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mardi, 30 octobre 2018

La gauche, ses bonbons, vieilles lunes et vieilles peaux de loups

Publié par Guy Jovelin le 30 octobre 2018

 

 Le billet de Franck Timmermans
 
 
 
Notre Pays souffre d’une indigestion de Lois. La prochaine sera peut-être à l’initiative d’une députée La Rem contre « la glottophobie », pour sanctionner la moquerie des accents dont Mélenchon se serait rendu coupable, on croit rêver. Mais il y a aussi d’autres « Lois », certaines liées à des coutumes, d’autres à des adages (loi de Murphy etc), ou à des règles sociologiques, mathématiques ou économiques (Loi de Moore etc). Nous souffrons surtout des Lois liberticides et comme s’il n’y en avait pas assez, on invente des concepts autoproclamés « Lois », gravés dans le marbre des Lumières, pour garrotter davantage l’expression. La fameuse Loi de Godwin a ainsi établi que plus une conversation (sociétale ou politique) durait, plus la probabilité d’arriver à une évocation d’Hitler ou du nazisme devenait très forte. On pouvait donc penser au début à une disposition préventive pour limiter le sujet ou pour empêcher tout dérapage. Que nenni, le cadre est largement dépassé puisque, prenant au mot Herbert Marcuse (« Pour une tolérance émancipatrice, il faut être intolérant contre les mouvements de droite et tolérant pour ceux de gauche »), la demande est devenue plus importante, les jeunes d’aujourd’hui étant considérés par la politologue April Kelly-Woessner comme beaucoup moins tolérants qu’hier sur le plan politique. De la sorte, la pseudo Loi de Godwin devient un prétexte pour clore arbitrairement tout débat qui tourne à l’avantage d’arguments de droite : Dans des conversations avec des bobos, les limites définies par Godwin deviennent rapidement caduques, des sujets deviennent tabou, des accusations fusent, le bobo en difficulté trouve en Godwin l’anathème, l’esquive, l’argument de légitimation qui manquait à son discours, et s’érige en Juge du politiquement correct, garant du Pacte républicain, prompt à brandir en toute occasion le glaive nurembergeois ! Pour museler l’adversaire, il convient désormais rituellement de hurler au fascisme. Généralement, le compétiteur de droite se dégonfle, honteux ou ébahi d’avoir enfreint un tel code de déontologie sociétale, culpabilisé par l’opprobre générale que manifestent les témoins ou autres convives, et quasi acculé à l’autocritique. Godwin, le triomphe de Mao ! C’est ainsi que l’imposture se perpétue car il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Satan quand il s’agit de diaboliser la moindre manifestation droitière, nous en savons quelque chose. À Marcuse il faut ajouter BHL, Hessel, et les Moix, Caron, Besancenot, Gauchet, et presque tous les médias. Godwin est un sauf-conduit qui permet la fermeture de tout débat utile à des gauchos en difficulté. Ce faisant, le Godwin institutionnalise à sa façon Hitler pour sauver un système par essence lui aussi liberticide, ce qui ne manque pas de sel ! Mais Godwin repose aussi sur une autre imposture, celle-ci rhétorique car son astuce dialectique n’est autre qu’un syllogisme de basse facture. Il revient en effet au raisonnement suivant, par exemple sur les migrants :
« Les immigrés (A) ont été persécutés par les Nazis (B),
Or vous, la droite (C), êtes hostile à l’immigration (A), au brassage et au vivre-ensemble,
Donc, vous, la droite (C), vous reprenez les thèses Nazies (B) ».
Ce qui codifierait la fameuse Loi selon le processus AB + CA = CB ! On va rigoler !
L’accusation est habituelle et consiste depuis des décennies à rendre intouchable le sujet de l’immigration. En Angleterre, des stars comme Bowie ou Clapton ont été contraints de faire repentance et de condamner Enoch Powell pour les mêmes raisons. Ad nauseam : « votre nationalisme est un creuset réducteur – or Hitler a conceptualisé la race pure en déifiant la nation – donc votre raisonnement aboutit à reproduire les horreurs de l’hitlérisme, etc… »
Ionesco et Montaigne ont en leurs temps ridiculisé l’imposture de l’argumentation par syllogisme pour son simplisme dangereux. Vous pourrez en faire autant avec vos bobos et bonobos locaux en retournant contre eux leur mécanisme sectaire :
« Un nouvel espace vital vous paraît indispensable aux migrants ; (AB)
Or, c’est Hitler qui a théorisé le premier l’espace vital comme légitime pour un peuple ; (CA)
Donc c’est Hitler qui inspire les migrants !!! » (CB) Voilà de quoi mettre de l’ambiance…
Il y a aussi la caricature de leur système généralisateur, leur façon impayable d’amalgamer ;
« La cause animale est bien défendue par les Végans ;
Or Hitler était végétarien, voulait une Allemagne végétarienne et aimait les animaux ;
Donc Hitler fut le premier des Végans ! ». Autre variante de syllogisme à offrir au dessert :
« Godwin met obsessionnellement à toutes les sauces le National-socialisme :
Or, c’est la Gauche totalitaire qui diffuse la pensée de Godwin ;
C’est donc la Gauche totalitaire qui entretient le souvenir du führer pour 1 000 ans ! ».
La Rédaction décline toute responsabilité quant à la fin du repas dont la convivialité doit rester un but ! Mais à l’heure où la société civile s’extrémise et s’éparpille dans toutes sortes de communautarismes, il est bon de rappeler à tous nos thuriféraires de ne jamais avoir peur, de ne jamais avoir honte et de dénoncer, fut-ce par l’humour, toutes les tuniques empoisonnées de Nessus que l’ennemi de la France cherchera à nous faire endosser.