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mardi, 05 juin 2018

Ramadan : La Ville de Bergerac accusée par la CAF d’entorse à la laïcité

Publié par Guy Jovelin le 05 juin 2018

Par  le 04/06/2018

Le courrier est signé par Michel Beylot, directeur de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de la Dordogne. Rédigé le 28 mai, il a été enregistré à la mairie de Bergerac samedi. Michel Beylot y annonce être « dans l’obligation de suspendre l’agrément […] et les financements qui en découlent » des centres sociaux de la Brunetière et Germaine-Tillon, situés respectivement à La Catte et Naillac, deux quartiers prioritaires avec une importante population musulmane.

Motif : leurs locaux sont « mis à disposition » entre « 22 heures et 1 heure du matin sur la période du ramadan 2018 », avec « réquisition du personnel ». Inadmissible pour le directeur de la CAF, qui y voit un « lien direct avec un contexte purement confessionnel. Les centres sociaux sont soumis au respect des principes de laïcité, de neutralité et de mixité sociale ». Et de conclure : ils « n’ont pas à assurer tout ou partie de la gestion des périodes religieuses ».

« Complètement débile »

« C’est complètement débile de dire cela, réagit Daniel Garrigue. Il n’y a aucun caractère religieux là-dedans. C’est comme si on disait ‘‘à Noël il ne doit rien se passer car c’est contraire au principe de laïcité”. »

Pour le maire, le problème « est plus d’ordre public ». Il explique : « En cette période de ramadan, la nuit tombe tard et donc la rupture du jeûne aussi. Si bien que les gens se retrouvent dehors tard, au risque d’engendrer du bruit, de gêner les voisins, de provoquer des conflits, d’obliger à appeler la police… En leur permettant de se retrouver ailleurs que dans la rue, l’ouverture des centres sociaux absorbe cette vie de nuit. Mais si le ramadan tombe en décembre ou en janvier, nous n’avons pas à faire cela, car la nuit tombe tôt. »

Cette ouverture tardive s’accompagne aussi de « réquisition du personnel » des deux centres sociaux, indique le courrier de la CAF. « Normalement, nous nous appuyons sur des associations, répond Daniel Garrigue. Mais il n’y en a plus beaucoup dans ces quartiers. Des fonctionnaires de la Ville qui y sont impliqués se sont donc portés volontaires à ce titre. Mais comme on ne peut pas les mobiliser tous les soirs, nous avons demandé aux agents, sur la base du volontariat, s’ils étaient prêts. »