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lundi, 14 septembre 2015

Pas d’étrangers au Larzac

Publié par Guy Jovelin le 14 septembre 2015

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Du côté de Millau dans l’Aveyron et, pour être plus précis, dans les environs du camp du Larzac, il y a des étrangers que certains habitants du cru ne veulent surtout pas voir débarquer chez eux. Il ne s’agit pas des réfugiés avec la toute nouvelle prime à 1000 euros du doux M. Cazeneuve. Non, ces « étrangers », ce sont les militaires de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère qui va se replier d’Abou Dhabi, où elle est stationnée depuis 2011, dans le cadre des dernières mesures de restructuration des armées.
Un collectif d’opposants s’est constitué et revendique déjà 2500 signatures. Un graffiti à l’entrée du camp proclame « Pas de Légion dans la région », version light dirons-nous, d’un « Interdit aux chiens et aux militaires ». Une manifestation avait même lieu samedi à Millau. Va-t-on vers une seconde guerre du Larzac, la première ayant été éteinte en 1981 par la grâce de François Mitterrand ?
Le porte-parole de ce collectif a carrément déclaré qu’ « une nouvelle génération d’habitants de Millau n’a pas envie de voir débarquer un corps d’armée à la réputation sulfureuse, au lourd passé colonial ». A l’heure où l’on parle, ici et là, de quotas, ce porte-parole a même ajouté « Un habitant sur deux sera un militaire, ce n’est pas ce que nous imaginions quand nous défendions ce territoire exceptionnel ».
Qu’on aimerait qu’un tel discours soit tenu pour ce territoire, je dirais même plus, pour ce pays exceptionnel que l’on appelle encore la France ! J’entendais l’autre jour à la télévision un sociologue patenté qui nous expliquait qu’il n’existe pas de seuil à partir duquel une population allogène rejette l’étranger. Cela devrait rassurer notre collectif.
Mais au fait, à quoi fait allusion ce porte-parole en parlant de « réputation sulfureuse » et de « lourd passé colonial », un peu comme si l’on parlait d’une association d’anciens pédophiles de l’Education nationale ou d’alcooliques au repentir douteux ? On aimerait bien qu’il précise sa pensée.
Passons justement sur le passé colonial qu’un grand nombre de légionnaires actuels a certainement connu ! Le patron de la 13 a dû naître sous Pompidou – sous le règne duquel cette fameuse guerre du Larzac fut déclenchée – et peut-être même sous Giscard. Quant aux plus jeunes légionnaires, ils n’ont même pas le bonheur d’être nés au temps béni de Mitterrand, le pacificateur du Larzac.
« Réputation sulfureuse », « lourd passé colonial » : une association d’expressions toutes faites qui révèle, me semble-t-il, des connaissances historiques stéréotypées, voire ronéotypées avec la machine à alcool des années 70, celle sans doute dénichée derrière les fagots d’une grange du causse, témoins d’un passé antimilitariste glorieux.
« Réputation sulfureuse » ? Je cherche. Il me semble que des noms comme Narvik, Bir-Hakeim, où la 13 justement s’illustra, ont belle réputation dans notre histoire de France. Certes, cela sent un peu la poudre. Mais pas le soufre. Et oui, parce que pour défendre la France, il vaut mieux un fusil qu’une ronéo. Du reste, pour ces faits d’arme, le drapeau de la 13 est décoré de la Croix de la Libération, excusez du peu.
Des Français par le sang versé, plutôt que par les prestations versées, méritent sans doute mieux qu’un accueil – pour reprendre l’expression désormais consacrée- quelque peu nauséeux, convenons-en.

 

Georges Miche

Source : http://www.bvoltaire.fr/georgesmichel/pas-detrangers-au-l...

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