Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 18 août 2016

Liévin: «J’ouvrirai le feu sans éprouver la moindre pitié»

Publié par Guy Jovelin le 18 août 2016

Christelle s’est procurée une arme de chasse par des moyens détournés. Elle n’hésitera pas à s’en servir pour défendre ses enfants. 

L’agression subie par son fils et son ami remonte peut-être à plusieurs années, mais le traumatisme est toujours là. Depuis, Christelle*, 45 ans, mère de famille, a pris la décision de s’armer.

« Je possède un fusil de chasse. Cela a été difficile de se procurer une arme. J’ai essayé d’en acheter, sans y parvenir ». Un ami a fini par lui trouver. L’arme est déclarée, mais sous un autre nom. Christelle se trouve donc dans une situation d’illégalité, mais elle s’en moque. Sa sécurité prime avant tout.

Traumatisme lié à l’agression de son fils au domicile

Un soir, trois individus cagoulés déboulent au domicile. « Ils sont parvenus à passer par la fenêtre de la chambre de ma fille. » La maman est absente, mais pas son fils, qui range la maison après avoir reçu des amis. Une bagarre éclate. Elle est d’une violence inouïe : « Ils ont descendu l’escalier. L’un a donné un coup de couteau. Cela a duré cinq minutes, mais pour mon fils, cela a duré une éternité. Les agresseurs étaient prêts à tuer. Quand je suis rentrée chez moi, il y avait du sang plein les murs. Je n’avais envie que d’une chose : tout casser, tout remplacer, tout retapisser. J’ai cru avoir été violée. » Le logement est saccagé, les richesses dérobées. La fillette constate le drame. « Elle n’a pas trouvé un sommeil tranquille pendant un an. J’ai eu peur pour mes enfants. »

Le choc a été d’autant plus rude que personne ne leur est venu en aide : « La police a cru à une blague d’adolescents. La voisine a entendu du bruit, mais s’est enfuie. »

La réaction de Christelle a donc été de s’armer en vue de prévenir une autre attaque. « Au début, j’ai eu peur de les voir revenir. Maintenant, c’est fini, je n’ai plus peur. »

Elle affirme être capable de tirer. « Pour sauver mes enfants, j’ouvrirai le feu sans éprouver la moindre pitié. Je tirerai dans les jambes pour ne pas tuer. » Elle affirme avoir appris à tirer, s’être exercée.

Nouveau traumatisme

avec l’attentat de Nice

Les récents attentats, de Nice à Charleroi, la choquent. Ils ne font que renforcer sa détermination. Mais Christelle dit qu’elle est loin d’être la seule. « Autour de moi, de nombreuses personnes ne parlent que de s’armer. Beaucoup de gens ont peur. Ils savent qu’ils ne sont pas en sécurité. Ils n’osent plus sortir, se renferment. Ils préfèrent s’organiser chez eux avec des amis plutôt que de se rendre dans les lieux publics. »

Elle déplore l’annulation de la Braderie de Lille, mais « il est difficile d’arrêter les terroristes. » Elle pense qu’ils peuvent agir partout. Des attaques comme en Israël lui paraissent possibles : « On a entendu dire qu’ils voulaient faire sauter sur la plage. Du coup, mes amis hésitent à aller à la mer. »

Pour autant, elle récuse tout racisme. « Quand mon fils me dit que les terroristes ont des c…, cela me révulse. » Elle le recadre, tout comme elle s’explique avec patience à sa fille, sur la demande de celle-ci, « que tous les Arabes ne sont pas des terroristes. » Pour elle, délinquance et terrorisme, c’est l’échec de l’éducation parentale. Pour y remédier, elle fera parler la poudre s’il le faut.

Bertrand Haquette

* le prénom a été changé.

 

Source : lavenirdelartois