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samedi, 02 décembre 2017

Médias français : chronique des échos du vide

Publié par Guy Jovelin le 02 décembre 2017

Rédigé par notre équipe le 02 décembre 2017.

 
 
 
Il est tout à fait curieux d’allumer son poste de télévision un matin et de se laisser bercer par la douce musique médiatique. L’expérience a été réalisée le 1er décembre 2017. Une journée comme les autres en France qui voit les titres défiler un à un, mais sans le moindre début d’intérêt et de réflexion suscité chez le téléspectateur. La principale nouvelle ? Il neige dans le Massif central, les Pyrénées et certaines zones de plaine… Il neige un peu début décembre en France ! Cela mérite bien l’envoi de journalistes sur le terrain pour s’y faire filmer avec des flocons tombant sur leurs frêles épaules…

Un petit ruban rouge agrafé à la poitrine, les journalistes et chroniqueurs piaffent d’impatience. Ils veulent tous prendre la parole pour délivrer leur message de la journée. Pourtant, pas de quoi s’emballer. Ils n’ont rien à dire d’intéressant. Il faut dans un premier temps justifier la présence du ruban rouge. Alors on explique que le Sida tue en France et dans le monde, qu’aucun vaccin n’a été découvert et que le meilleur moyen de prévention reste le préservatif. Très bien. Ce marronnier peut sauver des vies si le téléspectateur a encore quelques neurones activés lors de l’écoute et lorsqu’il sera amené à avoir des relations sexuelles.

Y a-t-il un journaliste dans la rédaction ?

Une fois la page Sida tournée, les journalistes pénètrent au cœur de l’actualité du jour avec un frisson tout à fait justifié… : il fait froid en France. En ce 1er décembre, certaines villes enregistrent des températures timidement au-dessous de zéro degré. Ça c’est une nouvelle ! Professionnel jusqu’au bout des ongles, le journaliste parisien prend sa voiture et se rend dans ces zones détestées des Dieux. Habillé chaudement, il patiente jusqu’à la prise d’antenne pour annoncer qu’il neige depuis 3 heures et que lorsqu’il neige il ne fait pas chaud ! Le journalisme tel qu’on ne l’avait jamais imaginé…

Les passants sont interviewés pour dire qu’ils n’ont pas vu la neige depuis bien longtemps et qu’il faut être prudent sur la route. Ces pitreries prennent une bonne dizaine de minutes à être débitées avant que le spectateur ait droit au sujet suivant : le tirage de la Coupe du monde de football. Les spécialistes du ballon rond prennent alors des accents de mathématiciens en évoquant les probabilités de tomber sur telle ou telle équipe. On simule des tirages difficiles et faciles pour une équipe de France chargée de faire oublier la réalité du quotidien à partir de la mi-juin 2018.

Et puisque la Coupe du monde aura lieu en Russie, c’est aussi l’occasion de faire un petit cours de politique étrangère russe niveau 0 – mention intoxication journalistique. On jauge l’impact de l’épreuve pour la popularité de Poutine dans son pays, on ressort les poncifs sur l’influence du sport dans les relations internationales et on se plaît à imaginer une Russie sans Poutine et même un monde sans Russie. Fin de cette page sportive et géopolitique. Place à l’horreur !

Un JT sans un fait divers scabreux n’est pas un bon JT. Il faut émouvoir et susciter l’horreur. C’est donc le triste cas de la petite Maëlys qui est exposé sous toutes les coutures. Et dans cette affaire, le suspect a de furieux airs de coupables rien que dans la manière dont il est évoqué par des journalistes – rappelons-le objectifs – et qui n’auront pas utilisés leur fameuse « présomption d’innocence » brandie dès lors qu’il s’agit d’un puissant mis sur le banc des accusés. La vérité dans cette affaire ? Au fond cela n’intéresse guère les médias. Ils parlent de cette disparition comme ils traiteront le prochain fait divers plus glauque encore et par définition plus frais.

Que d’émotions ! Il est temps de tourner une page de pub et d’enchaîner sur le bulletin météo. La boucle est bouclée : neige, sida, foot, Maëlys…. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une nouvelle encore plus incroyable encore ne vienne perturber le train-train de l’actu. Pour comprendre le monde, mieux vaut éteindre sa télé, sortir, et ne plus jamais la rallumer.

 

Source : 24heuresactu