Depuis quelques années, la France est devenue le pays des contrastes fâcheux, comme l’illustration archétypique, mutatis mutandis, de ce qu’Orwell qualifiait de « doublepensée » (« doublethink ») appliquée à la rhétorique totalitaire.

Ainsi, ce 8 mai, deuxième dimanche du mois, vit-on un ministre du gouvernement Valls affecté de cultiver une union nationale de façade sous les auspices de Jeanne d’Arc. Ce 10 mai (date retenue, il y a dix ans, pour la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions), ce sera au tour de François Hollande de participer à une cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage à Paris, aux côtés de plusieurs membres du gouvernement. La France prétendument unie dans un cas, balkanisée et communautarisée dans un autre. On cherchera, en vain, une cohérence qui, depuis longtemps, faute de ne plus être la colonne vertébrale de l’action publique, transforme nos gouvernants en véritables mollusques de l’impolitique.

Quel trait commun entre Jeanne d’Arc boutant l’ennemi hors du royaume, il y a six cents ans, et un funeste sans-culotte républicain se vautrant dans une célébration hémiplégique de l’Histoire, laquelle est cyniquement et abondamment instrumentalisée par des associations complaisamment stipendiées, en dépit de (ou grâce à) leur haine ouvertement affichée pour notre nation (Les Indigènes de la République, le CRAN, etc.) ?

Tandis qu’à longueur de reportages télévisés, l’on ne cesse de vanter les mérites du Puy du Fou, deuxième parc d’attractions de France (derrière Disneyland Paris) en matière de fréquentation, on promeut, çà et là, comme à Évry cette semaine, des « actions » et autres « happenings » festifs, pseudo-culturels (on y proposera même des dictées en créole ; le wolof et le swahili semblent injustement discriminés !) mais pleinement diversitaires sur l’esclavage et sa bienheureuse abolition.

Le format de cette chronique nous interdit de rappeler que l’Histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée n’est évidemment pas celle que l’anti France oligarchique s’évertue à nous enfoncer dans le crâne depuis deux lustres au moins sur cette épineuse question, soit depuis la loi « Taubira » du 23 mai 2001 reconnaissant « le caractère de crime contre l’humanité pour la traite négrière atlantique perpétrée à partir du XVe siècle ».

Mais l’on ne répétera jamais assez que cette « contre-Histoire » « méa-culpante » instillée comme un poison dans les millions de cerveaux consumés aux feux irrésistibles de l’hédonisme de marché a mithridatisé nos contemporains sommés implicitement d’acquiescer à ce détournement délibéré de la vérité historique.

L’historien Dimitri Casali reconnaît très justement que « la loi Taubira, en qualifiant de “génocide” un épisode historique survenu il y a plus de deux siècles, sans qu’on connaisse avec précision les victimes et les auteurs français, sème la haine et la division dans le cœur des Français »(L’Histoire de France interdite, Jean-Claude Lattès, 2012).

On ne saurait mieux dire, en effet, que la veulerie leucocytaire qui s’est emparée de nos « élites » n’a d’égale que leur xénophilie acculturée où l’obséquiosité le dispute avec le masochisme le plus consommé. La haine de soi est le plus sûr carburant du Grand Remplacement.

 

Source : www.bvoltaire