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vendredi, 04 novembre 2016

L’opération Sangaris : un échec politique qui avait été annoncé

Publié par Guy Jovelin le 04 novembre 2016

Operation Sangaris
Bernard Lugan, africaniste, journaliste, écrivain

♦ Le dimanche 30 octobre 2016, la France a mis un terme à l’Opération Sangaris lancée au mois de décembre 2013 pour mettre fin aux massacres commis par la Séléka[1]. Aujourd’hui, le chaos centrafricain n’a pas cessé et le pays est largement aux mains de cette même Séléka et de ses divers chefs de guerre, souvent des Soudanais.

L’échec est donc total[2] et il doit être imputé aux dirigeants politiques français qui ont constamment donné aux militaires des ordres aberrants.  Rappel des faits et exposé des responsabilités socialistes.


Dans le dossier de la RCA, François Hollande a constamment tergiversé et accumulé les erreurs :

1/ La première date de la fin de l’année 2012 (voir mes communiqués de l’époque) quand, avec peu de moyens, il eut été possible de « traiter » rapidement et efficacement les coupeurs de route de la Séléka. Mais, harcelé par le Quai d’Orsay, François Hollande hésita.

2/ Au mois de mars 2013, alors que tous les connaisseurs du pays le pressaient d’agir, il laissa la Séléka prendre Bangui. La Centrafrique sombra alors dans le chaos cependant que les chrétiens – 95% de la population de souche -, étaient persécutés.

3/ Début 2014, face au désastre humanitaire dont ses hésitations étaient la cause, François Hollande décida finalement d’intervenir mais en précisant toutefois que l’entrée en scène des forces françaises n’avait pas de but militaire…  Nos troupes ne reçurent donc pas d’ordres clairs puisque ni l’ « ami », ni l’ « ennemi » ne furent désignés, Paris demandant simplement à nos soldats de jouer les « bons samaritains ». Pour cette intervention, nos forces n’ont donc pas eu d’objectif clair. Entre l’humanitaire et le désarmement des milices, quelle fut leur mission? On l’ignore toujours…

4/ Le déploiement de notre contingent se fit d’une manière totalement contraire à toute tactique militaire cohérente. Alors que l’objectif militaire prioritaire aurait en effet dû être le verrou de Birao dans l’extrême nord du pays[3] afin de couper la Séléka de sa base soudanaise, il fut au contraire décidé d’enliser les forces françaises à Bangui dans une mission d’interposition relevant de la gendarmerie mobile. L’intérieur de la Centrafrique fut donc laissé à la Séléka qui eut tout le loisir d’y poursuivre ses massacres. L’actuelle situation catastrophique est clairement la conséquence de ce choix militairement incompréhensible. Ce dernier s’explique probablement parce qu’il ne fallait pas « choquer » l’opinion musulmane en paraissant intervenir aux côtés des chrétiens…

5/ Dès le début de l’Opération Sangaris, au lieu de leur demander de détruire  les bandes de laSéléka, Paris ordonna donc à nos soldats de simplement séparer agresseurs et agressés, bourreaux et victimes. Alors qu’il fallait leur donner les moyens de sidérer l’adversaire et de saturer l’objectif, les chiches moyens alloués à nos troupes ne leur permirent que de lancer des patrouilles, non de quadriller et de tenir le terrain. Comment prétendre en effet rétablir la paix dans un pays plus vaste que la France avec seulement 1600 hommes dont plusieurs centaines affectés à la seule garde de l’aéroport ? L’impression d’impuissance fut accentuée par le fait qu’à Bangui, au lieu d’être désarmée, la Séléka voulut bien accepter d’être cantonnée…en conservant ses armes et en gardant ses gains territoriaux à travers le pays.

6/ Alors que la solution était d’abord militaire, le Quai d’Orsay ne cessa d’affirmer que la résolution de la crise se ferait par la reconstruction de l’Etat à travers le mirage électoral de 2016. Or, le président Faustin-Archange Touadéra a naturellement été incapable de reconstituer un « Etat » centrafricain, lequel n’a d’ailleurs jamais existé; sauf peut-être à l’époque de Bokassa.

Aujourd’hui, les massacres sont quotidiens et le pays est coupé en deux. Aucun administrateur sudiste n’ose en effet s’aventurer dans le nord où il s’y ferait massacrer, cependant que les fonctionnaires nordistes ne sont guère volontaires pour venir se faire lyncher à Bangui… Quant aux bandes de la Séléka et à leurs diverticules, elles tiennent plus de la moitié du pays.

Les malheureuses populations occupées sont ainsi revenues aux temps des raids à esclaves lancés depuis le Soudan et dont leurs grands-parents avaient été délivrés par la colonisation. Elles avaient naïvement cru que les troupes françaises étaient venues pour les libérer. Leur amertume est donc grande car l’Elysée n’avait en réalité décidé qu’une gesticulation humanitaire sous habillage militaire.

Bernard Lugan
30/10/2016

 

Source : polemia

lundi, 02 juin 2014

En Centrafrique, la sauvagerie est de retour (par François Jourdier)

Publié par Guy Jovelin

 

On peut craindre de voir un jour Paris accusé injustement, comme au Rwanda, d’avoir favorisé l’épuration confessionnelle en Centrafrique.

Après un certain calme depuis le début de l’opération Sangaris, la situation est en effet désolante, marquée par des drames à répétition. Le 25 mai, trois jeunes musulmans qui se rendaient à un match de football de « réconciliation » sont massacrés. La presse locale précise que « leurs organes sexuels et leur cœur ont été retirés ». Le 28 mai, l’église Notre-Dame-de-Fatima est attaquée et au moins une quinzaine de chrétiens, dont l’abbé Paul-Émile Nzalé, sont massacrés par des assaillants venus du PK5, dernier quartier musulman de Bangui. En représailles, les chrétiens s’en prennent alors à une mosquée.

Rien ne semble désormais arrêter l’escalade.

Les Français, qui n’étaient que 1.600 au début de leur mission, pour un pays plus grand que la France, ont cherché d’abord à s’interposer entre les communautés. Désormais, les 2.000 soldats français et les 5.800 soldats africains de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) sont vilipendés par une partie de la foule au côté de Catherine Samba-Panza, la présidente de transition, qui est perçue comme la protégée de Paris.

Ce qui est navrant, c’est qu’en Centrafrique, il n’y avait pas, avant l’arrivée de la coalition rebelle musulmane Séléka, de conflits interreligieux.

Jusqu’à la colonisation française, les populations de cette région servaient de vivier humain aux esclavagistes musulmans venus du Soudan : elles se convertirent donc massivement au christianisme. Les Centrafricains de souche sont à 95 % chrétiens et animistes, les 5 % restants vivant dans l’extrême nord-est du pays. Les musulmans de Bangui étaient alors pour la plupart des étrangers, surtout des commerçants tchadiens ou maliens qui étaient acceptés. Lire la suite