Dans la semaine qui s’ouvre, celle des grèves et de la contestation tous azimuts, le papier que publie ce mardi Le Figaro peut passer pour une incongruité. « La fuite des cerveaux français s’accélère », titre le quotidien qui détaille « une note inédite du Conseil d’analyse économique et sociale », soit l’instance « composée d’économistes » qui conseille le Premier ministre.

Les chiffres, en effet, sont alarmants : bien que les statistiques, là encore, soient insuffisantes (nous n’aimons pas, dans ce pays, comptabiliser ce qui paraît gênant, cf. l’interdiction des statistiques ethniques), il apparaît néanmoins que « le flux net de l’expatriation a doublé entre 2006 et 2011 ». Et il y a fort à parier qu’il s’est grandement accéléré depuis !

Nous l’avons déjà dit et écrit ici : la France se vide par le haut et se remplit par le bas (3 millions de Français vivent aujourd’hui à l’étranger). Certes, certains de nos voisins de la vieille Europe – Espagne, Portugal, Grèce, pour ne citer qu’eux – ne sont pas mieux lotis, mais c’est de la France orgueilleuse et redresseuse de torts que nous parlons. La France perd ses cerveaux, en effet, elle perd ses diplômés, elle perd surtout ses entrepreneurs et ses entreprenants. Elle perd tous ceux qui n’en peuvent plus de ramer à contre-courant d’un pays qui désigne comme coupables ceux qui s’en sortent ou même seulement le veulent.

Nouveauté : après les surdiplômés, puis les diplômés tout court, ce sont maintenant les familles qui cherchent à partir. Ce sera la grande réussite du premier quinquennat de François Hollande (et Dieu nous garde d’en avoir un second !). Cas concret : un couple de trentenaires, trois enfants de 6, 3 et 1 an. Paris étant trop cher pour se loger, ils ont acheté une petite maison à Montreuil (93). Diplômés et classe moyenne supérieure, comme on dit, le hollandisme leur est tombé dessus à bras raccourcis : matraquage fiscal, perte d’allocation pour le 3e enfant, fin de la défiscalisation pour l’emploi à domicile des nounous puis de la jeune étudiante qui doit récupérer les enfants pour cause« d’aménagement du temps scolaire ». La « mixité sociale » leur a imposé de mettre l’aîné au CP à 2 km de chez eux quand il aurait pu être à côté, là où sa petite sœur est en maternelle.

La nourrice à domicile refusant de servir au bébé des petits pots qui n’étaient pas halal, ils ont dû trouver une crèche privée pour le dernier. Places rares et chères. Depuis septembre 2015, les écoles de Montreuil sont en grève tournante : un jour la cantine, un jour la garderie, un jour les maîtresses… On prévient les parents par une feuille A4 affichée sur la porte : demain, pas de cantine… Aucune explication. Débrouillez-vous. Oh, bien sûr, la majorité des mamans de Montreuil sont des femmes « issues de la diversité », de celles qui restent à la maison et parfois enfilent juste le voile sur la robe de chambre pour récupérer les gamins. Alors, les parents « bobos », comme on les désigne si facilement, sont les moutons noirs. D’odieux nantis juste bons à être tondus.

« S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à mettre leurs enfants dans le privé ! » a dit la directrice. On pourrait croire que c’est le but de la manœuvre, en effet : finir d’opérer le tri par l’argent, histoire de soulager un système public en plein naufrage.

Alors, comme les 3 millions de Français qui vivent déjà à l’étranger, cette famille n’a plus qu’une idée : partir, et partir vite !

 

Source : bvoltaire