La colère monte chez les sapeurs-pompiers de Haute-Garonne qui expriment un mal-être grandissant. Ils demandent des solutions rapides.
«Secours en péril», «SOS», «En colère»… Depuis plus d'une semaine, les tags inscrits sur les véhicules de secours des sapeurs-pompiers de Haute-Garonne n'ont échappé à personne. Des messages de soutien à leurs collègues policiers ? Oui. Mais pas seulement. Aussi et surtout l'expression d'un mal-être grandissant chez les soldats du feu, au bord de la crise de nerfs.
«Nous sommes en colère car il y a un affaiblissement du service public. La population est mal protégée, considère Christophe Brunet, secrétaire général de la CGT du SDIS 31 (service départemental d'incendie et de secours). Nos revendications sont multiples. Par exemple, en 10 ans, le département a gagné 150 000 habitants. Dans le même temps, nos effectifs n'ont pas évolué.»
Selon le syndicaliste, les sapeurs-pompiers effectuent «2 256 heures par an payées pour 1 607 heures. Notre bienveillance et notre passion pour notre métier ont leurs limites.»
Plusieurs revendications sont au cœur de la grogne. «Il y a le Samu qui nous envoie sur des interventions déguisées. Par exemple, il nous arrive d'aller sur une urgence décrite comme vitale, dans le centre-ville. Là, on tombe sur une personne qui nous attend avec sa valise pour aller à l'hôpital et qui aurait pu voir son généraliste. Entre le transport à l'hôpital et le délai d'attente aux urgences, cela peut prendre jusqu'à une heure. Les engins sont mobilisés tout ce temps. Pendant ce délai, ce sont les casernes limitrophes de Toulouse qui interviennent mais le temps d'attente est allongé pour les autres urgences».
La répartition des effectifs dans le département semble aberrante pour Christophe Brunet. «La caserne de Saint-Jory par exemple réalise 1 700 sorties sans aucun professionnel. Il n'y a que des volontaires. Professionnels et volontaires sont complémentaires mais nous demandons une répartition judicieuse.»
Carrières bloquées depuis 2012, annonce de la suppression de fonctionnaires, heures gratuites… «beaucoup de collègues sont en souffrance et expriment aujourd'hui leur mal-être. C'est un mouvement qui est né de la base. Des camions, nous en avons. Mais il faut du monde pour monter dedans.»
Hier matin, les pompiers en colère ont été reçus par Emilienne Pomirol, conseillère départementale présidente du SDIS. «Elle semble de bonne volonté mais sa marge de manœuvre est étroite. C'est l'hypocrisie de l'État que nous dénonçons». Des centres de secours mixtes (professionnels et volontaires) doivent être créés dans le département. «Mais pas avant 4 ou 5 ans… Nous souffrons et c'est aussi la population qui en pâtit.»
Pompiers, policiers, infirmières… les services publics sont à bout
Dès les premières mobilisations spontanées, de nuit, des «policiers en colère», les sapeurs-pompiers, dont certains en tenue, se sont joints au mouvement. «Nous travaillons ensemble, pour le secours à la population. Ce sont les policiers qui établissent le périmètre de sécurité sur les interventions difficiles. Ils nous accompagnent pour éviter les agressions et les caillassages», résume Christophe Brunet, secrétaire de la CGT du SDIS 31.
Samedi dernier, au Capitole, les engins des soldats du feu sont arrivés à grand renfort de sirènes et de gyrophares pour soutenir la marche des policiers. Aujourd'hui, à 15 heures, une nouvelle manifestation est prévue à Toulouse. Certains pompiers ont prévu d'y assister. Une grande mobilisation aura lieu mardi prochain, à 14 heures depuis Saint-Cyprien. «Les infirmières y participeront également, prévient Christophe Brunet. C'est aussi un service public en souffrance. On compte cinq suicides au CHU de Toulouse.»
Le chiffre : 750
Pompiers professionnels >Haute-Garonne. Le département compte 750 sapeurs-pompiers professionnels et 1 300 sapeurs-pompiers volontaires. Un chiffre insuffisant pour la CGT.