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dimanche, 27 mars 2016

Pourquoi protège-t-on les bases arrières des djihadistes?

Publié par Guy Jovelin le 27 mars 2016

22 mars 2016 Philippe Barraud

Les attentats de Bruxelles mettent en lumière les défauts de la stratégie sécuritaire mise en place, aussi bien en Belgique qu’en France, une stratégie qui consiste à accroître les forces de l’ordre sans  toucher aux sanctuaires des terroristes.  Si l’on veut éviter de nouvelles tueries, il faudra pourtant s’y attaquer.

C’est en tout cas la thèse de Jean-Pierre Pochon, un célèbre professionnel français du renseignement, aujourd’hui professeur associé à Sciences Po. Pour lui, le problème de base avec les mouvements djihadistes, c’est qu’ils peuvent s’appuyer complètement sur une communauté.

Ce ne sont pas des loups solitaires, ni même de petits noyaux, mais une organisation solidement installée dans une communauté. Celle-ci offre aux salafistes au minimum sa compréhension et sa complicité, sur fond de religion et d’origine ethnique commune. Mais cela peut aller beaucoup plus loin: la communauté fournit alors des planques, des équipements, des armes, des téléphones, des faux-papiers, des explosifs.
Mardi sur France-Inter, la journaliste demanda tout à trac à Jean-Pierre Pochon: “C’est quoi, ces communautés?” Un peu surpris, le spécialiste cita les “cités” de Molenbeek, mais aussi toutes celles qui, en France, et en particulier en Seine-Saint-Denis, vivent et s’organisent en marge de la République, qu’elles rejettent en bloc car la république n’a rien à faire chez eux. Ce qui explique pourquoi les policiers et les pompiers sont reçus à coups de pierres et de balles s’ils ont l’audace de franchir la limite.

Or l’analyse de Pochon est parfaitement juste: tant que les djihadistes pourront s’appuyer sur une communauté qui les soutient et les protège, et sur laquelle l’Etat ferme volontairement les yeux, les attentats continueront. Qu’un homme comme Abdeslaam, réputé l’homme le plus recherché d’Europe pendant deux mois, ait pu aller tranquillement s’acheter ses frites dans son quartier, en dit long sur la séparation de ces deux mondes, et donc sur l’impossibilité, pour les forces de l’ordre et la justice, de faire leur travail. En ce sens, on pourra pousser l’état d’alerte jusqu’à 10 et mettre des dizaines de milliers de policiers dans les lieux sensibles, cela n’empêchera pas de nouveaux attentats.
On comprend la gène des dirigeants politiques, qui préfèrent s’épancher dans de mâles discours plutôt que dans l’action. Pendant des décennies, ils ont fermé les yeux sur une immigration à la fois massive et non intégrable, pour des raisons électorales, ou idéologiques, ou pour se donner des airs de grands humanistes, ou par indifférence, ou par paresse. Aujourd’hui, l’actualité leur tend la facture de leur irresponsabilité, alors même qu’ils perpétuent la même erreurs historique.

Cela fera hurler les bien-pensants, les ONG diverses et variées, et la gauche de la gauche. Qu’importe: il faut désormais crever l’abcès, et mettre ceux qui ont déclaré la guerre à l’Europe devant leurs responsabilités, autrement dit rétablir la République et le droit ordinaire dans les cités, mettre la pression sur les familles qui couvrent les terroristes – tout en bénéficiant d’un généreux système social – voir ce qui se passe dans les mosquées, les écoles coraniques et les clubs sportifs où fleurit la radicalisation des jeunes. On peut prédire que ce sera épouvantable, car on ne met pas à bas un système pérennisé depuis des années sans cris et sans fureur. Mais c’est à ce prix, et à ce prix seulement, que l’Europe retrouvera la paix. Peut-être.

22 mars 2016 Philippe Barraud