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samedi, 20 février 2016

Qu’est-ce qui est vraiment en cause : la laïcité ou bien l’autorité ?

Publié par Guy Jovelin le 20 février 2016

laicitéinchallah

Ce n’est pas le refus de la laïcité qui nous tue, c’est notre lâcheté !

L’école hier, aujourd’hui l’hôpital : tous les jours, les « institutions » de la République et leurs représentants (pompiers, policiers, magistrats) sont en butte à une contestation de plus en plus décomplexée et même revendiquée de ce qui fait les fameuses « valeurs de la République ». Celles que, par ailleurs, on nous serine tant – en tête, la laïcité. Alors on pond des textes, des manuels, des « aides à… », des chartes, comme celle qui est proposée aujourd’hui aux hôpitaux français.

Des textes au kilomètre, depuis des années, et qu’on se garde bien d’appliquer, la France étant ce pays fort prétentieux où l’« on ne cesse de voter des lois au nom des grands principes qu’on refuse d’appliquer au nom des grands sentiments ».

Christian de Moliner rapportait fort bien ici même, hier, les résultats de l’enquête (c’est-à-dire les faits) qui ont conduit nos crânes d’œuf à rédiger ce nouveau Guide de l’Observatoire de la laïcité censé porter assistance à des hospitaliers qui n’en peuvent, mais. Foutaise, une fois de plus, car le mal qu’on a laissé métastaser dans tous les rouages de nos vies est devenu intraitable.

Interrogée jeudi matin par Yves Calvi sur RTL, Isabelle Lévy, conférencière et auteur de Menaces religieuses sur l’hôpital, ne cachait pas sa fureur face à cette mesure de pure façade. Tout d’abord, si le guide s’appuie en grande partie sur ses travaux, on s’est bien gardé de la consulter ! « Ils ont peur de la vérité », dit-elle. Une vérité bien plus dérangeante que ce qu’on nous raconte. Ainsi, rappelle Isabelle Lévy, « on a déjà sorti une circulaire en 2005 à propos du respect de la laïcité dans le milieu hospitalier. Aujourd’hui, cette circulaire n’est pas appliquée parce qu’elle n’est pas connue. Et même si elle l’est, les directeurs comme les personnels d’encadrement ont peur des représailles et ne l’appliquent pas. »

Car si l’on connaît à peu près tous, désormais, les exigences d’un public de plus en plus difficile à gérer (refus de se laisser soigner par un homme, tabous sur la nourriture, omniprésence des familles, violences, etc.), on se garde bien de dire que le problème devient aussi alarmant côté personnels ! Des gens qui posent leurs conditions lors de l’entretien d’embauche et auxquels on cède par manque de personnel à recruter.
Alors, on passe même sur les impératifs d’hygiène : « Vous avez de nombreuses femmes qui travaillent avec des manches longues dans les services, ce qui est absolument interdit. Et les chefs de service se taisent, car ils ont peur des représailles. Certaines infirmières disent : “Je ne vais rien dire, sinon j’ai peur de me faire tabasser sur le parking.” On en est là ! » Une auditrice évoque ainsi au téléphone l’aide-soignant qui a refusé de l’aider à se déplacer au lendemain d’une opération : il ne voulait pas toucher une femme.

Quand on en est là, le problème n’est pas la laïcité, le manque d’aumôniers ou le nécessaire recours aux psys (sic) pour contraindre des fanatiques à accepter ce que des présupposés religieux leur interdiraient. Il est dans la déconfiture d’une société qui ne sait plus ce qu’est le droit, le juste, le sensé ; qui surtout ne veut plus l’imposer. Une société que le seul mot d’autorité fait trembler, terrifiée qu’elle est par son ombre et les fantasmes d’une histoire erronée qu’elle traîne à ses basques. Au nom des libertés individuelles et du relativisme culturel, nous battons en retraite depuis des décennies, laissant pousser des générations hors de toute contrainte.
Ce n’est pas le refus de la laïcité qui nous tue, c’est notre lâcheté !

Marie Delarue