Commettre des violences urbaines est moins risqué que de s’exprimer publiquement. C’est en tout cas le sinistre constat que l’on peut faire en comparant deux situations : celle du général Christian Piquemal, interpellé le 6 mars 2016 en marge d’une manifestation pacifique organisée à Calais en protestation à la politique migratoire de nos dirigeants, et celle des lycéens (ou présentés comme tels) ayant saccagé une supérette et jeté des projectiles sur deux commissariats parisiens le 25 mars 2016.
En effet, dans ce dernier cas, il n’y a eu ni interpellation, ni ordre de dispersion. Les vidéos qui circulent sur Internet sont pourtant éloquentes : on y voit des dizaines d’individus surexcités lancer des projectiles sur les façades des commissariats des Xe et XIXearrondissements, le slogan « Mort aux flics » ayant été par ailleurs inscrit sur l’une des devantures.
Bien entendu, les médias traditionnels insistent sur la légitimité de tels actes, ceux-ci étant présentés comme faisant suite à l’interpellation musclée d’un lycéen qui avait jeté, la veille, un projectile au visage d’un policier.
Rappelons que ces lycéens, par définition mineurs et non actifs, bloquent des établissements scolaires et manifestent publiquement contre la loi Travail, dite loi « El Khomri », ce qui amène à s’interroger quant à la légitimité de leur mouvement, dont la dimension politique s’inscrit dans un contexte de scission de la gauche, dont une partie a tout intérêt à se faire entendre. Inciter des adolescents à déserter les cours pour faire pression sur le législateur n’est, hélas, pas une première dans notre pays.
Il convient, toutefois, de souligner la complaisance de certains journalistes, qui vont jusqu’à affirmer que la supérette qui a été pillée par les « manifestants » l’a été pour des raisons « humanitaires », la nourriture qui a été volée ayant été distribuée à des sans-abri… Applaudissons ces Robin des bois du XXIe siècle, et ayons une pensée pour le gérant dudit commerce dont la caisse enregistreuse a été également dérobée : sans doute un nouvel acte charitable à l’égard des plus démunis…
Intéressons-nous, enfin, aux paroles du ministre de l’Intérieur qui a publiquement « condamné » ces actes tout en omettant de s’expliquer sur l’absence d’interpellation ou de réaction des forces de l’ordre, qui auraient rapidement pu éviter ces exactions pour peu qu’elles n’en aient pas reçu pour instructions de ne pas le faire…
Le général Piquemal aurait dû choisir de manifester contre la loi Travail : il n’aurait pas été placé en garde à vue, n’aurait pas été renvoyé devant le tribunal correctionnel, aurait pu se défouler contre les dépositaires de la force publique et distribuer de la nourriture aux « pauvres »…
Source : http://www.bvoltaire.fr/