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jeudi, 02 novembre 2017

Éric Zemmour : Derrière la campagne contre les porcs, c'est la porcherie qui flambe et que l'on nous cache

Publié par Guy Jovelin le 02 novembre 2017

Par Éric Zemmour

Cet article - paru dans le Figaro Magazine du 27 octobre -  nous a paru si judicieux, si intelligemment pensé et écrit, il soulève des questions si essentielles et répond même à celles que nous posions ici vendredi dernier (lien ci-dessous)  que nous avons jugé impératif de le mettre en ligne pour les lecteurs de Lafautearousseau. On jugera.  LFAR

 

 

 7739347071_eric-zemmour.jpgC'est un torrent qui emporte tout. Qui dévaste tout, qui détruit tout, qui ravage tout. Qui envahit tout. Le torrent de la parole libérée. La parole qui dénonce, la parole qui accuse, la parole qui menace. L'incroyable tsunami de « Balance ton porc » nous plonge soudain dans le monde décrit il y a des années par l'écrivain Philippe Muray qui avait prophétisé que le temps du néopuritanisme féministe succéderait à celui de la libération sexuelle des années 1970, et qu'il s'achèverait dans une fureur répressive et inquisitoriale : « A l'envie de pénis, succédera l'envie de pénal. »

Nous y sommes. Et plus rien d'autre n'existe ni n'importe. Comme si (alors même que l'affaire Weinstein partait des Etats-Unis, et même d'Hollywood, qui n'a jamais eu la réputation d'être un monastère), la France était devenue un enfer où des « porcs » par millions harcelaient et violaient en liberté des pauvres victimes féminines, forcément victimes, qui n'avaient aucun moyen légal de se défendre. Les mêmes militantes féministes - qui, il y a quelques semaines, nous expliquaient doctement que les incessants harcèlements de rues par les migrants Porte de la Chapelle se régleraient par un élargissement des trottoirs - ne proposent nullement l'agrandissement des chambres d'hôtel où Weinstein et ses émules français reçoivent leurs proies. Il est vrai que ceux-ci sont occidentaux et riches, tandis que ceux-là sont africains et pauvres.

Mais le torrent médiatique de « Balance ton porc » ne saccage pas seulement toute raison et cohérence intellectuelle. Il réduit à presque rien tout le reste de l'actualité. Soudain, la sécession catalane devient anecdotique. On évoque à peine les efforts - largement vains d'ailleurs - d'Emmanuel Macmn pour limiter les effets délétères des travailleurs détachés. Les menaces nucléaires venues de la Corée du Nord ont disparu. La défaite de Daech ? On s'en moque. On a déjà oublié que les Allemands de Siemens ont racheté nos TGV. Les ambitions mondiales de la Chine, proclamées haut et fort désormais par le chef du Parti communiste chinois, n'ont qu'une importance insignifiante. Le développement de sa marine, en particulier, et de son armée en général, son impérialisme économique mis en place à travers « la route de la soie », n'intéresse personne. Pas plus que le réveil programmé de la puissance militaire japonaise. Ou l'invasion continue de migrants venus d'Afrique, et qui passés par la Libye, se déversent sur les côtes italiennes, en sachant très bien qu'ils seront non seulement sauvés, mais jamais renvoyés dans leur pays. Tout cela est insignifiant. Négligeable. Marginal. Il est vrai qu'il ne s'agit que de paix et de guerre. Un sujet bien moins important que de savoir si tel député ou ancien ministre a posé sa main sur la cuisse d'une jeune femme ou si une actrice a pleuré en comprenant qu'un producteur l'avait invitée dans sa chambre d'hôtel pas seulement pour évoquer son prochain rôle. Si on était amateur de complots, on dirait que cette campagne médiatique contre les porcs est bien utile pour ne pas voir la porcherie qui flambe. Mais ce n'est pas notre genre. 

 

Source : lafautearousseau