Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 23 mai 2016

Bientôt jusqu’à 40% de pub à la télé : vive la société de consommation !

Publié par Guy Jovelin le 23 mai 2016

DCF 1.0

Il se prépare une réforme de la directive européenne qui régit les services médias audiovisuels (télévision, radio,…). Le projet de texte de cette réforme sera présenté la semaine prochaine par la Commission. Ce projet prévoit de permettre encore plus d’invasion publicitaire.

Aujourd’hui, la réglementation européenne impose aux chaînes de télévision de ne pas dépasser une limite de 20% de publicité par heure. Mais les lobbies ont obtenu bien plus. Le projet de réforme prévoit qu’une chaîne de télévision pourrait diffuser 30 ou même 40% de publicité durant les heures de grande écoute (entre 19h et 22h) et compenser cela en ne diffusant que 10% de publicité durant les heures creuses de la matinée.

Le projet de réforme prévoit également de permettre aux chaînes de télévision d’interrompre plus fréquemment les films par des sports publicitaires. Jusqu’ici, la réglementation prévoit que les coupures publicitaires doivent être espacées d’un moins trente minutes. La Commission propose de permettre d’interrompre un film toutes les vingt minutes pour des pages publicitaires.

Enfin, le projet de réforme devrait également autoriser plus de placements de produits dans les programmes, c’est-à-dire de la publicité déguisée disséminée dans le programme. Seuls les programmes religieux, les journaux télévisés et les émissions pour enfants devraient être préservés de cette intrusion publicitaire déguisée.

Voilà qui rappelle cette citation de Patrick Le Lay lorsqu’il était président directeur général du groupe TF1 :

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.

Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise.

La télévision, c’est une activité sans mémoire. Si l’on compare cette industrie à celle de l’automobile, par exemple, pour un constructeur d’autos, le processus de création est bien plus lent ; et si son véhicule est un succès il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n’en aurons même pas le temps !

Tout se joue chaque jour, sur les chiffres d’audience. Nous sommes le seul produit au monde où l’on ‘connaît’ ses clients à la seconde, après un délai de 24 heures. »

— extrait tiré du livre Les dirigeants face au changement, Éditions du Huitième jour, 2004

 

Source : medias-presse.info