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samedi, 01 octobre 2016

Deux ans ferme pour avoir incité au terrorisme sur Telegram

Publié par Guy Jovelin le 01 octobre 2016

Par lefigaro.fr, AFP agence

L'application Telegram est utilisée par de nombreux partisans de l'État islamique.

Le jeune homme de 29 ans, prénommé Youssef, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis pour avoir poussé un de ses correspondants à commettre un attentat en France, et un autre à partir faire le djihad en Syrie. Devant le tribunal, il a assuré qu'il plaisantait et se moquait de ses interlocuteurs.

Pour la première fois en France, un utilisateur de la messagerie cryptée Telegramétait jugé au tribunal correctionnel de Paris ce vendredi. Le jeune homme, âgé de 29 ans, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir incité un correspondant à commettre un attentat. Il avait été interpellé à Montpellier le 25 août dernier. À la barre, le prévenu a assuré qu'en réalité il plaisantait et se moquait de ses correspondants radicalisés en se faisant passer pour l'un des leurs. Son avocat, Me Martin Méchin, a estimé que cette peine était «inadaptée» et que son client ne présentait «aucune dangerosité». Le prévenu, prénommé Youssef, était fiché par les services de renseignement français mais aucun élément du dossier n'indique pour quelle raison.

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Cet homme a expliqué avoir été contacté via Facebook par des correspondants «plus ou moins radicalisés» qui lui parlaient de religion et qui l'ont invité à échanger avec eux sur la messagerie cryptée Telegram. Ce réseau de messagerie, dont les forums de discussion ne sont accessibles que sur invitation, est considéré aujourd'hui comme l'un des moyens de communication préférés des djihadistes.

L'accusation reproche à Youssef d'avoir, au cours de ses échanges, incité un jeune homme à se rendre en Syrie et un autre à commettre un attentat. Le prévenu a expliqué qu'auprès de ces correspondants, il jouait «un rôle» mais se moquait d'eux. «Si tu passes à l'action demain, tu seras des nôtres», écrivait-il notamment à l'un de ses correspondants, avant de lui proposer peu après de lui vendre une bombe nucléaire. Youssef avait aussi suggéré à son interlocuteur de passer à l'acte «le 31 février», date qui n'existe pas, a-t-il souligné pour tenter de convaincre le tribunal de sa moquerie. Son correspondant, souffrant de troubles psychologiques, n'a pas été poursuivi à ce stade, aucun projet précis n'ayant été mis en évidence.

Youssef a également été condamné pour consultation habituelle de sites internet faisant l'apologie ou incitant au terrorisme, un nouveau délit intégré au code pénal français en juillet. Lui est notamment reproché de s'être abonné à la chaîne Telegram du groupe djihadiste État islamique (EI) et d'avoir téléchargé des vidéos de propagande. Il s'est défendu en expliquant que leur téléchargement se faisait automatiquement.

Un mineur radicalisé sur Telegram mis en examen

Plus tôt dans la journée, un collégien de 15 ans a été mis en examen et écroué. Cet adolescent, en classe de troisième et inconnu des services de renseignement, a été interpellé mercredi matin à Domont, dans le Val-d'Oise. Il est soupçonné d'avoir voulu commettre une attaque djihadiste, et aurait assuré aux enquêteurs avoir renoncé à son projet. Le mineur était en contact via la messagerie Telegram avec Rachid Kassim, un djihadiste français soupçonné de téléguider ses émules à distance depuis la zone irako-syrienne. Il était également en relation, via ce réseau crypté, avec l'adolescent arrêté le 14 septembre dans le XXe arrondissement de Paris, qui était lui aussi en lien avec Kassim et suspecté d'avoir voulu perpétrer une action violente.

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«Il est très présent sur Telegram où il anime deux chaînes qui diffusent de la propagande djihadiste», a relevé la source proche de l'enquête. Ces dernières semaines, une dizaine d'adolescents ont été écroués pour des menaces d'attaques similaires, sous l'influence de la propagande de Rachid Kassim. Ce dernier est soupçonné d'avoir inspiré de manière plus ou moins directe l'assassinat d'un policier et de sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines), et celui d'un prêtre égorgé dans son église à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) le 26 juillet.

Telegram, au cœur de la propagande djihadiste

Lancée en 2013, Telegram est une application de messagerie originaire de Russie. Rivale de WhatsApp et de Messenger, elle a fait de la sécurité des communications son principal argument de vente. Elle affirme être «plus sûre que les autres applications de messagerie grand public». C'est ce qui a attiré les partisans de l'État islamique, dont les efforts de communication sont doubles: discuter discrètement de leur projet, tout en propageant leurs idées au plus grand nombre. Les «channels» de Telegram permettent une diffusion large et rapide de leur propagande. L'application est par ailleurs assez laxiste dans sa modération. Elle n'a commencé à supprimer des comptes associés à l'État islamique qu'à la fin de l'année 2015, après les attentats du 13 novembre en France.

Amaq, l'un des organes de communication de l'organisation terroriste, dispose notamment d'une chaîne sur l'application. Adel Kermiche, le meurtrier du père Jacques Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, avait créé sa propre chaîne Telegram, suivie par près de 200 personnes. Il s'en servait pour diffuser des messages audio ou pour poser des questions à ses abonnés. Il avait visiblement le projet de diffuser des photos ou des vidéos de son meurtre.

 

Source : lefigaro