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mercredi, 22 octobre 2014

L’énergie dissipée, plaidoyer contre un homme dispersé

Publié par Guy Jovelin

  Ce n’est plus un secret, la société française comme la civilisation à laquelle elle appartient s’amollit. A mesure que nous avançons sur le chemin du progrès le corps social disperse ses forces. Sur cette course de longue haleine il faut en plus porter le poids des erreurs passées.

   La première des causes de dissipation de l’énergie est étatique. La structure touche à tout construite patiemment depuis l’après-guerre (héritière de l’invasion étatiste révolutionnaire pour en finir avec l’Ordre ancien) sclérose toutes velléités d’innovation. La fonction publique est le mouroir de l’action individuelle.

   La deuxième cause est la société de loisirs. Le français moyen est plus préoccupé par ses vacances que par l’héritage qu’il laissera à ses successeurs. Finit l’épargne laborieuse pour laisser aux enfants une maison. Finit la vie en famille. Place désormais aux voyages lointains pour « dépayser », « vider la tête », autres mots pour dire rompre avec le quotidien mais pour se retrouver de facto à nouveau confronté aux maux du jour sitôt les bagages rangés. Autrefois partir ne signifiait pas revenir le teint halé par des heures fainéantes sur la plage, l’animal touriste va voir des lieux prestigieux de l’Histoire du monde fait trois photos puis retourne au point de départ de l’amnésique. Curieux que les réalisations des grandes civilisations n’induisent pas chez ce vagabond la tentation de revenir au statut de bâtisseur, de quitter l’odieux consommateur qu’il est devenu. Autrefois, partir était un voyage parfois sans retour, d’ouverture à un monde inconnu. L’expatrié se faisait à la nouvelle vie qu’il trouvait, y construisait un nouvel avenir pour lui et les siens.

  Les sources de distractions sont de plus en plus nombreuses et à portée de main. La circulation de ces biens est tellement facile. Leur consommation devenue un nouveau standard. La morale publique ne les réprouve pas. Même leur jouissance en public n’est pas condamnée. La sexualité débridée, l’intoxication volontaire en sont des expressions parmi d’autres.

  Le déluge d’informations sur des médias omniprésents et la pléthore d’invitation à participer toujours à plus événements anesthésient un peu plus la capacité de réflexion. Comment prendre du recul lorsqu’on est toujours sollicité. Accaparé par des occupations diverses l’Homme perd le recul nécessaire sur sa vie. C’est le règne du lavage de cerveau perpétuel. J’y voit l’une des causes les plus directes aux maux modernes que sont l’absence d’initiative (diminution de la création d’entreprise par exemple), la dissolution de la famille (comment s’arrêter pour fournir à des enfants ce qui leur est nécessaire), la labilité des couples (la sexualité-plaisir n’engage pas l’humain au-delà de la satisfaction de son besoin), l’atrophie des relations interindividuelles (par la jalousie du chacun pour soi, la primauté constante du « moi, je … »).

  Le retour aux fondements de la civilisation est la solution. Le triptyque : « Travail, Famille, Patrie » est plus que jamais l’Espoir de Salut. En dehors d’une réhumanisation de la société occidentale, nous courrons sur le chemin de la robotisation vers « Le meilleur des mondes » décrit par HUXLEY. Consommation, plaisir, loisir, sont des privilèges à exercer en récompense après un dur labeur. Ils ne peuvent être le seul objectif d’une vie. La vie ne saurait être qu’une ascèse permanente, mais elle ne peut être non plus une jouissance de tous les instants. 

 

Marc-Antoine Hennet