Comment passer à côté de l’information économique de ce début de semaine ? La France s’enorgueillit d’une baisse de son déficit public qui lui permet de respecter (une fois n’est pas coutume) la règle bruxelloise des 3 %. En effet, selon l’INSEE, le déficit de la France en 2017 est de 2,6 % soit la moins mauvaise performance depuis dix ans. Si les médias crient au génie, les Français, eux, devraient comprendre que la situation économique et financière est au moins toujours aussi préoccupante malgré les quelques signaux envoyés par un Gouvernement qui joue sa crédibilité sur cette question.
Hollande a perdu la possibilité de se représenter à cause d’un bilan économique catastrophique laissant la place à son conseiller et ministre de… l’Economie. Le tour de passe-passe a fonctionné dans les urnes, mais il est désormais temps de donner quelques garanties sur la capacité de Macron – en tant que président – à redresser une économie qui nage en plein marasme. Miracle jupitérien, moins d’un an après le braquage élyséen, les comptes sont dans le vert (ou presque).
Un déficit en légère baisse – des politiques qui exultent
Le déficit de la France en 2017 « n’est que » de 2,6 % du PIB. La France continue ainsi de s’endetter, mais à un rythme un peu moins élevé que d’habitude. Cette situation s’apparente à un ménage gravement endetté qui se réjouirait car sa dette a moins progressé… La France continue de creuser sa dette, mais est enfin parvenue à rentrer dans les clous bruxellois qui imposent un déficit annuel de 3 % au maximum. Pour une fois qu’une des règles budgétaires est respectée par la France, c’est le délire dans les rédactions des quotidiens économiques et si le champagne n’est pas encore sabré officiellement dans les ministères, les sourires s’affichent publiquement.
Pourtant, derrière ce chiffre d’un déficit de 2,6 % se cachent bien d’autres indicateurs économiques peu reluisants. La dette a mécaniquement montée à 97 % du PIB (contre 96,7 % en 2016), le chômage est toujours aussi élevé (même si les listes de chômeurs vont être balayées d’un revers de main) et la fameuse croissance – en hausse de 2 % en 2017 – ne suffit pas à redorer une économie française qui fait mine de se réformer, mais qui ne fait que donner plus à ceux qui ont déjà tout. Bruno Le Maire s’auto-congratule et affirme que c’est la France En Marche qui connaît ses premiers triomphes.
La réduction du déficit public pourrait toutefois être saluée dans cet article en disant qu’il s’agit de la première pierre d’un redressement forcément lent, mais solide. Mais la lecture des chiffres n’est pas du tout encourageante. En effet, pour parvenir à un déficit en très légère baisse, l’Etat a pu compter sur une hausse des recettes et non sur une baisse des dépenses publiques. Ces dernières ont augmenté de 2,5 % rien qu’en 2017. Le taux des prélèvements obligatoires est passé de 44,6 % à 45,5 % entre 2016 et 2017 et les Français sont toujours dans l’incapacité d’augmenter vraiment leurs capacités d’épargne.
Ainsi, derrière les résultats en trompe-l’œil, c’est bien tout un pays qui continue de sombrer. Macron avait prévenu que les effets (soi-disant positifs) de sa politique prendraient du temps. Aujourd’hui, le ministre de l’Economie tweete sa satisfaction du devoir accompli… Assez pour prétendre à un retour du « triple A » perdu avec pertes et fracas en 2013 ? Ce retour serait le symbole triomphant d’un succès unique dans l’histoire récente de l’économie française. L’objectif est irréalisable, mais qui sait ? Avec des accointances dans la haute finance, tout est possible. A tel point que le changement pourrait être maintenant…
Source : 24heuresactu
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