La chronique de Philippe Randa
Le « rendez-vous de Béziers » organisé ce week-end par le maire de la ville Robert Ménard portait bien mal son nom : de « rendez-vous », à l’évidence, il n’y eut point, puisque la plupart des « têtes d’affiche » annoncées (Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Éric Zemmour,…) se firent porter pâles, tandis que les députés Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard tournèrent rapidement les talons, heurtés par les propos tenus à l’encontre de leur mouvement.
À défaut de « rendez-vous », les deux milliers de participants connurent donc une double déconvenue : non seulement l’échec de cette fantasmatique « union » des droites, mais pire encore, de l’exposition en place publique de la réelle « désunion » de celles-ci… sur fond de mépris pour les uns, d’agressivité pour les autres et malgré un discours convaincant de Robert Ménard dimanche en fin de matinée et ses 51 propositions, la plupart de bon sens, reconnaissons-le !
Le prétendu « peuple de droite » n’aura donc, à l’issu de ce week-end, non seulement ni homme (ou femme) providentiel(le) à adouber, ni lot de consolation avec les nombreuses tables-rondes où les débats, forcément, furent de fait plombés par l’ambiance délétère des dissensions politiciennes, trop politiciennes.
Les plus optimistes pouvaient craindre que ce « rendez-vous de Béziers » fut un succès d’affluence et de promesses politiques aussi grandes qu’elles seraient rapidement passées à la corbeille dès le lundi matin ; les plus pessimistes pouvaient de leur côté en anticiper la déconfiture dès l’annonce de la création d’un mouvement, un de plus ! – au nom « surprenant » (pour ne pas être plus méchant) : « Oz ta droite » – et bien que son fondateur se défende âprement de toutes velléïtés futures de le jeter dans l’arène politique.
Du premier parti de France au plus modeste électoralement, il est évident qu’aucun parti n’accepterait ce nouveau venu – automatiquement perçu, même à tort, comme rival potentiel, d’autant plus que son fondateur s’est empressé, avec une rare maladresse, d’affirmer qu’il ne serait un marche-pied pour aucun d’entre eux – surtout à moins d’un an d’une échéance électorale d’importance, soit la « Reine des batailles » comme il est convenu désormais de nommer l’élection présidentielle… Une telle naïveté de la part de Robert Ménard ne pourrait finalement que confirmer la sincérité de sa démarche, mais naïveté et politique ont de tout temps été férocement incompatibles ; on s’étonne qu’il ne le sache pas, qu’il l’ait oublié… ou plus encore que personne dans son entourage ne le lui ait rappelé.
Ensuite, quel intérêt d’avoir voulu convier des leaders politiques à un « rendez-vous » qui se voulait d’abord et avant tout débat d’idées ? A-t-on jamais vu un politicien subir des remontrances publiques, sous les feux des caméras, dans des échanges auxquels il était prévu qu’aucun d’eux ne participe ? C’était forcément l’occasion de prendre des coups, sans même être en mesure de les rendre… Convier des leaders nationaux à un tel « rendez-vous » fait fâcheusement penser à un « dîner de cons » ; Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard qui n’avaient pas vu le coup venir, l’ont très vite réalisé ! Leur sens de l’humour a des limites qu’on peut comprendre.
Robert Ménard connut par le passé un succès mérité comme co-fondateur de Reporters sans frontière et du site Boulevard Voltaire, puis en prenant d’assaut électoral la Mairie de Béziers pour la diriger ensuite avec une compétence réelle…
Il a malheureusement crû qu’il pourrait de même endosser le costume de Directeur de conscience de la droite se voulant de conviction… Il serait dommage que certains lui en tiennent trop grande rigueur désormais ; rappelons qu’il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d’erreur. Et les convictions sont toujours estimables, même si elles peuvent aveugler !
Source : synthesenationale