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dimanche, 30 novembre 2014

Autoroutes : le nouveau racket ? (par Nicolas Gauthier)

 Publié par Guy Jovelin

Si l’on résume, lors de notre chère Révolution française, le peuple aura au moins gagné ce droit fondamental consistant à aller se faire trouer la peau gratuitement sur les champs de bataille de l’Europe entière pour des guerres ne le concernant finalement que de loin. Pour le reste, peau de zob et balai de crin.

Ah si, on allait oublier : les gueux ont au moins connu deux avancées sociales significatives consistant au droit de chasse et à l’emprunt gratuit de tous les ponts et chaussées de France. Ce premier n’en finit plus d’être ramené à portion congrue. Entre chasses municipales dont la surface s’amenuise chaque jour davantage, tandis qu’augmente le prix des permis, des armes et des munitions, ce loisir de plus en plus privatisé est en train de redevenir un luxe de nantis. Façon Serge Dassault qui, dans la forêt de Rambouillet, chassait naguère la biche en 4×4 et au fusil-mitrailleur. Logique : il n’avait pas de temps à perdre…

Pour le reste (les routes), n’en parlons pas. Ou plutôt, parlons-en. Le péage autoroutier devrait ainsi être augmenté de 0,57 % dès le mois de février prochain, « dans le cadre de la revalorisation annuelle » qui leur est accordée depuis leur scandaleuse privatisation, sous le règne de Nicolas Sarkozy. De quoi faire bondir Ségolène Royal, qui s’insurge, à en croire Le Figaro du 27 novembre dernier : « Ces sociétés ont fait payer 20 % de trop aux usagers. Sur 100 euros de péage, 22 sont du profit net ! C’est une situation anormale. » On ne le lui fait pas dire.

Mais le pire réside encore en ce qu’elle ne dit pas : car pour les gueux des temps modernes, c’est la double peine. Obligés de payer pour emprunter des autoroutes dont les coûts de construction et d’entretien ont déjà été largement amortis par l’argent de leurs impôts, le seul droit qu’ils y gagnent consiste à s’y faire racketter. À coups de radars fixes, à tronçons, mobiles ou embarqués. Et c’est ainsi que près d’un million de Français sont désormais contraints de rouler sans permis de conduire, juste histoire d’aller au boulot. Et que de plus en plus de ces derniers atterrissent en prison, parce que leur seul crime consiste à avoir persisté à gagner de quoi faire vivre leur famille.

À l’heure où une Christiane Taubira conteste « la force injuste de la loi », pour paraphraser le défunt François Mitterrand, et entend vider les prisons de ses criminels multirécidivistes, ce sont des pères et des mères de famille qu’on rançonne et qu’on encabane. Dans ma campagne, j’en connais un qui passera Noël en prison. Huit mois ferme, ce n’est pas rien. Et sans remise de peine en perspective. Son crime ? Conduite sans permis. Pourquoi ? Pour avoir seulement roulé pour gagner de quoi bouffer. Et il n’avait même pas de quoi se payer le péage autoroutier. Il y a des jacqueries qui s’annoncent. Et elles ne seront pas le fait de bonnets rouges et encore moins de ceux de Schtroumpfs.

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