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dimanche, 24 décembre 2017

La meilleure manière de devenir fou ... Nous assistons au triomphe de l’insignifiance

Si vous me lisez à l’occasion, vous le savez, notre époque m’exaspère.

Non pas que je rejette en bloc ce qu’elle nous offre. Comme tout le monde, je me réjouis des progrès de la médecine, des transports et des communications.

Je suis aussi fasciné par la révolution technologique permanente, qui façonne nos existences même si elle s’accompagne d’un reconditionnement sans précédent de nos comportements sociaux qui ressemble à de l’esclavage. 

Au terme de notre vie, nous aurons passé l’essentiel de notre temps à regarder notre téléphone comme des zombies.

Instagram

Mais ne chignons pas : la révolution technologique améliore nos vies. On peut lui dire merci.

Non, ce qui m’exaspère relève d’un autre registre : c’est la conception de la réussite sociale qui domine les esprits.

Il y a quelques semaines, j’écoutais Tout le monde en parle. Parmi les invités, trois vedettes Instagram, un garçon et deux filles, qui doivent une bonne partie de leur réussite à leur maîtrise des médias sociaux.

L’entrevue était réussie. Mais ce qu’elle révélait indirectement de notre société était effrayant.

On m’a expliqué à plusieurs reprises ces derniers mois le principe d’Instagram. J’ai fini par comprendre. En gros, il s’agit de se mettre en scène de façon permanente, pour exciter la jalousie de ceux qui scrutent notre existence. Instagram pousse à une concurrence sauvage dans la société de l’image.

Une de mes amies résume cela méchamment : il s’agit de se mettre en scène avantageusement pour que ceux qui nous suivent se sentent minables.

On glamourise sa vie, on se prend pour la vedette d’un documentaire hollywoodien et on espère faire baver le grand nombre.

Cette valorisation conjuguée du voyeurisme et de l’exhibitionnisme est dégradante pour l’être humain.

À toujours se photographier, à toujours prendre la pose, à se soumettre ainsi à la tyrannie de la photo léchée, c’est la possibilité d’habiter le monde intimement, sans toujours se croire sur une scène à jouer son rôle de vedette fière de l’être qu’on sacrifie. C’est à la vie intérieure qu’on renonce.

Et ce qui m’a bouleversé, c’est lorsqu’on m’a expliqué à quel point la jeune génération est socialisée à travers cet univers mental.

Camelote

Comment croire qu’on ne déstructure pas intimement la psychologie des jeunes hommes et des jeunes femmes quand on les soumet à la pression psychologique permanente du vedettariat instantané. On les pousse à la détresse.

Dans ce monde, il est bien facile de sentir qu’on ne vaut rien.

On ne sait plus qui admirer. Les grands héros politiques ? Les grands écrivains ? Les grands philosophes ? Les grands scientifiques ?

On nous offre plutôt de la camelote, du toc, du préfabriqué, de l’insignifiance, du nihilisme.

Comment se surprendre que, dans ce vide existentiel, les masses soient poussées à se jeter dans les soldes du Vendredi fou et autres niaiseries inventées pour nous convertir à la consommation intégrale ? Ce monde est peut-être luisant. Il n’en est pas moins barbare.  

Des enseignantes interrompent la projection d'une séance quand elles s'aperçoivent qu'il s'agit d'une histoire de Noël

Publié par Guy Jovelin le 24 décembre 2017

Etoile-de-noël"Le 13 décembre, un groupe scolaire de 83 écoliers du Langonnais assistait à une projection du film d’animation américain « L’Étoile de Noël » au cinéma Le Rio de Langon quand celle-ci a été interrompue à la demande des enseignantes. Elles se sont en effet aperçues qu’il y avait un problème de thématique et qu’il ne correspondait pas au choix qu’elles avaient fait.

Il est vrai que le synopsis de ce film de Timothy Reckart parle avant tout d’une histoire d’animaux : « Un petit âne courageux, Bo, rêve d’une vie meilleure loin du train-train quotidien du moulin du village. Un jour, il trouve le courage de se libérer pour vivre enfin la grande aventure avec une brebis, une colombe, trois chameaux déjantés et des animaux de la ferme, très excentriques… »

Mais on se rend compte au fil de l’histoire qu’il ne s’agit pas d’un film sur une légende de Noël mais sur l’histoire de la nativité, de la naissance de Jésus, du périple de Marie et Joseph jusqu’à Bethléem… Le film puise d’ailleurs son contenu dans les Évangiles, ce qui n’est pas laïque…

« J’avoue que je n’avais pas vu le film avant, il vient d’un grand studio américain », reconnaît le responsable du Rio, Emmanuel Raymond, qui a remboursé la séance. Les écoliers sont retournés en classe et une autre séance de cinéma aura lieu l’an prochain."

On espère que ces enseignantes passeront leur 25 décembre à corriger des copies.

Michel Janva

 

Source : lesalonbeige