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samedi, 30 août 2014

Une école publique à laïcité variable (par Pierre Mylestin)

Publié par Guy Jovelin

« Laissez les enfants venir à moi. » Et Najat Vallaud-Belkacem pourrait poursuivre : « Ne les empêchez pas, car la République est à ceux qui se ressemblent. Amen, je vous le dis, celui qui n’enseignera pas la théorie du genre, le métissage, le vivre ensemble aux enfants, n’y entrera pas. »

Mais ne prêtons pas de si mauvaises intentions à notre toute fraîche ministre maroco-française de l’Éducation, elle qui porte si bien les valeurs progressistes de la République et qui, en visite officielle dans son pays natal, porte si coquettement le voile devant son roi. Pour quelqu’un qui prône tant les valeurs de la laïcité, en voilà une belle preuve de jésuitisme.

N’empêche, cette nomination rassurera certainement les parents de nos chères têtes blondes ou voilées, qui déplorent le cruel manque d’autorité sévissant de nos jours dans l’enseignement républicain. Car la nouvelle occupante de la rue de Grenelle a déjà averti, et de manière non ambiguë : « Nous avons choisi le plus souvent d’inciter par la loi, mais imposer est parfois la façon de changer les choses. » Tous les petits trublions nauséabonds qui viendront à l’école affublés d’un tee-shirt arborant un papa, une maman, une fille, un garçon (l’ensemble se tenant par la main) sont prévenus à l’avance.

Et puis, à l’école, non seulement on est censé s’instruire, comme par exemple apprendre son ABC, son D, son histoire revue et corrigée à la sauce masochiste, la géographie sans frontières, les mathématiques à base de courbes qui montent alors qu’elles descendent, et vice versa. À l’école, on apprend aussi à proscrire fermement toute forme de violence, de persécution, de vol, de torture… On y interdit de frapper, de lancer des cailloux, mais également de « ne pas donner un reflet exact de la réalité, de la déguiser ». De mentir, pour faire plus court que la définition du Larousse, ou pratiquer la taqiya selon celle du Coran.

Mais Najat Vallaud-Belkacem va encore plus loin, notamment dans son combat pour l’égalité et contre les amalgames, comme lorsqu’elle clame avec la verve audacieuse qu’on lui connaît que « les mariages forcés ne concernent pas que les sociétés musulmanes, vous voyez. C’est aussi de ce point de vue-là qu’il faut, je pense, arrêter les amalgames ou la stigmatisation : le mariage forcé, ça peut concerner des sociétés catholiques », ou encore que la « suprématie masculine » en Occident est « la dernière aristocratie » et que « nulle part il n’est écrit que des femmes doivent périr sous les coups des hommes ». Si, si, c’est écrit. Dommage qu’elle n’ait pas eu le temps d’en discuter avec son précédent roi, Hassan II, qui semble s’y connaître assez bien, dans ce qui est écrit et ce qui ne l’est pas, et qui assurait qu’« à partir du moment où on est musulman on ne peut pas être laïque, et une fois qu’on l’est on n’est plus musulman, car le droit musulman vous colle à la peau, qu’on le veuille ou non, tant sur le plan du droit public que sur le plan du droit privé ». Une belle idée de sujet pour la prochaine épreuve du baccalauréat.

La République peut être heureuse. Ses enfants seront en de bonnes mains. Son nouveau ministre responsable de l’Éducation sera certainement fort apprécié pour sa franchise, sa sincérité, sa probité morale et son patriotisme à peine voilé.

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