Ilias, réfugié somalien, arrivé en France il y a 2 ans : » Si on parle votre langue, le Français dit ‘bienvenue’ mais si on le parle pas, il dit le contraire »
Ilias est arrivé en France il y a 2 ans. Ce Somalien de 29 ans a dû quitter son pays car il y était menacé de mort. Pendant plus d’un an, il a alterné entre la rue, les appartements de ses amis et les chambres d’hôtels. Depuis juin, il a intégré le programme Elan et vit, désormais, dans sa nouvelle « famille d’accueil ». Au départ, il ne connaissait pas un mot de français hormis les chiffres, » j’avais besoin de les connaître si je voulais acheter des choses « . Depuis son arrivée dans « sa famille » comme il l’appelle, ses progrès sont spectaculaires :
Je me sens bien, je sens qu’ici j’habite avec ma famille, j’ai franchi une étape par rapport à avant. Quand je suis arrivé, j’avais pleins de questions, je demandais toutes les 5 minutes : » C’est quoi ça ? Et ça ? » Pour moi, c’était une surprise quand j’ai vu la chambre, je me suis dit » c’est grand ! «
Il a aussi découvert les vacances, un concept qu’il ne connaissait pas en Somalie. Paul et Brigitte, sa « famille » d’accueil, est ravi de l’intégration réussie d’Ilias dans leur cercle familial. Même si Paul reconnait qu’il y avait une certaine « appréhension » au début, tout s’est dissipé très vite au vue du projet et de la motivation d’Ilias pour sa nouvelle vie française.
Ce qui était important pour nous, c’était le sérieux de sa motivation. C’est à dire que l’on ne fasse pas ça pour rien. Il nous a dit tout de suite, je veux m’intégrer, je veux parler français, je souhaite fonder une famille. Je pense qu’il a une réelle motivation et ça nous plaît beaucoup parce qu’on l’impression de servir cette motivation. S’il arrive vraiment à une autonomie complète, c’est gagné.
Paul, retraité à Gif-sur-Yvette (Essonne) : » Ce programme, ça nous change vraiment le regard sur l’autre »
En France, de nombreux migrants n’ont pas accès aux centres d’hébergements d’urgence, par manque de place ou parce qu’ils sont sur le territoire illégalement. C’est le cas des migrants qui ont déjà été fichés dans un autre pays de l’Union Européenne. Discuter avec Ilias, des difficultés concernant l’immigration mais aussi de parler de la vie en générale a permis à Paul de prendre conscience de certaines réalités concernant la vie des réfugiés :
D’un point de vue mathématique, on peut se dire que s’il y avait seulement 1 famille française sur 1000 qui faisait cet effort-là, il n’y aurait plus de problème de migrants. Le deuxième point que je trouve aussi, très important, dans cet accueil, c’est justement de faire disparaître le mot » problème de migration ». Pour nous, Ilias, ce n’est pas un migrant, c’est Ilias et ça permet finalement de voir la personne derrière.
Aujourd’hui, des liens forts se sont créés entre la famille de Paul et Ilias. Paul sait qu’ils ne « vont pas disparaître comme ça ». Des cas comme Ilias, il y en a 34 en Île de France. Nadège Letellier est responsable du programme Elan au Samu Social de Paris, elle voit que cette méthode fonctionne et permet au réfugié logé, de se faire une place dans la société française. Cette cohabitation permet d’offrir de beaux échanges à la famille qui l’accueille :
Rencontrer l’autre et l’accepter en tant que tel, découvrir sa culture, sa manière de penser et de voir les choses, c’est forcément des expériences qui enrichissent personnellement. Je pense qu’une intégration réussie, ce n’est pas avant tout, travailler et avoir un logement. Je pense que pour se sentir bien, avoir une place, sa place, il faut aussi un réseau amical et familial. Le fait d’être accueilli, comme ça, dans une famille française, renforce ce sentiment d’inclusion et ça leur redonne confiance.
Pendant qu’Ilias vit chez Paul et Brigitte, le programme Elan l’aide dans ses démarches administratives. Une méthode qui fonctionne puisque certains réfugiés qui ont intégré le programme sont devenus autonomes.
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