Alain Nueil, professeur de lettres agrégé
♦ Le « fantasme » est bien une réalité chiffrée.
Grand Remplacement : il convient de mettre des majuscules, non par goût du sensationnel, mais parce qu’il s’agit d’un événement historique singulier, un changement important dans la population française qui se déroule sous nos yeux. C’est donc un nom propre. On a d’abord cru qu’il s’agissait d’un fantasme d’extrême droite. Un ami professeur en Sorbonne me disait : « Le Grand Remplacement, je connais la théorie, mais je n’y crois pas ». On disait aussi que cette hypothèse était « trop logique » pour se produire. Objection bien curieuse : si la récolte de blé est mauvaise, faudra-t-il s’attendre à ce que le prix du pain baisse, parce que le contraire serait « trop logique » ?
À moi, l’intuition me suggérait, en voyageant dans les RER parisiens, en voyant les nombreux Comoriens implantés en Dordogne par le conseil général socialiste précédemment aux manettes, que cette théorie se transformait en réalité. Mais il faut se méfier de l’intuition comme de la peste.
Des statistiques ethniques déguisées
Tous ces doutes ont laissé la place, le 30 septembre 2016, à une certitude scientifique grâce à la publication par l’INSEE des résultats de son étude sur les naissances en France. On lit dans le rapport sur les évolutions de la population française en 2015 : « Depuis 2011, les naissances d’enfants issus de deux parents nés en France diminuent (de 580 756 à 535 302 en 2015, soit une baisse de 7,8%), celles d’enfants dont l’un ou les deux parents sont nés à l’étranger sont en hausse de 6,07%. » Ce qui appelle plusieurs remarques.
Il existe encore en France, à l’INSEE, des fonctionnaires assez courageux et inventifs pour contourner l’interdiction (stupide et dangereuse à mon avis) des statistiques ethniques. Le lieu de naissance de la mère ou du père ? Où voyez-vous de l’ethnicité dans cette question ? Le devoir d’un scientifique est de cerner la réalité au plus près, bravo à ces mathématiciens à qui le réel ne fait pas peur.
« Deux parents nés en France » : c’est déjà le cas de beaucoup de descendants d’immigrés dont il faudrait défalquer le nombre de naissances en le soustrayant des 535.302 nouveaux-nés pour avoir une idée du chiffre des naissances chez les blancs de type européen (l’usage du mot « caucasien », racialement neutre, serait bien pratique, mais la langue française ne l’admet pas, on croirait qu’il s’agit d’une multiplication des Tchétchènes et autres Ossètes dans l’hexagone.) Chez ceux-ci, le pourcentage de naissances par femme doit être de 1,3 ou 1,4, en berne comme chez les Allemandes ou les Italiennes (revoir l’épisode triste et amusant de « L’île des enfants uniques » dans Journal intime de Nanni Moretti). Dans mon coin de France rurale, je vois beaucoup de jeunes couples avec un seul enfant et beaucoup de seniors dont la famille se termine en queue de poisson. Après le décès des derniers baby-boomers, il y aura beaucoup de jolies maisons vides où l’on pourra loger les migrants.
Le Bras désavoué par la réalité
Une guéguerre oppose deux grands démographes, Michèle Tribalat (une femme de gauche) et Hervé Le Bras à propos des naissances chez les immigrés et leurs descendants. Ces statistiques viennent de prouver que c’est la première qui a raison. Hervé Le Bras apparaît désormais pour ce qu’il est : le porte-parole du Mensonge Officiel sur la démographie. Il nous a expliqué pendant des années que les jeunes couples d’origine immigrée se mettaient tout de suite à la natalité à la française et faisaient environ deux enfants, comme les Français « de souche ». « Paroles, paroles… » comme chantait Dalida.
Je n’ai pas entendu une seule présentation, un seul commentaire sur les grands médias à propos de la publication avant-hier de ces statistiques sérieuses du très sérieux INSEE. Certes, je n’écoute et ne lis pas tout, mais internet est tout de même un bon moyen de scruter ce qui se dit dans les médias. Là encore, Mensonge Officiel par dissimulation. Quand Jules César est arrivé en Gaule avec la ferme intention de conquérir le pays, il n’était question sur les télévisions gauloises que du risque que le ciel ne tombe sur la tête des habitants de ce malheureux pays. L’Yves Calvi de l’époque arbitrait des débats passionnés sur tombera ou tombera pas et personne ne parlait de Jules et de ses projets menaçants. Vous voyez bien que les Gaulois sont nos ancêtres.
Cette évolution est plus marquée depuis 2011, souligne l’INSEE. Impossible de ne faire un rapprochement avec la politique antinataliste des divers gouvernements de la présidence Hollande. Réduction des allocations familiales, abaissement du quotient familial, abaissement des prestations d’accueil au jeune enfant, tout a été mis sous condition de revenus, c’est-à-dire qu’il s’agissait d’une attaque en règle contre la natalité des classes moyennes, qui sont pour l’essentiel formées de « caucasiens ». Décidément, ce quinquennat aura été catastrophique sur tous les plans.
Dernière remarque sur cette passionnante statistique : les mathématiciens de l’INSEE ne sont pas des futurologues, mais on peut déduire de leurs chiffres qu’il s’agit là d’une tendance lourde, dont on ne voit pas ce qui pourrait la freiner ou a fortiori l’arrêter. Il y aura forcément une année X du XXIe siècle où ceux qui sont nés en 2015 étant enfants d’un ou de deux parents nés à l’étranger et leurs descendants deviendront plus nombreux que ceux qui sont nés en 2015 de deux parents nés en France. Durant une année postérieure Y, ils deviendront plus nombreux sur les listes électorales et la loi de la démocratie leur permettra de pouvoir prendre de bonnes décisions, mais aussi de mauvaises comme imposer la charia en France, rattacher le pays au Qatar ou forcer les dernières chrétiennes à porter le voile.
Il s’agit là d’un scénario très logique, trop logique peut-être, les surprises de l’Histoire peuvent bien sûr l’enrayer, ce dont je serai ravi dans ma tombe. Mais j’attends qu’on me démontre que ce scénario n’a aucune chance de se produire, les événements logiques ayant la stupide habitude de se produire plus souvent que les événements illogiques.
Une contre-société patriarcale
Un dernier mot sur les femmes, principales actrices de la natalité. Dès lors que coexistent dans un même pays deux mentalités très différentes chez les femmes elles-mêmes et chez les hommes dans leurs rapports avec elles, il se produit un déséquilibre grave. Dans la France actuelle, l’une des deux classes de femmes proclame « un enfant si je veux quand je veux » et les hommes n’osent pas protester et réfuter cette assertion tout de même extravagante qui détruit le père et fait du mâle un simple fournisseur de sperme. Les hommes se taisent, ils sont terrorisés par des décennies de lutte acharnée contre le Père, des décennies de divorces impitoyables déclenchés à 80 % par les épouses, des décennies de destruction de toute figure de domination masculine, le juge grave, le professeur autoritaire, le curé sévère et tant d’autres. Le président de la République élu en 2012 est d’ailleurs emblématique de ce refus de toute autorité masculine. Pendant ce temps, dans un autre segment de la population française, c’est : « autant d’enfants que je le voudrai, moi le père » et « surtout mets ton voile pour aller au supermarché ». En dépit de ce que disent les têtes creuses, le voile est avant tout la preuve de la soumission des femmes aux hommes, qui décideront seuls du nombre de grossesses que l’épouse subira. J’espère bien que la majorité des familles musulmanes de France ne fonctionne pas sur ce modèle étroitement machiste et patriarcal, mais qu’il en existe une certaine proportion est suffisant pour modifier les statistiques démographiques. Conséquence de cette dualité dans les conditions féminines : une supériorité numérique croissante du second segment de la population sur le premier.
La France a des chances (ou des risques) prouvées et vérifiées désormais par l’INSEE de connaître en une centaine d’années ce que le Kosovo a connu en un millénaire : la lente submersion d’un peuple par un autre peuple plus prolifique. Rappelons que le Kosovo est le berceau de la nation serbe, que tous ses noms de lieu sont d’étymologie serbe, les noms albanais n’en étant que des adaptations. A commencer par Kosovo qui signifie en serbe le champ des merles, lieu d’une célèbre bataille contre les Turcs. Les historiens du futur seront un peu étonnés par la cause de cet effacement du peuple français d’origine : un excès de grandeur d’âme et une naïveté phénoménale. Et puis on en rira, on classera cette disparition dans les histoires de morts ridicules, ainsi que les affectionne les petites séries thématiques qu’on trouve sur les sites d’information de la Toile (les dix stars tombées dans la misère, les dix îles sublimes qu’il faut visiter avant de mourir etc…) On rira de la disparition des anciens Français comme on rit de la mort ridicule de ce Japonais en safari, dévoré par un lion pour lui avoir donné un grand coup de pied pendant sa sieste afin qu’il ait l’air plus vif sur la photo-souvenir.
Alain Nueil
3/10/2016
Alain Nueil est romancier et enseignant agrégé de lettres.
Source : Causeur.fr
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