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lundi, 31 juillet 2017

Après l'affrontement entre Macron et le général de Villiers, 15 haut gradés racontent "leur blessure profonde"

Publié par Guy Jovelin le 31 juillet 2017

Jade Toussay Journaliste

Entre le chef de l'Etat et l'armée, le divorce est consommé.

STEPHANE MAHE / REUTERS
Après l'affrontement entre Macron et le général de Villiers, 15 haut gradés racontent "leur blessure profonde"

POLITIQUE - Manque d'humilité, "mépris", "manipulation"... Deux semaines après la déclaration de guerre entre Emmanuel Macron et l'ancien chef d'état-major des armées Pierre de Villiers, qui a abouti à la démission de ce dernier, quinze haut gradés de l'armée ayant quitté le service dressent un bien triste tableau des relations actuelles entre l'armée et son chef.

"La blessure est profonde". Dans une lettre ouverte, publiée dans Capital jeudi 27 juillet, les militaires se défendent de parler "au nom de l'Armée, 'cette grande muette'". "Nous estimons, en revanche, de notre devoir de vous faire part de notre indignation", annoncent-ils. Et de remettre en doute les engagements du nouveau président vis à vis des services militaires.

"L'armée est peut-être muette, mais elle n'est ni sourde ni aveugle, ni amnésique", soulignent ainsi les signataires, en rappelant les différents signaux envoyés par le candidat puis le président Macron au cours des derniers mois. "Mais alors tout cela n'était-il que promesses, paroles et maniement des symboles?"

"Humiliation" publique et vexation

Parmi les premiers reproches adressés au président de la République, le reniement de ses engagements, alors que Emmanuel Macron a usé à plusieurs reprises de ce terme devant les corps de l'armée.

"Nous ne demandons qu'à le croire, mais pour l'instant vous ne les tenez pas", affirment les militaires, avec en exemple la coupe budgétaire annoncée par le président -une "manipulation"- et le "reniement" que représente la démission contrainte de Pierre de Villiers, pourtant été prolongé d'un an au début du quinquennat.

Les signataires de la lettre regrettent également la gestion de la crise par le président, qui avait lui même accusé le général de Villiers "d'étaler certains débats sur la place publique". "Mais alors est-il vraiment digne de réprimander, non seulement en public, mais devant ses subordonnés, un grand chef militaire, au sujet de propos destinés aux membres d'une commission parlementaire, au cours d'une audition censée être confidentielle?", répondent les auteurs du courrier, qui s'insurgent alors contre "une humiliation publique".

Autre motif de tension, toujours pas digéré? Le "Je suis votre chef" d'Emmanuel Macron, lâché la veille du 14-juillet. "Tous les militaires le savent et ils sont vexés que vous le leur rappeliez", répliquent les 15 auteurs de la lettre, qui rappellent que "si la jeunesse" du président est "une excellente chose, elle ne vous a pas apporté l'expérience du Service sous les armes. Personne ne vous le reproche, mais ceci implique un minimum d'humilité (...) Ce défaut d'humilité est une erreur, Monsieur le Président."

"En conclusion, vous aurez compris, Monsieur le Président, que vos paroles publiques visant le Général De Villiers n'ont pas seulement atteint ce grand serviteur de la France et de nos armées mais aussi un grand nombre de militaires qui, comme nous, se sentent humiliés", concluent les militaires, qui critiquent l'opération de "communication" du président à Istres, aux côtés de son nouveau CEMA François Lecointre. "Laissez les symboles et les discours et passez aux actes concrets pour vos militaires. Vous êtes leur chef constitutionnel, soyez-le dans leur vie réelle, écoutez-les, respectez-les."

 

Source : huffingtonpost

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