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mardi, 19 août 2014

« L’espèce » en voie de disparition ? (par Richard Hanlet)

Publié par Guy Jovelin

Au moment d’ouvrir l’enveloppe de mon avis d’imposition, j’entends à la radio que l’administration fiscale est assaillie de demandes gracieuses de délais ou de non-paiement, avec une augmentation de 20 % en 2013. Et selon le rapport de la Direction générale des finances publiques (DGFP), de 2011 à 2013, le nombre de relances envoyées par le fisc est passé de 4,5 millions à près de 10 millions ! Comme les socialistes aiment tant les pauvres qu’ils s’acharnent à les multiplier, on peut raisonnablement préjuger que ce sera pis en 2014.

Consultant mon avis d’imposition, je découvre un petit rappel : les paiements en espèces supérieurs à 300 euros sont désormais interdits. Bien que n’en ayant jamais usé, je me souvenais de cette possibilité, naguère plafonnée à 3.000 euros. Comme toujours quand il s’agit de piquer notre argent (écologie, sécurité routière), c’est pour la bonne cause : lutter contre le blanchiment d’argent, « notamment de sommes issues du travail non déclaré ». Mais aussi limiter le risque « d’agression à main armée qui met en danger les agents ». (C’est-y pas mignon, cette sollicitude ? Et puis bijoutiers et buralistes se sentent tout de suite moins seuls…).

En fait, la lutte contre l’argent liquide est une vieille obsession de Bercy. Avant l’euro, la Belgique avait un billet de 10.000 francs belges (250 euros), l’Allemagne un billet de 1.000 Deutsche Mark (500 euros), alors que la plus grosse coupure française était le « Pascal » de 500 francs, soit 76 euros… Alors, quand il s’est agi d’émettre des coupures de 500 euros, les inspecteurs des finances en ont avalé leur cravate. Mais nos partenaires ont tenu bon et l’usage s’en est répandu partout… sauf en France, où les caissières d’hypermarchés ne sont pas loin d’appeler la police devant de tels OVNI ! La République revint à l’attaque en 2009, en proposant la disparition des billets de 500 euros parmi les mesures anti-paradis fiscaux d’un rapport parlementaire : « La France doit promouvoir la disparition du billet de 500 euros. Depuis la disparition du billet de 1.000 dollars, le billet de 500 euros représente la valeur en espèces la plus importante. Or, le blanchiment d’argent sale passe très souvent par le recours aux espèces. »

Sans aller jusqu’à Singapour dont la coupure de 10.000 SGD (dollars de Singapour) vaut plus de 6.000 euros, nos élus auraient pu franchir les Alpes pour constater que le billet de 1.000 francs suisses reste très utilisé : « Les billets de banque sont considérés comme un moyen de paiement très pratique. Les Suisses ont également une volonté marquée de protéger leur vie privée. Faire ses paiements en liquide en est une des illustrations », déclare la porte-parole de la Banque nationale suisse. Mais chez nous, le désir de protection de la vie privée vaut présomption de culpabilité. La disparition des espèces et la traçabilité de toute transaction risquent toutefois de poser un sérieux problème aux « canabinothérapeutes » et petits chimistes des zones de non-droit. Mais comme ils ont des notions d’économie très supérieures aux gens du ministère éponyme, il est probable qu’ils créeront leur propre monnaie, ou utiliseront le dollar, la livre ou… le yuan.

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