A la veille des commémorations de l’armistice du 11 novembre, une figure bien connue n’a pas résisté à (déjà) partager ses idées pour sauver le patrimoine. Stéphane Berne, propulsé Monsieur Patrimoine il y a quelques semaines a donc fait germer de grandes idées pour que les vieilles pierres que compte la France ne tombent pas en ruine. Principale idée : « faire payer d’urgence l’entrée des cathédrales ». Stéphane Berne sait-il que ce sont avant tout des lieux de culte ? Se plairait-il à jouer les marchands du Temple ?
Dans la vrai-fausse convocation de Stéphane Berne au ministère de l’Intérieur pour ne pas avoir ciré les pompes de Gérard Collomb, 24 heures actu s’était ému de l’attitude d’un ministre plus intéressé par le soutien à ses amis plutôt que par la sécurité des Français. Trois semaines plus tard, c’est au tour de Stéphane Berne de perdre le peu de crédit qu’il aurait peut-être eu en avançant ses premières idées pour préserver le patrimoine français. Nommé par le fait du prince en septembre, Berne a vu sa légitimité discutée dans les milieux qui ont encore une once de liberté. Comment un présentateur de télévision passionné d’histoire peut-il devenir celui qui sauvera le patrimoine en danger ?
Combien d’euros pour une prière ?
L’(in)compétence de Stéphane Berne a vite été pointée du doigt et ses premières réflexions ne viennent que confirmer les premiers doutes. Monsieur Berne juge que l’entretien et la restauration des lieux de culte est trop coûteux pour l’Etat. Doit-on rappeler que ce sont les communes qui ont la charge des édifices cultuels depuis 1905 et la sacro-sainte laïcité ? L’Etat veut continuer à jouer les gendarmes, mais n’a plus les moyens de son ambition. Il va falloir assommer les visiteurs qui voudront se rendre dans les cathédrales.
Devra-t-on payer pour avoir le droit d’aller à la messe ? Non, seulement hors des temps de célébration répliqueront certains. Sauf qu’un lieu de culte chrétien est ouvert à tous quel que soit l’heure et le déroulement ou non d’une messe. Faudra-t-il débourser 24 euros pour aller prier en dehors des heures décidées par Stéphane Berne ? Ce dernier prend l’exemple de l’abbaye Westminster et de son billet hors de prix. Est-ce encore un lieu de prière ou une machine à cash vidé de toute spiritualité ?
La France serait, selon Berne, le seul pays à avoir ses cathédrales gratuites au public. Même si cela était vrai, il ne serait pas bon de sortir de l’exception pour se plier au culte de l’argent. La Mairie de Paris n’aurait pas assez de fonds pour sauvegarder son patrimoine religieux lit-on encore dans l’interview accordée par Berne au Parisien. La Mairie de Paris ne s’est pas faite la réputation d’une gestion des finances saines… L’exemple est particulièrement mauvais surtout quand c’est une idéologue gauchiste qui décide du budget. Soutien au Femen ? Financements ! Protection du patrimoine religieux ? Désolé, les caisses sont vides ! Affirmer que l’entré gratuite va finir par tuer les lieux de culte est un non sens sauf si l’on fait allégeance à Mamon.
Le pire est que Berne part du constat que la moitié du patrimoine en danger se trouve dans les communes de moins de 2 000 habitants. Tirer profit des cathédrales n’aidera en rien à régler le gros du problème. Mais là encore docteur Berne à la solution ! Pourquoi ne pas jouer au loto ! Là encore l’exemple vient de Grande-Bretagne. Berne affirme que « la Française des Jeux serait très enthousiaste à l’idée de reprendre » cet exemple. Parle-t-il de cette même Française des Jeux qui va être privatisée pour une bouchée de pain ? Encore raté M. berne ! Allez, après ces deux arguments massue, le dernier pour la route : créer un club du style National Heritage qui permet à ses membres donateurs de visiter certains monuments. Pas certain que le compte y soit… D’autant plus que la création d’une telle entité attirera certains amoureux de l’argent qui trouveront toujours un moyen de le dilapider. Mais au moins, certains auront bonne conscience.
Après cette première remise de copie, l’élève Berne ne tend même pas vers la moyenne. Il semblerait qu’il ait passé son temps en Grande-Bretagne et copie-colle un modèle qui ne convient pas à une France dont le patrimoine ne pourra être préservé par les idées réchauffées d’un petit animateur de télévision.
Source : 24heuresactu