrée de septembre, il y aura plusieurs nouveautés. Et tout d’abord l’élargissement de notre traitement de l’actualité avec une émission politique diffusée le samedi soir et réalisée par Elise Blaise. L’info sera donc présentée six jours sur sept au lieu de cinq jours sur sept précédemment. Nous poursuivons l’amélioration de nos programmes avec la rénovation d’émissions comme Politique Eco avec Olivier Pichon ou Terres de mission avec Maugendre et Thieulloy. Nous travaillons sur de nouveaux concepts. C’est déjà le cas avec Le plus d’éléments et ses incroyables talents mais aussi avec Julien Rochedy ou Christopher Lannes. Nous allons privilégier les formats courts. Et puis, nous allons instituer des temps de libre antenne, grâce notamment à Radio Libertés. Je reçois, chaque jour, des dizaines de courriers écrits ou électroniques de téléspectateurs qui ont un avis, souvent remarquable, sur un sujet ou un fait d’actualité. Je veux leur donner la parole. Nous voulons donner la parole à ceux que l’on n’entend jamais et qui peuvent apporter des éléments intéressants au débat. Un bel exercice en perspective.

— Une émission comme Bistro Libertés (au hasard) n’a cessé de voir son format et sa technique s’améliorer. Avez-vous d’autres innovations en tête pour le Bistro ?

— Bistro a fait sa mue en janvier dernier. Grâce à son producteur Arnaud Soyez et son réalisateur Benjamin Nicolas, nous avons beaucoup progressé pour améliorer le rythme et l’intérêt de l’émission. Le succès est au rendez-vous puisque notre progression est constante. Alors, pas question de changer une équipe qui gagne. Et donc retour des sociétaires, et tout particulièrement de Caroline Parmentier, le vendredi 1er septembre.

— Pouvez-vous un jour espérer bénéficier des mêmes canaux de distribution que les autres télévisions ?

— Difficile de répondre à cette question dans un pays où la plus haute autorité de l’audiovisuel se transforme en maître censeur. Il suffit de regarder avec quelle hargne elle persécute un journaliste comme Eric Zemmour. Peut-on, dans ces conditions, disposer encore du minimum de liberté d’expression sans faire de concession aux injonctions de la bien-pensance ?

Cela étant dit, nous avons la volonté de toucher le plus large public possible. Nous le faisons via notre application smartphone ou notre site internet. Le dispositif devrait effectivement être complété par une présence sur les câblo-opérateurs. La première chaîne audiovisuelle alternative face au groupe Francetvinfo/LCI/CNews/France24/Euronews/BFM, avouez que cela aurait de la gueule. Assurément, cela constitue un véritable objectif pour les années à venir.

Propos recueillis par Caroline Parmentier

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