Depuis l’assassinat de Mauranne et Laura, à la gare Saint-Charles de Marseille, les préfets ont des consignes strictes du ministre de l’Intérieur et numéro 2 du gouvernement, Gérard Collomb, pour organiser les procédures d’éloignement, voire de « rétention » des migrants illégaux. Très bien. On ne peut qu’applaudir.
Là où les choses se compliquent, c’est qu’il est absolument impossible de faire exécuter ces décisions. Ceci en raison de procédures qui, dans les faits, s’opposent à la « rétention » (le mot « rétention » plaît davantage aux oreilles chastes et de gauche que le mot « détention ») de ces personnes qui séjournent en toute illégalité dans notre pays.
Par ailleurs, même si les procédures étaient modifiées, simplifiées, se pose un autre problème, totalement insurmontable, celui-là : il n’y a plus de places pour la « rétention » des clandestins. Le nombre de ce type de places est exactement de 1755, dont 184 dans les territoires d’outre-mer. Mais même si la totalité de ces 1755 places étaient implantées en Guyane, elles ne suffiraient déjà pas pour retenir les flots de migrants illégaux ayant envahi le territoire guyanais. Idem à Mayotte. Idem à Calais.
Les préfets ne peuvent donc pas appliquer la circulaire de leur ministre de tutelle. A qui la faute ? A beaucoup de monde, mais en particulier à un ministre de la Justice nommé Christiane Taubira, coqueluche des médias il y a peu, et en tout cas dans le même parti que Gérard Collomb…
Nous en sommes à guetter les places qui se libèrent dans les CRA, les centres de rétention administrative. Dès qu’une place est inoccupée, un clandestin y est acheminé.
16 à 18 heures de route
Les syndicats de police dénoncent à longueur de journée une situation ubuesque, qui oblige une escorte policière à trimballer par exemple un migrant illégal arrêté à Briançon jusqu’à un centre de rétention situé à Toulouse : 1400 kms aller-retour pour les fonctionnaires, 16 à 18 heures de route, simplement pour s’assurer de la détention d’un individu. Quand on sait que les illégaux se comptent désormais par centaines de milliers, on imagine les terrifiants volumes de temps passés sur la route et le coût représenté par ces voyages insensés.
Mais plus aberrant encore : si l’interpellé, bien conseillé, refuse son placement en rétention, une fois arrivé au centre d’affectation, il doit alors être renvoyé devant un juge du tribunal du lieu d’interception. Reprenons l’exemple du migrant de Briançon. S’il refuse son internement, les fonctionnaires de police doivent le transporter jusqu’au juge de la ville de Gap, compétent pour Briançon. C’est en quelque sorte un retour à la case départ, qui double le temps et la distance (et le coût) de l’opération ! Les sites des syndicats de police sont remplis de récits de ce genre, qui traduisent une irritation certaine chez ces fonctionnaires : longues absences loin de leur famille, fatigue, dangerosité des individus transportés, risques d’évasion démultipliés, mais surtout un sentiment d’inutilité absolue.
Synergie Officiers, syndicat affilié à la CGC, évoque par exemple le cas d’un clandestin arrêté à Grenoble et placé en rétention à Lille, au seul motif qu’une place venait enfin de s’y libérer. « Inertie, absurdité ou sabotage ? », s’interrogent les policiers.
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