La lourde condamnation de Radovan Karadžić par le TPIY (Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) ne peut surprendre personne, et certainement pas l’intéressé lui-même. Ce dernier aurait pu reprendre à son compte la déclaration de Slobodan Milošević lors de sa présentation devant le même tribunal : « Je ne suis pas ici pour être jugé mais pour être condamné. » C’est qu’en effet, cette machine judiciaire ad hoc n’a pas été instituée pour juger impartialement des hommes, ni même des actes commis par eux, mais pour écrire l’Histoire dans le sens qui convient aux puissants qui l’ont instaurée.

En l’occurrence, la sentence qui vient d’être prononcée, comme toutes celles qui l’ont précédée, a pour but d’ancrer à jamais dans les esprits que les États-Unis ont agi pour le bien de l’humanité en détruisant la Yougoslavie, en écrasant la Serbie et en favorisant l’instauration d’un État islamique en Europe. Ceux qui s’y opposaient étaient forcément coupables. C’est naïveté de croire qu’on jugeait les moyens, alors qu’on jugeait les fins (il suffit de constater la clémence avec laquelle le TPI a jugé les crimes de la partie adverse).

La condamnation de Karadžić était tellement prévue qu’elle constitue un non-événement. La seule chose qui mérite qu’on s’y arrête est la servilité avec laquelle nos médias ont accueilli la nouvelle, reprenant à l’occasion tout le catalogue du manichéisme déployé dans les années 90, et méprisant souverainement les apports faits par les chercheurs honnêtes pour rétablir la vérité des faits.

Dans le présent contexte international et national, la condamnation de Karadžić et l’obstination de nos médias dans la cécité prennent un caractère sinistrement ironique. Le propre des procès politiques est de focaliser l’attention sur les faits bruts (dans le cas présent : crimes de guerre, « génocides », violences en tout genre), au besoin en les trafiquant, et d’éliminer la prise en considération des causes et des mobiles. Aussi prend-on grand soin de ne pas rappeler ce qui a mis le feu aux poudres en Bosnie et mené aux événements (effectivement détestables) prétendument jugés.

Il est donc très politiquement incorrect (mais conforme aux exigences de la vérité historique) de rappeler que cette guerre civile a eu pour cause unique et déterminante le refus des Serbes de Bosnie (33 % de la population) de devenir les citoyens de seconde zone d’un État islamique, dans le cadre d’une sécession de la Fédération yougoslave unilatéralement décrétée par la partie musulmane, sous la conduite d’Izetbegović (d’où le fait qu’ils aient eux-mêmes fait sécession au sein de la sécession).

Dans un article publié sur ce site, Fabrice Garniron a clairement montré comment le prétendu « multiethnisme », dont on nous a rebattu les oreilles, était un miroir aux alouettes à l’intention des gogos de l’Occident, Izetbegović ayant par ailleurs proclamé sans ambiguïté ses véritables intentions.

 

Source : http://www.bvoltaire.fr/