Projets immobiliers, développement économique, début de vague de contestation : le maire de La Cavalerie Bruno Ferrand évoque tous les aspects de l'arrivée de la 13e DBLE au camp militaire .
Au printemps, lorsque les tractations ont débuté, vous n'y "croyiez pas vraiment". Maintenant que c'est officiel, qu'une demi-brigade de la Légion étrangère va bien installer ses valises au camp, comment accueillez-vous cette nouvelle ?
L'arrivée de la Légion va permettre la rénovation de ce bâti. Pour toutes ces raisons, son arrivée me fait très plaisir. J'y suis même ultra-favorable et ça ne me pose aucune difficulté de le dire. Et je ne pense pas être le seul...
Des aménagements vont être nécessaires dans la commune : qu'avez-vous dans les tuyaux ?
Pour l'instant, les chiffres des effectifs sont encore un peu flous. On pourra se projeter une fois que le comité de pilotage sera créé. Alors, on sera exactement ce qu'il en est, en termes d'effectifs et d'infrastructures nécessaires. Ceci dit, le village est prêt à accueillir ce régiment et ne manque pas de projets. Pour commencer, ça va conforter la création du village de marques. Le promoteur, qui n'a pas attendu la Légion pour faire avancer le dossier, s'en est réjoui. À ce jour, la commercialisation des lots est même bien avancée...
Et sur le plan immobilier ?
Sur le village, on dispose de multiples terrains constructibles. On est déjà en contact avec un privé qui envisage de construire 45 lots de lotissement. On a aussi l'ambition de bâtir un grand gymnase et ce, depuis plusieurs années. Pareil, ça devrait faciliter son aboutissement, même si la décision finale appartient aux élus communautaires. De plus, la commune va bénéficier de nouvelles rentrées fiscales grâce à la Légion, et cela nous aidera à développer l'accueil de la petite enfance, à favoriser plus de centres aérés, et booster l'installation des commerces manquants.
Actuellement, sur la commune, il y en a combien ?
En gros, on compte deux boulangeries, un supermarché, deux bars alors qu'il y en avait cinq à la grande époque, une boutique de souvenirs... Bref, pas grand-chose. Or, depuis l'annonce de la décision, de nombreuses personnes sont venues nous dire qu'elles étaient prêtes à se lancer, à ouvrir des commerces dont on pourrait tous avoir besoin, à commencer par une boucherie.
Comment les Cavalériens réagissent à cette décision ?
Pour la grande majorité des habitants, c'est plus perçu comme une chance que comme une contrainte. Dans le passé, bon nombre d'entre eux ont déjà partagé leur quotidien avec une forte population militaire.
Une frange de la population semble pourtant s'y opposer ?
Ce qui me gêne, chez ceux qui sont contre, c'est qu'ils arrêtent une réflexion sur un territoire par rapport à une idéologie. Il faudra peut-être faire des efforts d'information pour rassurer tout le monde. Mais ne pas reconnaître les apports d'une telle installation, je trouve cela pas très humain. Qu'on soit antimilitariste, voire chamboulé par la nouvelle, c'est une chose. Pour autant, il faut aussi que ce groupuscule d'opposants, dont je me demande s'il y en a beaucoup qui vivent sur le plateau, pense aux habitants du Larzac, aux emplois que cela va créer... Il faut comprendre, dans ce dossier, que le gouvernement ne dit pas "Cassez-vous, nous sommes chez nous !". Au contraire, la Légion arrive en garantissant non seulement la rénovation du bâti mais aussi la non-extension du camp. Mieux, et preuve d'une intégration parfaite, les conventions qui lient les chasseurs avec le camp seront maintenues. C'est quand même le seul de France où ces derniers peuvent et pourront encore chasser sur le périmètre militaire.
La Légion a toujours véhiculé une image controversée. Est-ce un sujet d'inquiétude ?
Que l'on soit clair, le profil des légionnaires a changé. Ils font partie d'un corps militaire très strict et portent obligatoirement, une fois dehors, leur uniforme et ce, durant les cinq premières années. Ce que je veux dire par là, c'est qu'ils ne peuvent pas déconner comme ça, dès qu'ils sont dehors. Ils se tiendront bien, ils représentent le pays, la nation. Au moindre pépin, au moindre dysfonctionnement, on alertera aussitôt les officiers. Je ne me fais aucun souci là-dessus.
À votre avis, un avenir civil sur le camp est-il envisageable ?
Je n'y crois pas...
Pourquoi ?
Personne ne connaît réellement le degré de pollution du site. Si on voulait le rendre civil, il y aurait de nombreuses règles à respecter. Pour le dépolluer, il faudrait le déminer et décaisser toute la surface du camp sur 5 mètres de profondeur. Vous imaginez le coût ? Et les dégâts sur l'environnement ? Deuxièmement, c'est un camp avec 5 complexes de tir, capables d'être exploités en simultané, ce qui est unique en Europe. À ce titre, ce camp est un vrai atout, surtout en termes d'entraînement...
Il était pourtant annoncé que le Ceito partait...
De ce que je sais, c'est la mission d'évaluation du Ceito qui part. La mission d'entraînement au tir devrait rester. Il y aura toujours des tirs sur le plateau mais dans une moindre mesure.
Source : http://www.midilibre.fr/2015/09/03/la-legion-ne-me-pose-p...