En Allemagne, la presse est partagée suite à la décision de la Banque alimentaire d’Essen (bassin de la Ruhr) de ne plus accepter de nouveau bénéficiaire migrant : le sujet met sur la table la gestion de la solidarité entre autochtones et étrangers.
https://www.welt.de/politik/deutschland/article173914349/Nach-Kritik-an-Aufnahme-Stopp-Die-Betreiber-der-Essener-Tafel-sind-nicht-gleich-auslaenderfeindlich.html?wtrid=socialmedia.socialflow….socialflow_twitter
A Essen, ville d’un demi-million d’habitants, la Banque alimentaire (die Tafel) n’accepte plus de nouveau demandeur étranger, lesquels totalisent déjà 75 % des bénéficiaires. La structure met temporairement cette mesure en place pour ne pas effrayer les personnes âgées dont on voit déjà un grand nombre ne plus se présenter à la distribution de nourriture.
Même si tout le monde conçoit ce que cette élue SPD (socialiste) rappelle en précisant que le besoin prime sur la nationalité, la presse se retrouve très divisée dans les commentaires.
Certains médias mettent directement le problème sur la table : la distribution d’aliments reflète la réalité de certains quartiers devenus par l’afflux de migrants des zones difficiles. Suite à cette décision, on ne peut pas tout de suite taxer les dirigeants et les bénévoles de cette Banque alimentaire locale de personnes qui n’aiment pas les étrangers.
D’autres médias titrent que cette décision de la Banque alimentaire d’Essen est « l’information la plus glaçante de l’hiver » ou bien « dans un pays comme l’Allemagne, personne n’a le droit de mourir de faim ». Ce genre de média met en cause les volontaires en insistant uniquement sur l’aide à apporter aux migrants, mais en oubliant la plupart du temps le sort alarmant des personnes âgées.
Concrètement, la réalité est bien celle-ci : un certain nombre de personnes d’un certains âge n’osent plus se présenter dans des files constituées d’une quantité impressionnante de jeunes forts et au tempérament imprévisible.
Le problème se retourne aussi contre les politiciens : comment permettre que des personnes pour la plupart bénévoles depuis des décennies se voient donner des leçons de morale alors qu’elles sont quotidiennement mises devant les faits ? Dénoncer une situation critique et une réalité difficile à gérer n’autorise personne à taxer les volontaires de racisme.
Toujours sur le même sujet, un journal qui semble avoir fait son travail sur le terrain et non seulement autour de la machine à café de la rédaction titre : « c’est un problème de demander de la tolérance à des personnes qui se battent pour leur dignité ». Il y aurait bien un semblant de « concurrence » entre les nécessiteux, et l’affaire actuelle à Essen met l’accent sur le fait que s’indigner d’une telle question pose bien un problème dans un pays prétendument riche. Cette affaire est le reflet de la société, allant de la réalité des structures d’aide mais aussi la condamnation d’un état providence qui n’accorde pas ce qu’il devrait accorder : un système d’aide efficient à ceux qui peuvent y prétendre.
Même journal qui explique l’absence des aînés à la distribution d’aliments, à Essen mais sans doute largement à travers l’Allemagne : « les personnes âgées ne viennent plus parce qu’elles se sentent mises à l’écart, mais parce qu’elles sont réellement placées au second plan ». Demander de la tolérance à ceux qui luttent pour leur dignité ou le peu de dignité qui leur reste encore pose un grave problème.
Dernière réaction de la presse : « on contraint des bénévoles à devenir des travailleurs sociaux ». Par exemple, le simple fait de rappeler des règles de bonne conduite dans une file d’attente suffit à brandir des soupçons de discrimination à leur encontre.