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mercredi, 15 août 2018

Jadis, elle aidait les migrants

Publié par Guy Jovelin le 15 août 2018

 

 

Il y a des phrases qui déconcertent, l’une d’elles : « Vous n’aurez pas ma haine. »
Eh bien, la mienne, vous l’avez et profond ! Vous pouvez compter sur moi. C’est mathématique et certifié.
Ici, je recopie une partie de l’excellent article de Raphaël Delahaut :
https://ripostelaique.com/les-parents-perez-orphelins-de-...

Autrefois, au temps des guerres, il existait un dérivatif à cette souffrance, une manière de contre-feu qui permettait de survivre, de ne pas s’effondrer, de rester debout.
C’était la haine 
On savait qui était l’ennemi. On pouvait le nommer et le haïr. On pouvait le combattre et le tuer, sans crainte ni remords… Le jeune homme qui, comme mon grand-père, avait vu son frère aîné mourir au champ d’honneur, s’engageait avant l’âge pour aller le venger. Et les pères, comme les mères, entretenaient cette flamme salvatrice de la haine légitime. Mais les parents d’aujourd’hui n’en ont plus le droit. Ils ne sont même plus autorisés à désigner l’ennemi, à nommer les assassins de leur fils.

Il a tout compris !
Personnellement, je ressens de la haine, et pire encore, contre les envahisseurs. J’ai commencé par vouloir aider les migrants, comme tout le monde, comme mes amies, mes cousins et cousines et toute la bonne société bien-pensante. J’ai même dû m’inscrire sur des listes d’attente. Deux ans durant, j’ai joué à la dame patronnesse, à la bienfaitrice des mineurs abandonnés, à la protectrice des nouveaux venus. Mais c’est fini. Plus jamais.

Je me rappelle exactement le jour où ma haine a germé quand, pour la première fois de toute ma vie, j’ai ressenti une irrépressible répulsion, une horreur inexprimable (sauf, bien entendu, lorsqu’une collègue, insignifiante et pas marrante du tout, m’a piqué mon copain de l‘époque et que j’ai rêvé de tortures abominables à son encontre, mais c’était il y a longtemps). Le 16 octobre 2016, lorsque Maria, étudiante en médecine qui, dans son temps libre (et dites-moi, quand une étudiante en médecine a-t-elle du temps libre ?) enseignait l’allemand en bénévole à des réfugiés, a été violée, torturée et noyée par un soi-disant mineur ! Ce jour-là, tout a basculé dans ma tête.

Maria 6 décembre 1996 – 16 octobre 2016

Car j’ai des enfants, plusieurs petits-enfants, et c’est moi qui prendrais perpète s’il leur arrivait quelque chose. Car plus jamais je ne serais heureuse. Fini. Chaque matin, en me réveillant, la réalité me reprendrait à la gorge.

Barbares, pourquoi vous avez ma haine et pourquoi vous l’aurez tant que vous n’aurez pas dégagé :

Parce que j’ai peur pour mes enfants
Parce que je n’ose plus parler librement
Parce que la plupart de mes amis me traitent de raciste
Parce que vous tuez nos enfants
Parce que vous avez systématiquement un couteau en poche
Parce que vous nous bouffez les allocs
Parce que vos femmes voilées sont une provocation et rien d’autre
Parce que vous vous comportez comme en pays conquis
Parce que je n’ose plus prendre les transports en commun
Parce que vous transformez nos villes en poubelles
Parce que vous tentez sournoisement de susciter notre compassion
Parce que votre vue, à elle seule, me fout la nausée
Parce qu’on vous qualifie de « français » alors que votre nom est Saïd, Mohammed ou Mamadou.

Pour ma part, j’éprouve un sentiment de brûlure qui me paraît à la fois très sain et parfaitement logique au vu de ce qui se passe. Ne pas avoir de haine, ne pas détester ceux qui assassinent des milliers d’innocents au nom de leur dogme minable, j’appelle ça être dans le déni, ni plus ni moins. Alors oui, il me paraît normal d’être passablement irritée lorsqu’on massacre votre mari, vos amis, vos enfants. Et non, je ne fais pas partie de ceux qui sont dans la résignation pure et dure. Je fais partie de ceux qui en ont assez que rien ne se fasse et que l’État, tout comme la plupart d’ailleurs, reste toujours passif face à ce déferlement de haine et de violence.

Autre (bout de) phrase récurrente :

JE SUIS :

T-shirts, cendriers, tasses et stylos, briquets et autres souvenirs la propagent à qui mieux mieux.

J’ai envie d’ajouter :

JE SUIS :

dégoûtée, horrifiée, terrifiée, angoissée. Mais surtout, surtout, horriblement pressée de vous voir faire demi-tour, avec bagages, moukères, rejetons et cocotte à tajine. Et n’oubliez surtout pas vos voiles et vos oripeaux burlesques. Et vos couteaux, vos machettes et saignoirs. Plus besoin. On ne veut pas de vous ici. Ça doit être gratifiant pour vous de savoir qu’autour de vous, on vous déteste. Qu’on ne demande qu’une chose, que vous décampiez. Le plus tôt possible. Que vous nous laissiez vivre comme avant. Quand nous étions à mille lieues d’imaginer ce qui nous attendait.

Barbares, je suis pour qu’on vous rembarque tous d’où vous venez. Qu’on vous envoie promener dans les sables chauds de votre terre d’amour et de paix. Qu’on vous rende à vos chameaux. Billet simple.

Et ma haine, vous l’avez, vous l’aurez, vous l’avez eue, vous l’eûtes, vous allez l’avoir, vous l’auriez, que vous l’eussiez, vous l’aviez, à tous les modes et à tous les temps de la conjugaison française et ce, pour de bon !

Anne Schubert

 

Source : lesobservateurs

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