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samedi, 17 février 2018

Indépendants : les limites du non salariat

Publié par Guy Jovelin le 17 février 2018 

Rédigé par notre équipe le 16 février 2018.

Le salariat est une aliénation de l’être humain qui peut se révéler très malsaine. L’individu n’est plus qu’un subordonné qui accepte toutes les tâches qu’on lui donne dans l’espoir de toucher un salaire souvent faible et d’éviter le chômage par tous les moyens. Le salariat est une soumission plus ou moins volontaire à laquelle certains préfèrent le travail indépendant. Ce dernier est de plus en plus présenté comme la panacée, mais à y regarder de plus près indépendance ne rime pas souvent avec richesse.  

La sortie du salariat est souvent vécue comme une renaissance. Après des années à devoir s’écraser sous le poids d’un chef ou d’une direction méprisante, travailler pour soi donne un parfum de liberté. Maître de son emploi du temps, libre de mettre en pratique ses idées, le terme d’indépendant n’est pas usurpé même si des contraintes existent et pèsent parfois lourdement. Côté politique, l’indépendance est plus perçue (et vendue) comme un moyen de s’enrichir beaucoup et vite. Vous avez l’âme d’un entrepreneur ? Vous avez une idée géniale ? Lancez-vous, créez votre boîte et devenez le nouveau Bill Gates ! Macron pense que le rêve de tous les enfants est de devenir milliardaire alors allons-y gaiement !

Indépendants et pauvres

Pourtant une étude de l’INSEE parue cette semaine montre que les travailleurs indépendants sont loin d’être tous logés à l’enseigne de la réussite et des millions. Selon les chiffres officiels, ils sont 2,7 millions (hors secteur agricole – pas besoin de plomber des chiffres déjà mauvais) de non salariés à travailler. Pour 89 % d’entre eux, il s’agit de leur activité principale. A l’intérieur, les disparités sont énormes. Pour sortir gagnant de cette affaire, il faut avoir fait de longues études et endosser les habits de médecin, dentiste, pharmacien, comptable ou juriste. Généralement, ces professionnels émargent à plus de 4 000 euros par mois.

Le reste est beaucoup moins attrayant, un indépendant sur deux gagne moins de 2 290 euros par mois, un quart gagne moins de 1 100 euros par mois et un sur dix gagne moins de 480 euros mensuels. On est plus proche du cauchemar que du rêve jupitérien. Mais dire qu’on est auto-entrepreneur, c’est plutôt tendance. Le vent de l’entrepreneuriat souffle fort depuis mai 2017 et tant pis si les chauffeurs de VTC ont juste de quoi se payer un sandwich et le plein d’essence. Ils ne sont pas employés ! Ils sont libres ! Sauf que dans notre société, la misère impose des chaînes dont il est impossible de se délivrer. Il faut soit subir jusqu’à la fin de sa vie soit sortir du système.

L’image du self-made man, de l’entrepreneur parti de rien et qui a bâti un empire doit rapidement sortir de l’esprit des gens. Hollywood et la poudre de perlimpinpin sont là pour faire rêver. La réalité sonnante et trébuchante est bien moins attrayante. Mais au moins, les indépendants ont une qualité précieuse pour le politique comme Macron. Avec les trois clopinettes qu’ils parviennent péniblement à gagner et leur statut qui sonne bien, ils sont directement hors des statistiques du chômage. Et quand les statistiques sont bonnes, c’est une réélection d’assurée !

Riches (pas beaucoup), pauvres (beaucoup), voire très pauvres (beaucoup trop), peu importe pour nos politiques. Vive le travail non salarié !

 

Source : 24heuresactu