Elle sera ce samedi à Lyon pour manifester. D’autres seront à Pau, à Angers, à Nice, à Lille, à Toulouse, à Strasbourg, à Rennes, à Bayonne ou à Bordeaux. La déléguée départementale du collectif Femmes des forces de l’ordre en colère défilera sous le mot d’ordre après les événements de Champigny : « Nous ne pouvons plus laisser passer de telles démonstrations de haine ! »

Comment est né le collectif ?

Femmes des forces de l’ordre est né il y a un an. Mais il y a toujours eu des groupes de femmes. Un jour cependant, nous sommes toutes tombées d’accord pour dire « stop » à ce qui se passait. Une femme de CRS a décidé de créer un compte Facebook et des groupes se sont créés dans les régions. Femmes de policiers, femme de policiers municipaux, femmes de gendarmes, femmes de CRS, femmes de pompiers et femmes de tous ceux qui portent un uniforme étaient prêtes pour dénoncer.

Dénoncer quoi ?

Tout d’abord dénoncer les conditions de travail de nos hommes. Les gens ne savent pas ou n’ont pas envie de savoir, mais après les photos de commissariats prises par le mouvement des policiers en colère, on ne peut plus se voiler la face. Les conditions de travail sont exécrables. Mon mari porte le même gilet pare-balles depuis dix ans et pourtant on lui a tiré dessus à deux reprises. Nous voulons aussi dénoncer les violences subies sur le terrain ; le caillassage de sapeurs-pompiers en intervention s’est banalisé. Il n’y a plus aucun respect pour l’uniforme. Et ce, dans un contexte où il n’y a plus aucune reconnaissance dans les hiérarchies. Aux forces de l’ordre de la base qui s’interrogent, elles répondent : qu’est-ce que voulez qu’on fasse avec nos moyens ? 13 000 agents ont disparu depuis le mandat de Sarkozy.

Quels sont vos modes d’action ?

Il y a eu un grand rassemblement au Trocadéro. Il y aura les manifestations de samedi. Mais nous avons beaucoup d’autres actions. Il y a notre page Facebook où les femmes témoignent, anonymement, comme je témoigne aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que la tradition de la grande muette existe toujours et qu’il n’est jamais bon de parler ouvertement dans nos milieux. Nous avons enfin des pétitions en ligne et nous menons un vrai travail auprès du gouvernement et des ministères, en envoyant des tonnes de courriers. Ils savent mettre la pression à nos hommes. À notre tour de le faire, d’une autre manière.

Et pour vos maris, conjoints, que faites-vous ?

Nous sommes là pour les soutenir au quotidien. Et nous faisons ce que les directions ne font pas. Un exemple ? Un CRS en sortie perçoit un sandwich, une pomme et une bouteille d’eau par jour. Alors, l’été, nous leur achetons des packs d’eau pour s’hydrater. Nous faisons des gâteaux. Nous essayons de leur apporter le réconfort dont ils ont besoin.

Propos recueillis Eric DAVIATTE

 

Source : estrepublicain